SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 9 Les prières de Brahma
en vue de la création.
brahmovaca
jnato si me dya suciran nanu deha-bhajam na jnayate bhagavato gatir ity avadyam nanyat tvad asti bhagavann api tan na suddham maya-guna-vyatikarad yad urur vibhasi
O Seigneur, après tant d'années d'austérité, je peux aujourd'hui Te connaître. Quelle n'est pas l'infortune des âmes incarnées, elles à qui cela n'est pas donné! Tu représentes, Seigneur, l'unique objet du savoir, car au-delà de Toi, il n'est aucune réalité suprême; tout ce que l'on pourrait supposer supérieur à Toi n'est pas l'Absolu. En déployant l'énergie de création matérielle, Tu Te révèles comme étant l'Etre Suprême.
Le comble de l'ignorance chez les âmes conditionnées par un corps de matière réside dans leur inconscience de la cause suprême de la manifestation cosmique. Divers types d'hommes énoncent différentes théories concernant la cause suprême, mais aucune d'elles n'est juste. L'unique cause suprême, c'est Visnu, et l'obstacle qui nous en voile la vision, c'est Son énergie illusoire. En effet, le Seigneur a employé Sa prodigieuse énergie matérielle à produire d'innombrables distractions en ce monde, toutes plus merveilleuses les unes que les autres, et les âmes conditionnées, illusionnées par cette énergie, deviennent incapables de connaître la cause suprême. Par suite, les scientifiques et les philosophes même les plus résolus ne sauraient être qualifiés de prodigieux; s'ils semblent tels, c'est uniquement parce qu'ils sont des instruments dans les mains de l'énergie illusoire du Seigneur. En proie à l'illusion, les hommes dans leur masse nient l'existence du Seigneur Suprême et voient plutôt comme suprêmes les vulgaires produits de l'énergie illusoire. Il est possible de connaître la cause suprême, la Personne Divine, en obtenant Sa grâce inconditionnelle, faveur que le Seigneur accorde à Ses purs dévots, comme Brahma et tous ceux qui forment la succession disciplique. C'est uniquement pour s'être livré à l'austérité que Brahma fut à même de voir Garbhodakasayi Visnu, et par sa seule réalisation, il put voir le Seigneur tel qu'Il est. Brahma éprouva une satisfaction extrême devant la beauté et l'opulente magnificence du Seigneur, et il reconnut que rien ne pouvait Lui être comparé. L'austérité seule permet d'apprécier la beauté et l'opulence du Seigneur, et celui qui vient à connaître cette beauté et cette opulence n'éprouvera jamais plus d'attrait pour aucune autre beauté ou opulence en ce monde. Ce que corrobore la Bhagavad-gita (II.59): param drstva nivartate. Brahma désavoue ici l'attitude des sots qui ne font aucun effort pour sonder la beauté et l'opulence suprêmes du Seigneur. Il est impératif pour chaque être humain de chercher à acquérir ce savoir, et quiconque y manque voit sa vie gâchée. Seuls les êtres comparables à des corbeaux s'attachent à jouir de tout ce qui possède beauté et opulence selon des critères matériels. Il va de soi que les ordures ne sont prisées que des corbeaux et que les cygnes blancs ne se mêlent pas aux corbeaux, mais se plaisent plutôt dans les eaux transparentes de lacs couverts de lotus et entourés de vergers enchanteurs. Le corbeau et le cygne appartiennent certes tous deux à la gent ailée, mais leurs moeurs n'en sont pas moins différentes.
rupam yad etad avabodha-rasodayena
sasvan-nivrtta-tamasah sad-anugrahaya adau grhitam avatara-sataika-bijam yan-nabhi-padma-bhavanad aham avirasam
Les trois divinités -Brahma, Visnu et Mahesvara (Siva)- qui gouvernent les trois attributs de la nature matérielle (la passion, la vertu et l'ignorance), procèdent de Garbhodakasayi Visnu, ici décrit par Brahma. Puis, de Ksirodakasayi Visnu émanent plusieurs autres manifestations de Visnu au cours des différents âges qui forment la durée de la manifestation cosmique. Et toutes ces Formes ne sont déployées que pour le plaisir sublime des purs bhaktas. Jamais ces avataras, qui apparaissent à différentes époques, ne doivent être tenus pour des âmes conditionnées. On ne peut non plus assimiler les visnu-tattvas aux divinités que sont Brahma et Siva, ou les prétendre égaux. Quiconque établit de tels rapprochements mérite d'être qualifié de pasandi, d'infidèle. Le mot tamasah désigne ici la nature matérielle, et il faut savoir que la nature spirituelle est complètement séparée du tamah; c'est pourquoi elle a nom avabodha-rasa ou avarodha-rasa, ce dernier terme signifiant "ce qui neutralise complètement". Au niveau de la transcendance, il n'existe aucune chance de contact avec la matière. Brahma est le premier être vivant de ce monde, et c'est pourquoi il dit être né de la fleur de lotus issue de l'abdomen de Garbhodakasayi Visnu.
natah param parama yad bhavatah svarupam
ananda-matram avikalpam aviddha-varcah pasyami visva-srjam ekam avisvam atman bhutendriyatmaka-madas ta upasrito smi
Ainsi que l'enseigne la Bhagavad-gita (XVIII.55), bhaktya mam abhijanati yavan yas casmi tattvatah: le Seigneur Suprême ne peut être connu que de façon partielle, et seulement par la pratique du service de dévotion offert à Sa Personne. Brahma a réalisé que le Seigneur Suprême, Sri Krsna, possède de très nombreuses Formes éternelles, toutes de connaissance et de félicité. Ces émanations de Govinda, il les a décrites dans sa Brahma-samhita (5.33):
Ainsi, il n'est possible de connaître le Seigneur, tel qu'Il est, que par le service de dévotion offert à Sa Personne, ou par Ses dévots, qui toujours Le portent dans leur coeur. La perfection dévotionnelle donne de comprendre que le brahmajyoti impersonnel n'est qu'une représentation partielle du Seigneur Suprême, Sri Krsna, et que les trois manifestations du purusa dans la création matérielle sont Ses émanations plénières. Dans le monde spirituel, qu'illumine de toutes parts le brahmajyoti, il n'y a pas de changement de kalpa, ou d'âge; en effet, le phénomène de la création n'existe pas sur les planètes Vaikunthas, et l'influence du temps y brille par son absence. Les rayons qui émanent du Corps spirituel et absolu du Seigneur et qui composent le brahmajyoti sans limites, ne sont aucunement influencés par l'énergie matérielle. En ce monde également, le Seigneur en personne est le créateur initial,car c'est Lui qui crée Brahma en conférant à ce dernier la puissance qui lui permettra d'effectuer les créations subséquentes.
tad va idam bhuvana-mangala mangalaya
dhyane sma no darsitam ta upasakanam tasmai namo bhagavate nuvidhema tubhyam yo nadrto naraka-bhagbhir asat-prasangaih
Pour distinguer les caractéristiques personnelles de l'aspect impersonnel de la Vérité Suprême et Absolue, disons que les Formes personnelles manifestées par le Seigneur à travers Ses différentes émanations plénières répandent leurs bénédictions dans les multiples univers, où elles sont d'ailleurs adorées par la méditation en tant qu'Ame Suprême, le Paramatma, tandis que le brahmajyoti impersonnel ne reçoit pas d'adoration. Les hommes qui s'attachent à l'aspect impersonnel du Seigneur, par la méditation ou tout autre moyen, se font pèlerins de l'enfer, car comme l'indique la Bhagavad-gita (XII.5), les impersonnalistes perdent tout simplement leur temps à s'enliser en de vains arguments, plutôt que de se tourner vers la réalité. Ainsi, Brahma réprouve-t-il la fréquentation des impersonnalistes. Toutes les émanations plénières du Seigneur Suprême possèdent une puissance égale, comme le confirme la Brahma-samhita (5.46):
Au début du Srimad-Bhagavatam, il est clairement indiqué que la Vérité suprême reste à jamais libre de la souillure qu'engendre un contact avec la matière. Dans le royaume spirituel du Seigneur, nul ne jongle avec les mots ou avec les actions. Toutes les Formes du Seigneur sont spirituelles et absolues, et de telles manifestations possèdent éternellement une nature identique. La Forme particulière que le Seigneur révèle à Son dévot ne saurait appartenir à ce monde, même si le bhakta conserve certains désirs matériels. Elle ne saurait non plus être manifestée sous l'influence de l'énergie matérielle, comme le croient bêtement les impersonnalistes. Bref, ceux qui tiennent les Formes sublimes du Seigneur pour issues de la matière sont sans aucun doute destinés à l'enfer.
ye tu tvadiya-caranambuja-kosa-gandham
jighranti karna-vivaraih sruti-vata-nitam bhaktya grhita-caranah paraya ca tesam napaisi natha hrdayamburuhat sva-pumsam
Pour un pur bhakta, il n'existe rien de plus sublime que les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, et le Seigneur, Lui, sait bien que Son dévot n'aspire à rien de plus (le mot tu établit ce fait de façon précise); aussi ne désire-t-Il jamais quitter le lotus que représente le coeur de ces purs bhaktas. Telle est la relation sublime qui unit les purs bhaktas et le Seigneur Suprême. Or, si le Seigneur ne désire pas délaisser le coeur de Ses purs dévots, c'est qu'ils Lui sont nettement plus chers que les impersonnalistes. La relation qui unit les purs bhaktas au Seigneur se développe en raison du service dévotionnel qu'ils Lui offrent sur la base reconnue des Vedas, qui font autorité en la matière. Ces dévots du Seigneur n'ont rien de simples sentimentaux; bien au contraire, ils sont des plus réalistes car leurs actions reçoivent l'approbation des maîtres qui ont prêté une oreille attentive au message des Ecritures védiques. Le mot paraya revêt ici une importance particulière. La para-bhakti, ou l'amour spontané pour Dieu, forme la trame de toute relation intime avec le Seigneur. Et pour atteindre à une telle union avec Dieu, la plus haute, il suffit de recevoir des lèvres de bhaktas purs et parfaits le message d'Ecrits authentiques comme la Bhagavad-gita et le Srimad-Bhagavatam, message concernant la Personne du Seigneur, Son Nom, Sa Forme, Ses Attributs, etc.
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