SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 9 Les prières de Brahma
en vue de la création.
yo va aham ca girisas ca vibhuh svayam ca
sthity-udbhava-pralaya-hetava atma-mulam bhittva tri-pad vavrdha eka uru-prarohas tasmai namo bhagavate bhuvana-drumaya
La manifestation cosmique se divise principalement en trois mondes -les systèmes planétaires supérieur, inférieur et intermédiaire-, mais elle se déploie finalement en quatorze systèmes planétaires, avec pour racine première la manifestation du Seigneur Souverain. La nature matérielle, qui semble être la cause de la manifestation cosmique, n'est que l'agent ou l'énergie du Seigneur. La Bhagavad-gita (IX.10) le confirme en ces termes: maya-dhyaksena prakrtih suyate sa-caracaram. C'est uniquement parce qu'elle agit sous la direction du Seigneur Suprême que la nature matérielle semble être à l'origine de toute création, maintien ou destruction. Le Seigneur Se manifeste en trois émanations de Sa Personne, soit en tant que Visnu, Brahma et Siva, qui veillent respectivement au maintien, à la création et à la destruction de l'univers. D'entre ces trois agents principaux, maîtres des trois influences de la nature matérielle, Visnu représente le Tout-puissant; ainsi, bien qu'Il agisse au sein de ce monde de matière en vue d'assurer le maintien de la création. Il n'est pas sujet à ses lois, alors que les deux autres, Brahma et Siva, pourtant presque aussi puissants que Visnu, demeurent sous l'emprise de l'énergie matérielle du Seigneur Suprême. Les panthéistes irréfléchis conçoivent de façon erronée le principe selon lequel les divers secteurs de la nature matérielle sont régis par différents "dieux". Dieu est unique, nul ne L'égale, et Il représente la Cause première de toutes les causes. Sous Lui agissent autant de devas qu'il existe de secteurs d'activité dans l'univers, comparables aux différents ministres d'un gouvernement. Quant aux impersonnalistes avec leur pauvre savoir, ils refusent de croire que l'univers tel qu'il se présente est gouverné par des personnes. Pourtant, ce verset explique clairement que tout est personnel, ou que rien n'est impersonnel. Nous avons déja présenté ce point dans notre introduction à cet ouvrage, et ce verset ne vient que le confirmer. Le quinzième chapitre de la Bhagavad-gita décrit l'arbre de la manifestation matérielle comme un banian (asvattha) dont les racines pointent vers le haut. Il nous est possible de voir un tel arbre lorsque nous nous tenons au bord de l'eau; l'image réfléchie d'un arbre qui pousse sur la berge le fait paraître inversé, suspendu par ses racines. Ainsi, l'arbre mentionné dans ce verset ne représente qu'un reflet de la réalité, du Para-brahman, ou Visnu. L'arbre véritable existe dans la manifestation de la puissance interne que sont les Vaikunthalokas, et l'arbre réfléchi dans la nature matérielle n'est que l'ombre, le reflet du premier. La théorie des impersonnalistes selon laquelle le Brahman serait dénué de toute variété est tout à fait erronée, car l'arbre-reflet décrit dans la Bhagavad-gita ne saurait exister sans l'arbre réel dont il est le reflet. Cet arbre réel s'élève dans l'existence éternelle de la nature spirituelle, riche d'une diversité absolue, et Sri Visnu représente sa racine. En effet, pour l'arbre réel comme pour son reflet, la racine est le Seigneur originel; mais n'oublions pas que le second n'est que l'image inversée du premier. Brahma, en son nom propre et en celui de Siva, offre donc ici son hommage au Seigneur, qui représente l'arbre réel.
loko vikarma-niratah kusale pramattah
karmany ayam tvad-udite bhavad-arcane sve yas tavad asya balavan iha jivitasam sadyas chinatty animisaya namo stu tasmai
La majorité des hommes s'adonne à des activités dénuées de sens. Ils se montrent systématiquement insouciants à l'égard de la seule oeuvre profitable pour eux, le service de dévotion offert au Seigneur, qu'on assimile techniquement aux règles de l'arcana. Celles-ci furent directement données par le Seigneur dans le Narada-pancaratra, et les hommes d'intelligence y adhèrent strictement, sachant bien que le but et la plus haute perfection de l'existence consistent à atteindre Sri Visnu, la racine de l'arbre de la manifestation cosmique. Le Srimad-Bhagavatam et la Bhagavad-gita indiquent d'ailleurs de façon très claire ces activités réglées; malheureusement, les sots ne savent pas que leur intérêt propre réside dans la réalisation de Visnu. Le Bhagavatam enseigne à ce propos:
na te viduh svartha-gatim hi visnum
naisam matis tavad urukramanghrim Dans la Bhagavad-gita, le Seigneur demande à chacun d'abandonner toute autre forme d'occupation pour s'absorber totalement dans les activités de l'arcana, celles destinées à la satisfaction du Seigneur. Mais bien rares sont ceux qu'attire la voie de l'arcana. Tous se sentent plus ou moins fascinés par des agissements assimilables à des actes de rébellion contre le Seigneur Suprême. Les voies du jnana et du yoga correspondent elles-mêmes, de façon indirecte, à des attitudes de révolte contre le Seigneur. C'est qu'il n'est d'autre activité à caractère purement favorable que l'arcana centré sur le Seigneur. Il arrive qu'on définisse le jnana et le yoga comme faisant partie de l'arcana, mais c'est seulement lorsqu'ils ont Visnu pour but ultime. Nous devons en conclure que les dévots du Seigneur sont les seuls êtres humains qualifiés en tant que tels, et dignes du salut. Les autres ne font que lutter en vain pour leur subsistance, mais sans en retirer de bienfaits réels.
yasmad bibhemy aham api dviparardha-dhisnyam
adhyasitah sakala-loka-namaskrtam yat tepe tapo bahu-savo varurutsamanas tasmai namo bhagavate dhimakhaya tubhyam
Brahma est la plus haute personnalité de l'univers, car c'est lui qui vit le plus longtemps; également le plus respectable de tous, du fait de ses austérités, de son influence, de son prestige... et pourtant, il se doit d'offrir son hommage respectueux au Seigneur. Par conséquent, il incombe à tous les autres, de loin inférieurs à Brahma, de marcher sur ses traces et d'offrir leurs respects au Seigneur.
tiryan-manusya-vibudhadisu jiva-yonisv
atmecchayatma-krta-setu-paripsaya yah reme nirasta-visayo py avaruddha-dehas tasmai namo bhagavate purusottamaya
Les divers avataras, ou les Formes que revêt le Seigneur au sein de différentes espèces, relèvent tous de la transcendance. Ainsi, dans Ses Formes de Krsna, de Rama, etc., Il apparaît tel un être humain, mais Il n'a rien d'un homme. Quiconque confond le Seigneur avec un homme ordinaire fait certes preuve d'un manque d'intelligence, comme le révèle la Bhagavad-gita (IX.11): avajananti mam mudha manusim tanum asritam. Et le même principe reste applicable lorsqu'Il apparaît en tant que sanglier ou poisson, car il s'agit bien de Formes transcendantes du Seigneur, manifestées selon certaines exigences liées à Son bon plaisir et à Ses Divertissements. Si le Seigneur manifeste ces multiples Formes purement spirituelles, c'est principalement pour réjouir le coeur de Ses dévots. Mais on peut également dire qu'Il manifeste ces différents avataras chaque fois qu'il s'avère nécessaire de délivrer Ses dévots et de maintenir les principes qu'Il a Lui-même établis.
yo vidyayanupahato pi dasardha-vrttya
nidram uvaha jathari-krta-loka-yatrah antar-jale hi-kasipu-sparsanukulam bhimormi-malini janasya sukham vivrnvan
Ceux qui ne peuvent rien concevoir qui dépasse leur propre caparité sont comparables à la grenouille qui, du fond de son puits, cherchait à apprécier l'étendue de l'océan Pacifique. Ceux-là, lorsqu'ils entendent que le Seigneur Suprême S'allonge sur Sa couche dans le vaste océan de l'univers, y voient des éléments de légende. Que l'on puisse reposer paisiblement sur des eaux agitées les dépasse. Pourtant, un soupçon d'intelligence peut aisément mitiger un étonnement aussi déraisonnable. N'existe-t-il pas de nombreux êtres dans le lit de l'océan qui jouissent là des plaisirs physiques matériels, en mangeant, en dormant, en se défendant et en se reproduisant? Or, si des êtres aussi insignifiants peuvent jouir de l'existence dans l'eau, pourquoi le Seigneur Suprême, tout-puissant, ne pourrait-Il pas S'allonger sur le corps rafraîchissant d'un serpent et trouver plaisir à Se laisser bercer par les vagues déchaînées de l'océan? Le Seigneur Se distingue par le fait que Ses Activités revêtent toutes un caractère purement spirituel, et qu'Il peut agir comme bon Lui semble sans être en aucune façon limité par le temps ou par l'espace. Il peut jouir de Son bonheur spirituel sans dépendre de la moindre considération matérielle.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |