lubdhanam ajitatmanam
bhayad alabdha-nidranam
sarvato bhivisankinam
[Le brahmana poursuivit:]
Je vois bien que les riches, victimes de leurs sens, se montrent très avides d'accumuler d'autres richesses et souffrent d'insomnies, du fait de mille et une craintes, en dépit de leur opulence.
Les capitalistes cupides accumulent des richesses dans toutes sortes de conditions misérables, et comme ils obtiennent leur argent par des moyens douteux, leur esprit est constamment inquiet. Cela les empêche de dormir pendant la nuit, et ils doivent prendre des tranquillisants afin de pouvoir s'endormir. Il arrive même que les cachets en question se révèlent inefficaces. En conséquence, on peut dire que l'argent qu'ils ont accumulé après tant d'efforts ne leur apporte assurément pas le bonheur, mais seulement l'affliction. A quoi bon accéder à une situation confortable si notre esprit doit être constamment tourmenté? C'est pourquoi Narottama Dasa Thakura chantait:
judaite na kainu upaya
"Je souffre à cause du poison de la jouissance matérielle. Mon coeur brûle constamment et se trouve presque sur le point de faillir." La vaine accumulation de richesses conduit le capitaliste cupide à se consumer dans le brasier de l'angoisse et à se soucier constamment de la façon dont il conservera son argent et dont il l'investira convenablement afin de le faire fructifier de plus en plus. On ne saurait dire d'une telle vie qu'elle est très heureuse, mais sous le charme de l'énergie d'illusion, les matérialistes se livrent néanmoins à de telles activités.
En ce qui concerne notre Mouvement pour la Conscience de Krsna, nous obtenons tout naturellement de l'argent, par la grâce de Dieu, en vendant nos livres. Nous ne vendons pas ces livres en vue de satisfaire nos sens; nous avons de nombreux besoins en vue de répandre ce mouvement, si bien que Krsna nous fournit l'argent qui nous est nécessaire pour développer cette mission. La mission de Krsna consiste à répandre la conscience de Krsna partout dans le monde, et il va de soi que nous avons besoin d'argent pour cela. Aussi, conformément au conseil de Srila Rupa Gosvami Prabhupada, nous ne devons pas nous détacher de l'argent qui peut nous permettre de répandre le Mouvement pour la Conscience de Krsna. Srila Rupa Gosvami écrit en effet dans son Bhakti-rasamrta-sindhu (1.2.256):
hari-sambandhi-vastunah
mumuksubhih parityago
vairagyam phalgu kathyate
''On considère comme incomplet le renoncement de celui qui, très désireux d'atteindre à la libération, renonce à des choses qui, même matérielles, sont reliées à Dieu, la Personne Suprême." L'argent qui permet de répandre le Mouvement pour la Conscience de Krsna ne fait pas partie de ce monde, et nous ne devons pas y renoncer, en pensant qu'il est matériel. Srila Rupa Gosvami recommande encore:
yatharham upayunjatah
nirbandhah krsna-sambandhe
yuktam vairagyam ucyate
''Celui qui n'est attaché à rien, mais qui, en même temps, accepte tout ce qu'il peut utiliser pour servir Krsna, celui-là transcende vraiment tout sentiment de possession." (B.r.s.,1.2.255) Il ne fait aucun doute que l'argent vient en grandes quantités, mais nous ne devons pas nous attacher à cet argent pour la satisfaction de nos sens; chaque centime doit être dépensé pour diffuser le Mouvement pour la Conscience de Krsna, et non pour le plaisir des sens. Pour un prédicateur, recevoir de grandes quantités d'argent présente un certain danger, car dès qu'il dépense pour sa propre satisfaction, ne serait-ce qu'un centime des dons qu'il a reçus, il devient déchu, victime de l'énergie d'illusion. Les prédicateurs du Mouvement pour la Conscience de Krsna doivent bien prendre garde à ne pas faire mauvais usage des immenses quantités d'argent nécessaires pour répandre ce mouvement. Ne faisons pas de cet argent la cause de notre affliction; il doit être utilisé pour Krsna, et si nous agissons ainsi, il deviendra la cause de notre bonheur éternel. L'argent, c'est Laksmi, ou la déesse de la fortune, la compagne de Narayana. Laksmi doit toujours rester auprès de Narayana, et il n'y a alors aucun risque de se dégrader.