SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 5

Propos échangés entre
Maitreya et Vidura.

VERSET 16

sa visva-janma-sthiti-samyamarthe
krtavatarah pragrhita-saktih
cakara karmany atipurusani
yanisvarah kirtaya tani mahyam

TRADUCTION

Veuille chanter tous les exploits surhumains et transcendants du Seigneur, le maître suprême, qui est apparu en tant que divers avataras possédant toutes les puissances nécessaires pour la manifestation et le maintien parfaits de la création cosmique.

TENEUR ET PORTEE

Vidura était sans aucun doute avide d'entendre les propos qui se rattachent spécifiquement à Krsna, mais il était accablé par le fait que le Seigneur venait tout juste de disparaître de ce monde. Aussi exprima-t-il le désir d'entendre parler de Lui lorsqu'Il Se manifeste en tant que purusa-avataras avec toutes les puissances nécessaires pour la création et le maintien du cosmos. En vérité, les activités des purusas ne sont qu'un prolongement des Divertissements du Seigneur. Vidura donna cet indice à Maitreya parce que ce dernier ne parvenait pas à déterminer quelle partie des Activités de Krsna il devait louer.

VERSET 17

sri-suka uvaca
sa evam bhagavan prstah
ksattra kausaravo munih
pumsam nihsreyasarthena
tam aha bahu-manayan

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami dit:
Après avoir grandement honoré Vidura, le sage Maitreya Muni entreprit, à sa requête, de parler pour le plus grand bien de tous.

TENEUR ET PORTEE

L'illustre et sage Maitreya Muni est ici désigné par le mot bhagavan, car il surpasse en érudition et en expérience tous les hommes de ce monde. Ainsi, son choix de la plus grande oeuvre de bienfaisance pour le monde est-il tenu parfaitement juste. Cette oeuvre, qui inclut tous les autres services pouvant être rendus à l'humanité, c'est le service de dévotion offert au Seigneur; et à la requête de Vidura, le sage la définit de façon très exacte.

VERSET 18

maitreya uvaca
sadhu prstam tvaya sadho
lokan sadhv anugrhnata
kirtim vitanvata loke
atmano dhoksajatmanah

TRADUCTION

Sri Maitreya dit:
O Vidura, gloire à toi. Tu m'as interrogé sur le bien suprême, et tu as ainsi répandu ta miséricorde sur le monde et sur moi, car ton coeur est à jamais absorbé dans des pensées liées à la Transcendance.

TENEUR ET PORTEE

Maitreya Muni, versé qu'il était dans la science de la Transcendance, pouvait comprendre que les pensées de Vidura étaient tout entières absorbées dans la Transcendance. Le mot adhoksaja désigne ce qui dépasse les limites de la perception sensorielle, ou de l'expérience acquise à travers les sens. Le Seigneur Se trouve hors d'atteinte de nos sens, mais Il Se révèle tel qu'Il est aux bhaktas sincères. Parce que Vidura était toujours plongé dans la pensée du Seigneur, Maitreya put évaluer sa richesse spirituelle. Il apprécia grandement ses précieuses questions et ne manqua pas de le remercier avec tous les honneurs qui lui étaient dus.

VERSET 19

naitac citram tvayi ksattar
badarayana-viryaje
grhito nanya-bhavena
yat tvaya harir isvarah

TRADUCTION

O Vidura, je ne m'étonne nullement de ce que toutes tes pensées soient pour le Seigneur, sans déviation aucune, car tu es né de la semence de Vyasadeva.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset met en valeur les vertus d'un haut lignage et d'une noble naissance, en s'appuyant sur l'exemple de Vidura. L'éducation d'un homme commence dès l'instant où le père place sa semence dans le sein de la mère. Selon la nature de ses activités, un être vivant se verra placé dans la semence de tel ou tel père, et c'est ainsi que Vidura, qui n'était pas un être ordinaire, obtint de naître de la semence de Vyasa. La conception d'un être humain relève d'une grande science; d'où l'importance majeure, pour mettre au monde des êtres sains et vertueux, d'avoir recours au rite védique qu'on nomme le garbhadhana-samskara, qui a pour effet de purifier l'acte de fécondation. Le problème ne consiste pas à empêcher une surpopulation certes indésirable, mais plutôt à produire une population saine, constituée d'hommes de la qualité de Vidura, de Vyasa et de Maitreya. Il n'est nul besoin de freiner la croissance de la population si les enfants sont engendrés comme des êtres humains dignes de ce nom, avec toutes les précautions requises en regard de leur naissance. Le prétendu contrôle des naissances n'est pas seulement pernicieux, il est également inutile.

VERSET 20

mandavya-sapad bhagavan
praja-samyamano yamah
bhratuh ksetre bhujisyayam
jatah satyavati-sutat

TRADUCTION

Je sais que tu es le roi Yamaraja, le puissant seigneur qui règne sur la destinée des êtres après leur mort, et que si tu portes maintenant le nom de Vidura, c'est par l'effet d'une malédiction proférée contre toi par Mandavya Muni. Ainsi as-tu été engendré par le fils de Satyavati, Vyasadeva, dans le sein d'une femme entretenue par son frère.

TENEUR ET PORTEE

Mandavya Muni était un grand sage,(1) et Vidura était en fait le puissant Yamaraja, qui veille à la destinée des êtres après leur mort. La naissance, la vie et la mort sont trois formes de conditionnement auxquelles sont soumis tous les êtres dans l'univers matériel; et Yamaraja, en sa qualité de seigneur de la mort, eut un jour à juger Mandavya Muni pour un crime qu'il avait commis lors de son enfance: il le condamna à être transpercé d'une lance. Mais Mandavya, se mettant en colère contre Yamaraja qui lui avait infligé un châtiment selon lui immérité, le frappa d'une malédiction par laquelle il devrait renaître tel un sudra. C'est ainsi que Yamaraja naquit dans le sein d'une femme entretenue par Vicitravirya, grâce à la semence du frère de ce dernier, Vyasadeva, lui-même le fils de Satyavati et de l'illustre roi Santanu, le père de Bhismadeva. Cette mystérieuse histoire concernant Vidura était connue de Maitreya Muni, qui était contemporain et ami de Vyasadeva. Mais bien qu'il fût issu d'une femme de basse condition, Vidura jouissait des attributs d'un haut lignage et avait eu l'occasion de grandir au contact des âmes les plus nobles, si bien qu'il hérita du privilège unique qui fit de lui un magnanime dévot du Seigneur. Il faut comprendre que le fait de naître au sein d'une famille aussi vertueuse constitue un avantage pour le développement de la dévotion au Seigneur, et Vidura avait obtenu ce privilège de par ses antécédents prestigieux.

(1) Voir S.B.,1.13.1


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare