SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 33

Le récit des Actes de Kapila.

VERSET 16

payah-phena-nibhah sayya
danta rukma-paricchadah
asanani ca haimani
susparsastaranani ca

TRADUCTION

[Cette opulence se trouve ici décrite.] Draps et matelas avaient la blancheur de la mousse du lait, les fauteuils et autres sièges étaient faits d'ivoire et couverts d'étoffes filigranées d'or; quant aux divans, chargés de coussins des plus moelleux, ils étaient taillés dans l'or.

VERSET 17

svaccha-sphatika-kudyesu
maha-marakatesu ca
ratna-pradipa abhanti
lalana ratna-samyutah

TRADUCTION

Les murs étaient du marbre le plus fin et ornés de joyaux précieux; nul besoin de lumière en cette demeure, car ces joyaux l'illuminaient de leur éclat. En outre, toutes les femmes de la maisonnée étaient parées de maints bijoux de valeur.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset laisse entendre que l'opulence d'une demeure se voyait aux joyaux précieux, à l'ivoire, au marbre fin ainsi qu'au mobilier d'or et de pierreries qui l'agrémentaient. On lit également que des filigranes d'or enrichissaient les étoffes. En fait, tout y avait de la valeur. Rien de comparable aux meubles modernes, moulés dans du vulgaire plastique ou faits de quelque métal grossier. La civilisation védique était telle qu'on se devait d'utiliser des objets de valeur pour meubler les maisons. Ainsi, en cas de nécessité, ces richesses pouvaient immédiatement être échangées contre quelque autre denrée, en sorte que le moindre objet ou la moindre pièce de mobilier brisée ou inutile n'était jamais sans valeur. Les Indiens suivent encore ce système dans leur foyer; ils gardent chez eux des ustensiles de métal, des plats d'argent ou des ornements en or, ainsi que de précieuses soieries brodées d'or, si bien qu'en cas de besoin ils peuvent aussitôt obtenir de l'argent en échange de ces biens. Il existe, à dire vrai, tout un système d'échange entre les prêteurs et les familles.

VERSET 18

grhodyanam kusumitai
ramyam bahv-amara-drumaih
kujad-vihanga-mithunam
gayan-matta-madhuvratam

TRADUCTION

Des jardins resplendissants garnis de fleurs au doux parfum ainsi que de nombreux arbres, grands, magnifiques et porteurs de fruits frais, entouraient le corps principal de la maison. Le charme de ces jardins était dû aux oiseaux qui occupaient les branches des arbres et dont le gazouillis, doublé du bourdonnement des abeilles, rendaient l'atmosphère aussi plaisante qu'on puisse l'imaginer.

VERSET 19

yatra pravistam atmanam
vibudhanucara jaguh
vapyam utpala-gandhinyam
kardamenopalalitam

TRADUCTION

Lorsque Devahuti pénétrait dans cet adorable jardin pour se baigner dans l'étang couvert de lotus qui s'y trouvait, les Gandharvas, compagnons des habitants du monde édénique, chantaient la glorieuse vie de famille de Kardama, son illustre époux, qui toujours assura sa protection.

TENEUR ET PORTEE

La relation modèle devant unir mari et femme se trouve merveilleusement dépeinte ici. Kardama Muni avait donné à Devahuti toutes sortes de commodités ainsi que lui dictait son devoir d'époux, mais il n'était pas le moins du monde attaché à sa femme. Ainsi, aussitôt que son fils, Kapiladeva, eut grandi, Kardama coupa aussitôt tout lien avec sa famille. De son côté, Devahuti était la fille émérite d'un grand roi, Svayambhuva Manu, et elle était ravissante; toutefois, elle était totalement dépendante de la protection de son époux. Selon Manu, les femmes -ou, comme on les appelle, "le beau sexe" -ne doivent être livrées à elles-mêmes à aucun moment de leur existence. Au cours de son enfance, la femme doit rester sous la protection de ses parents, au cours de sa jeunesse sous celle de son époux, et parvenue à un âge avancé, elle doit s'en remettre à ses enfants devenus adultes. Devahuti mit en application ces lois de la Manu-samhita dans sa propre existence: au cours de son enfance, elle dépendit entièrement de son père, après quoi elle s'en remit tout entière à son époux, et ce, malgré sa condition très élevée; plus tard, ce fut de son fils, Kapiladeva, qu'elle dépendit.

VERSET 20

hitva tad ipsitatamam
apy akhandala-yositam
kincic cakara vadanam
putra-vislesanatura

TRADUCTION

Bien que sa position fût unique à tous points de vue et malgré toutes ses richesses, lesquelles étaient même enviées par les dames des planètes édéniques, la sainte Devahuti renonça à tout ce confort. Elle n'avait qu'un regret: elle devait désormais vivre loin de son illustre fils.

TENEUR ET PORTEE

Devahuti ne regrettait nullement d'abandonner le confort matériel dans lequel elle vivait, mais de vivre séparée de son fils la peinait profondément. On pourrait ici se demander la raison pour laquelle elle éprouve une telle douleur à la perte de son fils si elle ne faisait aucun cas de ses biens matériels? Pourquoi était-elle si attachée à son fils? La réponse nous est donnée dans le verset suivant. Il ne s'agissait pas d'un fils ordinaire, mais bien de Dieu Lui-même, la Personne Suprême. Ainsi, on ne peut abandonner ses attachements matériels que lorsqu'on est attaché à la Personne Souveraine. C'est ce qu'explique la Bhagavad-gita: param drstva nivartate, seul celui qui a développé un goût pour la vie spirituelle peut se refuser à suivre un mode de vie matérialiste.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare