La passion.
L'attrait que l'homme et la femme exercent l'un sur l'autre caractérise ce guna, la passion. La femme est attirée par l'homme, et l'homme par la femme. Tel est l'effet de la passion. Et lorsque l'influence de ce guna augmente, avec elle augmente le désir de jouir de la matière, de jouir des sens matériels. L'homme dominé par la passion veut, pour se satisfaire, recevoir les honneurs de la société ou de la patrie, aspire à une vie familiale heureuse, avec de bons enfants, une bonne épouse et un foyer confortable.
Tels sont donc les fruits de la passion. Mais aussi longtemps que l'homme recherche ces fruits, il doit, pour les obtenir, peiner au travail. Aussi est-il clairement dit, dans ce verset, que goûtant leurs fruits, il se retrouve noué à ses actes. Pour satisfaire sa femme, ses enfants, la société, pour maintenir sa réputation, l'homme doit travailler. On voit donc que l'univers matériel tout entier est plus ou moins dominé par la passion. Si la civilisation moderne est considérée comme avancée, c'est que les critères du progrès, aujourd'hui, passent par le filtre de la passion. Jadis, c'était quand elle se situait dans la vertu que l'on jugeait une civilisation avancée. Or, s'il n'est pas de libération pour les êtres que gouverne la vertu, que dire de ceux que domine et empêtre la passion?
(Bhagavad-gita, 14,7 Teneur et portée)