SRIMAD BHAGAVATAM - CHANT 7 CHAPITRE 14 VERSET 5
dehe gehe ca panditah
virakto raktavat tatra
nr-loke naratam nyaset
Tout en travaillant autant qu'il le faut pour assurer sa subsistance et maintenir le corps et l'âme réunis, l'homme au vrai savoir doit vivre détaché des affaires familiales bien qu'il y paraisse très attaché.
Nous avons ici l'image de la vie de famille parfaite. Lorsque Sri Caitanya Mahaprabhu demanda à Ramananda Raya de Lui définir le but de l'existence, celui-ci fit différentes propositions, suivant les recommandations des Ecritures; mais finalement, Sri Ramananda Raya expliqua que l'on peut garder sa position, que l'on soit un brahmana, un sudra, un sannyasi ou quoi que ce soit d'autre, mais qu'il faut s'enquérir du but de l'existence (athato brahma-jijnana). Voilà comment bien tirer parti de la forme humaine. Lorsqu'on mésuse du privilège que représente la forme humaine en cédant sans nécessité à ses tendances animales -manger, dormir, s'accoupler, et se défendre- sans chercher à s'affranchir de l'emprise de maya, alors que celle-ci nous assujettit à la répétition de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort, on est à nouveau puni et contraint de renaître au sein d'espèces inférieures pour suivre le cycle de l'évolution en accord avec les lois de la nature. Prakrteh kriyamanani gunaih karmani sarvasah. Complètement sous l'emprise de la nature matérielle, l'être conditionné doit à nouveau s'élever des espèces inférieures vers les espèces supérieures, jusqu'à enfin retrouver la forme humaine et ainsi obtenir l'occasion de s'échapper des rets de la matière. L'homme sage, toutefois, apprend des sastras et du guru que nous, les êtres vivants, sommes éternels, mais présentement dans une condition inconfortable à cause de notre contact avec différents gunas suivant les lois de la nature. Il en conclut donc que, durant sa vie humaine, il ne doit pas faire d'efforts en vue d'obtenir des choses inutiles, mais plutôt mener une vie simple à seule fin de maintenir le corps et l'âme réunis. Il ne fait aucun doute que nous avons tous besoin de gagner notre vie, et les sastras nous indiquent quel moyen de subsistance nous pouvons adopter selon notre varna et asrama. Nous devons nous contenter de ceci. Par suite, plutôt que de chercher à gagner de plus en plus d'argent, un bhakta sincère s'efforce de trouver un moyen quelconque de gagner sa vie, et lorsqu'il agit ainsi, Krsna ne manque pas de l'aider. Assurer sa subsistance ne présente donc pas de problème. Le véritable problème consiste à savoir s'affranchir des chaînes de la naissance, de la vieillesse et de la mort. Et le principe de base de la civilisation védique consiste justement à obtenir cette liberté, sans s'inventer de faux besoins. Il faut se satisfaire de tout moyen de subsistance qui se présente naturellement. La civilisation moderne matérialiste est tout à l'opposé de la civilisation idéale. Chaque jour, les prétendus dirigeants de la société moderne inventent quelque nouvelle bizarrerie compliquant la vie des gens et les assujettissant de plus en plus au cycle de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort.