prapadyante ’nya-devatah
tam tam niyamam asthaya
prakritya niyatah svaya
Ceux dont le mental est déformé par les désirs matériels se vouent aux devas; ils suivent, chacun selon leur nature, les divers rites propres à leur culte.
Ceux qui sont lavés de toute souillure matérielle s'abandonnent au Seigneur Suprême et Le servent avec amour et dévotion. Mais non encore entièrement purifié, l'être conserve sa nature d'abhakta. Pourtant, s'ils s'en remettent au Seigneur, même ceux qu'envahissent encore les désirs matériels perdent rapidement leur attrait pour le monde extérieur, car, ayant emprunté la bonne voie, ils s'affranchissent bientôt de la concupiscence. Le Srimad-Bhagavatam enjoint à tous les êtres, qu'ils soient libres de tout désir matériel ou qu'ils en soient, au contraire, saturés, qu'ils aspirent encore à s'affranchir de la matière ou qu'ils soient déjà des purs bhaktas, désintéressés des plaisirs du monde, de s'abandonner à Vasudeva et de L'adorer.
Le même texte nous apprend encore que des êtres à l'intelligence réduite, ayant perdu leur raison spirituelle, préfèrent rendre un culte aux devas, afin d'assouvir rapidement leurs désirs matériels, plutôt que d'aller sans détour à Dieu, la Personne Suprême; la cause en est le joug que font peser sur eux les trois gunas, plus particulièrement la passion et l'ignorance. Ils suivent donc les règles du culte aux devas et voient bientôt leurs souhaits exaucés. Mais, esclaves de la mesquinerie de leurs désirs matériels, ils ignorent le but suprême. Parce que les Vedas recommandent, pour obtenir temporairement certains bienfaits matériels, de rendre un culte aux devas (le soleil, par exemple, pour avoir la santé), ils croient ces derniers plus puissants, plus aptes à satisfaire leurs demandes que Dieu Lui-même. Mais le dévot du Seigneur ne se laisse pas égarer de la sorte, il sait bien que Krsna, la Personne Suprême, est le maître de tous, hommes ou devas. Ce que confirme d'ailleurs le Caitanya-caritamrta, où il est dit que seul Krsna, Dieu, est maître, et tous les autres êtres Ses serviteurs. Le pur bhakta, pour satisfaire ses besoins matériels, n'approche donc jamais les devas; il s'en remet entièrement au Seigneur Suprême et se satisfait pleinement de ce qu'il reçoit de Lui.