sarvendriya-vivarjitam
asaktam sarva-bhrc caiva
nirgunam guna-bhoktr ca
Source originelle des sens de tous les êtres, l'Ame Suprême en est pourtant Elle-même dépourvue. Soutien de tous, Elle reste pourtant sans attache. Et, au-delà des trois gunas, Elle n'en demeure pas moins le Maître.
Le Seigneur Suprême, bien qu'Il soit l'origine des sens de tous les êtres, n'a pas, comme eux, des sens matériels. En fait, les âmes distinctes possèdent également des sens spirituels; mais à l'état conditionné, comme elles sont recouvertes par des éléments matériels, leurs activités sensorielles ne se manifestent qu'à travers la matière. Cela ne peut advenir pour les Sens du Seigneur Suprême; ils sont purement spirituels, et transcendent la matière; c'est pourquoi on les qualifie de nirguna, "non soumis aux influences matérielles (gunas)", ou "ne pouvant être recouverts par la matière". Ses Sens ne sont donc pas exactement semblables aux nôtres: bien qu'Il soit la source de toutes nos activités sensorielles, Ses Sens demeurent spirituels, jamais contaminés par la matière, ce qu'explique merveilleusement la Svetasvatara Upanisad: Dieu, la Personne Suprême, n'a pas de mains souillées par la matière, mais Il a des mains, avec lesquelles Il accepte tous les sacrifices qui Lui sont offerts. Voilà ce qui distingue l'Ame Suprême de l'âme conditionnée. L'Etre Suprême voit tout -passé, présent, futur. Il n'a pas d'yeux matériels, mais Il n'en possède pas moins des yeux; autrement, comment verrait-Il? Il vit dans le coeur de chaque être, et connaît ses actes passés et présents, de même que ce que lui réserve le futur. La Bhagavad-gita le confirme: Il connaît tout, mais Lui, nul ne Le connaît. Il est également dit que le Seigneur n'a pas de jambes comme nous en avons; cependant, Il peut voyager partout dans l'espace, car Il possède des jambes spirituelles et absolues. En d'autres mots, le Seigneur n'est pas impersonnel: Il a des yeux, des jambes, des mains et tout ce qui fait une personne, et c'est parce que nous en sommes parties intégrantes, parce que nous participons de Son essence, que nous sommes dotés des mêmes; mais Ses mains, Ses jambes, Ses yeux, Ses Sens ne sont jamais souillés comme les nôtres par la nature matérielle.
La Bhagavad-gita corrobore également le fait que lorsque le Seigneur descend dans l'univers matériel, c'est par Sa puissance interne, en demeurant tel qu'il est. Il ne peut être souillé par l'énergie matérielle, puisqu'il en est le maître. Les Textes védiques nous décrivent par ailleurs tout Son Etre comme purement spirituel, Sa Forme comme toute d'éternité, de connaissance et de félicité (sac-cid-ananda-vigraha). Il est plein de toutes les perfections. Il est possesseur de toute richesse et maître de toute énergie. Il possède l'intelligence suprême et la connaissance totale. Il est le soutien de tous les êtres et le témoin de tous les actes. Tels sont quelques-uns des aspects de Dieu, la Personne Suprême. Pour autant que nous puissions Le comprendre d'après les Ecrits védiques, Il transcende toujours la matière. Nous ne voyons peut être pas Sa tête, Son visage, Ses mains ou Ses jambes, mais Il n'en est pas moins doté. Simplement, nous ne pourrons voir Sa Forme qu'une fois élevés au niveau spirituel. Si nous en sommes au départ incapables, c'est que nos sens sont souillés par la matière. C'est pourquoi les impersonnalistes, encore contaminés par la matière, ne peuvent comprendre Dieu en tant que Personne Suprême.