devadattam dhananjayah
paundram dadhmau maha-sankham
bhima-karma vrkodarah
Krsna souffle dans Sa conque, Pancajanya, et Arjuna dans la sienne, Devadatta; Bbima, le mangeur vorace aux exploits surhumains, fait retentir Paundra, sa conque formidable.
Le Seigneur, Sri Krsna, est ici nommé Hrsikesa, en tant que maître des sens de tous les êtres. Certains philosophes, incapables d'expliquer la présence des sens dans l'être vivant, se hâtent de conclure à son impersonnalité. Ils ignorent que l'origine de tous les êtres, Krsna, est une personne, la Personne Suprême, dotée de sens spirituels et absolus, que l'être distinct, faisant partie intégrante de Krsna, est aussi doté de sens, qui participent de ceux du Seigneur. Krsna, sis dans le coeur de tous les êtres, est donc maître de leurs sens, qu'Il dirige selon leur degré d'abandon à Lui. Dans le cas du pur bhakta par exemple, Il les gouverne directement; ainsi contrôle-t-Il directement, sur le champ de bataille de Kuruksetra, les sens spirituels d'Arjuna, d'où Son Nom de Hrsikesa.
Selon les diverses circonstances, Il porte différents Noms: Madhusudhana, par exemple, pour avoir détruit le monstre Madhu; Govinda, car Il est source de plaisir pour les vaches et les sens de tous les êtres, et Vasudeva parce qu'Il est le fils de Vasudeva; Devaki-nandana, car Devaki est Sa mère, et Yasoda-nandana, puisque c'est avec Yasoda qu'Il passa Son enfance au village de Vrndavana. On L'appelle aussi Partha-sarathi du fait qu'Il conduit maintenant le char de Son ami Arjuna, et les directives qu'Il donne à ce dernier sur le champ de bataille Lui valent ici le Nom de Hrsikesa.
Arjuna, lui, est nommé Dhananjaya dans ce verset, en souvenir de l'aide qu'il fournit à son frère aîné, le roi Yudhistira; il dut en effet amasser l'énorme fortune dont celui-ci avait besoin pour l'accomplissement de divers sacrifices. Quant à Bhima, il est surnommé Vrkodara en raison d'un appétit aussi étonnant que son pouvoir d'accomplir des tâches herculéennes, comme la mise à mort du démoniaque Hidimba.
Les plus grands chefs de l'armée Pandava font donc maintenant sonner leurs conques, qui, à l'unisson de celle du Seigneur, encouragent vivement leurs soldats. Le camp opposé, par contre, ne possède aucun de ces avantages; ni le maître suprême, Krsna, ni la déesse de la fortune ne l'assiste. Sa défaite est déjà écrite; tel est le message envoyé par le son des conques.