SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 6 La création de
la forme universelle.
hiranmayah sa purusah
sahasra-parivatsaran anda-kosa uvasapsu sarva-sattvopabrmhitah
Après que le Seigneur soit entré dans chacun des univers en tant que Garbhodakasayi Visnu, la moitié de chacun d'eux fut emplie d'eau. La manifestation du cosmos, avec les systèmes planétaires, l'espace intersidéral, etc., visibles à nos yeux, se trouve contenue dans l'autre moitié seulement de l'univers. Entre le moment où Visnu pénètre dans l'univers et celui où survient la manifestation cosmique, il s'écoule une période de mille années célestes. Tous les êtres vivants placés dans le sein du mahat-tattva sont répartis à travers tous les univers, à l'intérieur desquels ils gisent avec l'avatara Garbhodakasayi Visnu jusqu'à ce que naisse Brahma. Ce dernier est le premier être destiné à naître dans l'univers, et de lui procèdent tous les autres devas ainsi que les diverses créatures vivantes. Manu, quant à lui, représente le père originel de l'humanité, si bien qu'en sanskrit, l'humanité est désignée par le mot manusya. Selon leurs différentes caractéristiques corporelles, les hommes sont répartis à travers les différents systèmes planétaires.
sa vai visva-srjam garbho
deva-karmatma-saktiman vibabhajatmanatmanam ekadha dasadha tridha
La conscience constitue le signe de la présence de l'être vivant, de l'âme. En d'autres mots, l'existence de l'âme se manifeste sous la forme de la conscience qu'on appelle jnana-sakti. La conscience totale appartient à l'immense virat-rupa, et c'est cette même conscience qui se réflète en chaque individu. L'activité de la conscience s'accomplit à travers l'air vital, qui comporte dix subdivisions: le prana, l'apana, l'udana, le vyana et le samana; mais aussi le naga, le kurma, le krkara, le devadatta et le dhananjaya. La conscience de l'âme devient polluée au contact de "l'atmosphère" matérielle, donnant lieu ainsi à diverses activités qui se manifestent sous l'influence du faux ego, ou de l'identification au corps. Ces activités variées sont décrites dans la Bhagavad-gita (II.41) par les mots: bahu-sakha hy anantas ca buddhayo vyavasayinam. C'est par manque de conscience pure que l'âme conditionnée s'égare en diverses activités car, dans la conscience pure, l'activité est unique. La conscience de l'âme individuelle s'unit à la conscience suprême lorsqu'il y a une parfaite harmonie entre les deux. Le moniste croit qu'il n'existe qu'une seule conscience, tandis que les satvatas, ou les bhaktas, reconnaissent que s'il y a effectivement unité de conscience, c'est parce que la conscience individuelle et la conscience suprême se trouvent en accord. Comme l'enseigne le Seigneur dans la Bhagavad-gita (XVIII.66), la conscience individuelle doit s'unir à la conscience suprême: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja. C'est par cette méthode que la conscience individuelle (représentée par Arjuna dans la Bhagavad-gita) peut maintenir sa pureté. Il est insensé de mettre un frein aux activités de la conscience; mais celles-ci peuvent être purifiées lorsqu'elles sont reliées à l'Etre Suprême. La conscience connaît encore trois divisions, selon qu'elle se classe, en fonction de son degré de pureté, dans l'un ou l'autre des trois modes d'identification du soi: adhyatmika, ou l'identification de soi au corps et au mental; adhibhautika, ou l'identification de soi aux produits de la matière; et adhidaivika, ou l'identification de soi à un serviteur de Dieu. De ces trois divisions, celle dite adhidaivika correspond au seuil de la purification de la conscience, en accord avec le désir du Seigneur.
esa hy asesa-sattvanam
atmamsah paramatmanah adyo vataro yatrasau bhuta-gramo vibhavyate
Le Seigneur Suprême Se manifeste de deux façons, soit à travers les émanations plénières soit à travers les infimes émanations partielles de Sa Personne. Les émanations plénières sont les visnu-tattvas, et les émanations partielles sont les êtres distincts. Vu leur taille infinitésimale, les êtres distincts sont parfois définis comme l'énergie marginale du Seigneur. Mais les yogis considèrent que les êtres distincts et l'Ame Suprême, le Paramatmâ, participent d'une seule et même identité. Il s'agit toutefois d'une question secondaire, car tout compte fait, tout ce qui existe dans la création repose sur la gigantesque forme universelle, ou virat-rupa, du Seigneur.
sadhyatmah sadhidaivas ca
sadhibhuta iti tridha virat prano dasa-vidha ekadha hrdayena ca
La Bhagavad-gita (VII.4-5) enseigne que les huit éléments que sont la terre, l'eau, le feu, l'air, l'éther, le mental, l'intelligence et le faux ego représentent autant de produits de l'énergie inférieure du Seigneur, tandis que les êtres vivants, qui utilisent l'énergie inférieure, appartiennent originellement à Son énergie supérieure, à Sa puissance interne. Les huit énergies inférieures agissent sur les plans grossiers et subtils, alors que l'énergie supérieure n'est ni plus ni moins qu'une centrale énergétique, comme nous pouvons le constater dans le corps humain: les éléments grossiers, à savoir la terre, l'eau, etc., forment l'enveloppe externe, et sont comparables à un manteau, tandis que le mental et le faux ego, subtils, forment ce que l'on pourrait appeler le vêtement intérieur. Les mouvements du corps procèdent d'abord du coeur. L'action est ensuite rendue possible par les sens, lesquels sont mus par les dix formes d'air qui circulent à l'intérieur du corps. Ces airs sont décrits comme suit: on nomme prana le souffle principal qui traverse les narines au cours de la respiration; apana celui qu'évacue le rectum; samana celui qui agit sur les aliments à l'intérieur de l'estomac et qui est perceptible lors de l'éructation; udana celui qui circule dans la gorge et dont l'arrêt provoque la suffocation et vyana le souffle total qui parcourt le corps entier. Il existe encore cinq sortes d'air, plus subtils que les premiers: le naga, ou celui qui facilite le mouvement des paupières, de la bouche, etc.; le krkara, ou celui qui fait croître l'appétit; le kurma, celui qui permet la contraction; le devadatta, celui qui fait s'ouvrir la bouche lors du baillement; et le dhananjaya, ou celui qui assure le soutien du corps. Ces divers souffles procèdent du centre du coeur, lequel est unique. Cette énergie centrale représente l'énergie supérieure du Seigneur, qui Se trouve présent dans le coeur même de l'être, aux côtés de l'âme qui elle-même agit sous Sa direction. Voilà ce qu'enseigne la Bhagavad-gita (XV.15):
La manière dont le Seigneur apporte ainsi Son aide spirituelle à l'âme distincte se trouve décrite dans la Bhagavad-gita (X.10) en ces termes:
(1) "Ceux qui toujours Me servent et M'adorent avec amour et dévotion, Je leur donne l'intelligence par quoi ils pourront venir à Moi."
smaran visva-srjam iso
vijnapitam adhoksajah virajam atapat svena tejasaisam vivrttaye
Les impersonnalistes sont captivés par la forme gigantesque du Seigneur Suprême et croient issu de l'imagination le concept d'une volonté supérieure par laquelle aurait été engendrée cette manifestation incommensurable. Les hommes d'intelligence, par contre, savent apprécier la valeur de la cause en observant les merveilles de l'effet. Ainsi, les corps humains ne se développent pas dans le sein d'une mère de façon autonome, mais bien sous l'action de l'être vivant, de l'âme, qui se trouve à l'intérieur de ce corps. Sans la présence de l'âme, aucun corps matériel ne peut prendre forme de lui-même ni se développer. Lorsqu'un objet matériel quelconque présente un certain développement, il faut savoir qu'il est habité par une âme spirituelle. L'univers grandiose s'est développé progressivement, tout comme le corps d'un enfant. Le concept selon lequel la Transcendance pénètre l'univers est donc tout à fait logique. Mais les matérialistes, de même qu'ils ne peuvent distinguer l'âme individuelle et l'Ame Suprême situées dans le coeur, ne peuvent non plus saisir, par manque de connaissance, que l'Etre Suprême représente la cause de l'univers. C'est pourquoi le langage védique désigne le Seigneur par les mots avan-manasa-gocarah, signifiant par là qu'Il Se situe au-delà de toute conception mentale ou verbale. Un savoir déficient pousse les théoriciens à vouloir capturer l'Etre Suprême dans leurs mots et leurs pensées, mais le Seigneur refuse de Se laisser connaître de cette façon; ces spéculateurs ne possèdent ni les mots ni le mental capables de mesurer l'infinitude de Dieu. Le Seigneur est justement qualifié d'adhoksaja, car Il évolue au-delà du pouvoir limité de nos sens émoussés. Nul ne peut percevoir le Nom et la Forme spirituels et absolus du Seigneur par le biais de la spéculation intellectuelle. Les plus grands savants et docteurs de ce monde restent tout à fait incapables de philosopher avec succès sur l'Etre Suprême à l'aide de leurs sens limités. Tous les efforts de ces maîtres infatués de leur personne sont comparables à la philosophie d'une grenouille au fond d'un puits. Une grenouille qui avait élu domicile au fond d'un puits apprit un jour l'existence de l'immense océan Pacifique, et pour se faire une idée de son amplitude, elle entreprit de se gonfler la poitrine; mais elle finit par éclater... Les titres de "Dr." ou de "Me" peuvent également être interprétés comme signifiant "défricheur" et "maraîcher", tous deux ouvriers agricoles. Et les efforts de ces paysans pour comprendre la manifestation cosmique et l'origine d'une oeuvre aussi merveilleuse peuvent être comparés à ceux de la grenouille cherchant à évaluer, du fond de son puits, l'étendue de l'océan Pacifique. Le Seigneur n'accepte de Se révéler qu'aux âmes soumises et absorbées dans Son service d'amour absolu. Les deva-maîtres des divers éléments et composants de l'univers avaient prié le Seigneur de les guider, et c'est ainsi que Celui-ci manifesta Sa forme gigantesque, comme Il le fera plus tard à la requête d'Arjuna.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |