SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 4

Vidura rencontre Maitreya.

VERSET 6

adraksam ekam asinam
vicinvan dayitam patim
sri-niketam sarasvatyam
krta-ketam aketanam

TRADUCTION

Après L'avoir ainsi suivi, je vis mon seigneur et maître [Sri Krsna] assis seul et abîmé dans Ses pensées, ayant trouvé refuge auprès des rives de la Sarasvati, Lui le refuge de la déesse de la fortune.

TENEUR ET PORTEE

Ceux qui ont embrassé l'ordre du renoncement cherchent souvent refuge sous un arbre. C'est dans cette condition qu'Uddhava trouva le Seigneur, agissant comme ceux qui n'ont aucun abri. Possesseur de tout ce qui est, le Seigneur est partout chez Lui, et tout demeure sous Sa protection. L'entière manifestation cosmique, matérielle et spirituelle, est soutenue par Lui, si bien qu'Il représente le refuge ultime. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'Il ait cherché refuge à la manière des sannyasis qui n'ont aucun asile.

VERSET 7

syamavadatam virajam
prasantaruna-locanam
dorbhis caturbhir viditam
pita-kausambarena ca

TRADUCTION

Sombre est le Corps du Seigneur mais aussi éternel, tout de félicité et de savoir, et d'une indicible beauté. La sérénité habite Ses yeux aux reflets rougeâtres comme le soleil levant. A Ses quatre bras, aux emblèmes distinctifs qu'Il tenait et à Son vêtement de soie jaune, je pus aussitôt reconnaître en Lui le Seigneur Suprême, Dieu.

VERSET 8

vama urav adhisritya
daksinanghri-saroruham
apasritarbhakasvattham
akrsam tyakta-pippalam

TRADUCTION

Il était donc assis, appuyé contre un jeune banian, Son pied droit, pareil-au-lotus, posé sur Sa cuisse gauche, et bien qu'Il eût renoncé au confort du foyer, je Le trouvai plutôt heureux en L'observant dans cette posture.

TENEUR ET PORTEE

Selon Srila Visvanatha Cakravarti Thakura, la posture assise du Seigneur, le dos appuyé contre un jeune banian, est très significative. Le banian est égallement nommé asvattha parce qu'il s'agit d'un arbre qui vit fort longtemps. Ses membres inférieurs et leurs énergies représentent les éléments matériels, soit cinq au total: la terre, l'eau, le feu, l'air et l'éther. Les énergies matérielles représentées par le banian sont autant de produits de la puissance externe du Seigneur, et c'est pourquoi Il leur tourne le dos. En outre, parce que l'univers particulier où nous vivons est le plus petit de tous, le banian de notre verset est décrit comme encore jeune, ou petit, comme un enfant. Les mots tyaktapippalam indiquent que le Seigneur avait terminé Ses Divertissements dans ce petit univers, mais comme Il est absolu et connaît une félicité éternelle, qu'Il abandonne quelque chose ou qu'Il s'en occupe ne fait aucune différence. Le Seigneur S'apprêtait ainsi à quitter notre univers pour Se rendre dans un autre, à la manière du soleil qui, simultanément, se lève sur une planète et sur une autre se couche, mais sans pour autant changer de position.

VERSET 9

tasmin maha-bhagavato
dvaipayana-suhrt-sakha
lokan anucaran siddha
asasada yadrcchaya

TRADUCTION

A ce moment, après avoir traversé de nombreuses régions du monde, Maitreya, un grand dévot du Seigneur, ami du noble sage Krsna-dvaipayana Vyasa, arriva en ce lieu, selon son bon plaisir.

TENEUR ET PORTEE

Maitreya comptait parmi les disciples de Maharsi Parasara, le père de Vyasadeva. Aussi Vyasadeva et Maitreya étaient-ils de véritables amis, chacun voulant le bien de l'autre. Par quelque heureuse fortune, Maitreya parvint au lieu où Se reposait Sri Krsna. Rencontrer le Seigneur n'est pas un événement banal. Or, Maitreya était un grand sage, érudit et philosophe par surcroît, mais ce n'était pas un pur dévot du Seigneur; sa rencontre avec le Seigneur se placerait donc plutôt sous le signe de l'ajnata-sukrti, c'est-à-dire qu'elle serait le fruit de quelque acte de dévotion accompli inconsciemment dans le passé. Les purs bhaktas, pour leur part, s'absorbent dans des activités purement dévotionnelles, de sorte que leur rencontre avec le Seigneur est tout à fait naturelle. Mais lorsque ceux qui n'ont pas atteint ce niveau rencontrent le Seigneur, il faut voir en leur bonne fortune le fruit inopiné d'une participation fortuite au service de dévotion.

VERSET 10

tasyanuraktasya muner mukundah
pramoda-bhavanata-kandharasya
asrnvato mam anuraga-hasa-
samiksaya visramayann uvaca

TRADUCTION

Maitreya Muni éprouvait un grand attachement pour Lui [le Seigneur], et il se délectait à L'entendre, les épaules relâchées. M'adressant un sourire et un regard particulier, le Seigneur, m'ayant permis de me détendre, prit la parole.

TENEUR ET PORTEE

Bien qu'Uddhava et Maitreya fussent tous deux de grandes âmes, l'attention du Seigneur se porta davantage sur Uddhava, du fait qu'il était un pur bhakta, animé d'une dévotion sans partage. Le jnana-bhakta, ou celui dont la dévotion est mêlée de considération moniste, n'est pas un pur bhakta. Certes, Maitreya était un dévot du Seigneur, mais sa dévotion était partagée. Or, la relation qu'échange le Seigneur avec Ses dévots se fonde sur l'amour spirituel, et non sur la connaissance philosophique ou sur l'action intéressée. En vérité, dans le service d'amour sublime offert au Seigneur, il n'y a point de place pour la connaissance moniste ou pour l'action intéressée. Les gopis de Vrndavana n'étaient ni de grands érudits, ni de puissants yogis. Elles étaient animées d'un amour spontané pour le Seigneur, lequel devint pour elles aussi précieux que leur propre vie, et de même, les gopis devinrent tout pour Lui. Sri Caitanya approuva la relation des gopis avec le Seigneur en la qualifiant de suprême. L'attitude du Seigneur était donc plus intime envers Uddhava qu'envers Maitreya Muni.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare