L'homme et l'animal partagent certains besoins vitaux: manger, dormir, craindre et se reproduire. Mais l'être humain doit satisfaire à ces exigences corporelles non pas comme un animal, mais bien à la manière d'un homme. Un chien peut s'accoupler avec sa femelle au vu de tous, et sans la moindre hésitation; mais si un humain agit de la sorte, son geste sera jugé nuisible à la société, et il sera poursuivi en justice pour son méfait. Il faut donc comprendre que l'homme doit observer certains principes, ou règles de vie, même en ce qui concerne la satisfaction de ses plus simples besoins. Mais sous l'influence de l'âge de Kali, la société humaine s'égare, et cherche à échapper à ces règles et principes. Ainsi, l'homme de cet âge cherche donc à combler ces besoins vitaux mais sans observer la moindre restriction. La détérioration des codes d'éthique et de vie sociale qu'entraîne leur comportement animal est certes déplorable en raison de ses effets néfastes.
Dans cet âge, pères et tuteurs se montrent mécontents du comportement de leurs protégés, mais ils doivent savoir que nombre d'enfants innocents sont tout simplement victimes des mauvais contacts auxquels les expose l'influence du kali-yuga. Le Śrīmad-Bhāgavatam nous apprend qu'Ajāmila, l'innocent fils d'un brāhmaṇa, marchait le long d'une route lorsqu'il vit un couple de śūdra enlacés, ce qui eut pour effet d'attirer l'attention du jeune homme. Bientôt, celui-ci devint victime des pires débauches, et jusqu'au dernier jour de sa vie. Ainsi, de pur brāhmaṇa qu'il était, il chut au rang de vaurien, misérable et infortuné, tout cela à cause d'une mauvaise rencontre. En ces temps-là, le cas d'Ajāmila était unique, mais aujourd'hui, dans l'âge de Kali, d'innocents étudiants deviennent chaque jour victimes des affiches de cinéma et des films qu'on y projette, lesquels provoquent un attrait exclusivement centré sur la satisfaction des désirs charnels.
Et les prétendus dirigeants de la société sont tous ignorants des devoirs d'un kṣatriya. Le kṣatriya doit veiller au gouvernement de l'Etat, tout comme le brāhmaṇa doit cultiver le savoir et guider la société. Or, les mots kṣatra-bandhu désignent de prétendus dirigeants, ou des hommes promus à des postes gouvernementaux sans avoir été dûment formés dans la culture et la tradition. Ils sont aujourd'hui élevés à ces postes importants par les votes de gens qui n'observent eux-mêmes aucun principe ou règle de vie. Comment dès lors pourraient-ils choisir un homme qualifié, quand ils sont eux-mêmes déchus dans leurs habitudes de vie. C'est pourquoi, par l'influence de l'âge de Kali, tout est sens dessus dessous, et sur tous les plans —politique, social et religieux. Aux yeux d'un homme sain d'esprit, souhaitant le bien général de l'humanité, ces conditions apparaissent comme bien regrettables.
(Srimad-Bhagavatam 1.16.22)