chandobhir vividhaih prithak
brahma-sutra-padais caiva
hetumadbhir viniscitaih
Ce savoir, du champ d'action et de son connaissant, divers sages l'ont exposé, en divers Ecrits védiques -notamment le Vedanta-sutra oú causes et effets sont présentés avec force raison.
Krsna, Dieu, la Personne Suprême, est le plus haut maître qui soit en cette science. Pourtant, Il Se réfère aux textes reconnus, comme ceux du Vedanta, pour expliquer le point controversé de la dualité et de la non-dualité de l'âme distincte et de l'Ame Suprême. Car, cela va de soi, même les grands sages et érudits appuient leurs assertions sur les dires d'autorités. Krsna, donc, parle selon les grands sages, parmi lesquels Vyasadeva, l'auteur du Vedanta-sutra, qui traite parfaitement de la dualité, et son père, Parasara, qui écrivait dans ses traités religieux:
"Nous tous -vous, moi et les divers êtres- bien que prisonniers de corps matériels, sommes purement spirituels, au-delà de la matière. Nous sommes maintenant tombés sous l'emprise des trois gunas, chacun selon notre karma; ainsi, certains sont élevés et d'autres abaissés. Cependant, toutes ces conditions, en quoi se manifeste l'infinie variété des espèces vivantes, ne sont dues qu'à l'ignorance. Au contraire, l'Ame Suprême, infaillible, demeure spirituelle et absolue, non contaminée par les trois gunas."
Les Vedas originels, et plus particulièrement la Katha Upanisad, établissent une distinction entre l'âme, l'Ame Suprême et le corps.
A diverses manifestations de l'énergie du Seigneur correspondent différents degrés de réalisation de l'Absolu. A un premier stade, où l'on dépend entièrement de sa nourriture, sur quoi est alors centrée l'existence, se trouve une réalisation matérialiste de l'Absolu, dite annamaya. Après cette réalisation vient une seconde, où l'on perçoit la Vérité Suprême et Absolue à travers les signes et les formes de la vie; on l'appelle pranamaya. Jnanamaya désigne celle où, au niveau de la conscience, signe de la vie, se développent les fonctions de penser, sentir et vouloir, et vijnanamaya correspond à la réalisation du brahman, où le mental et les signes de la vie sont perçus comme distincts de l'être lui-même. Et, finalement, l'anandamaya, où se réalise l'aspect de félicité qui est la nature de l'Absolu. Tels sont les cinq degrés de la réalisation du Brahman Suprême, ou brahma puccha. Les trois premiers -annamaya, pranamaya et jnanamaya - s'attachent aux champs d'action des êtres distincts; mais au-delà de tous ces champs Se trouve le Seigneur Suprême, qu'on nomme anandamaya, que le Vedanta-sutra décrit également comme anandamaya 'bhyasat. Dieu, la Personne Suprême, est par nature débordant de félicité, et pour goûter cette félicité, Il Se déploie en vijnanamaya, jnanamaya, pranamaya et annamaya. L'être distinct est considéré comme le bénéficiaire du champ d'action matériel, celui qui en a jouissance, mais distinct de lui est l'anandamaya. Or, dans son désir de jouissance, si l'être distinct s'unit à l'anandamaya, il atteint la perfection. Voilà donc décrites avec précision les positions respectives du Seigneur Suprême (le connaissant suprême du champ) et de l'être distinct (le connaissant subordonné), de même que la nature du champ d'action.