SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 30

Sri Kapila décrit les actes
intéressés néfastes.

VERSET 16

vayunotkramatottarah
kapha-samruddha-nadikah
kasa-svasa-krtayasah
kanthe ghura-ghurayate

TRADUCTION

Ainsi atteint par la maladie, il a les yeux exhorbités sous la pression de l'air venant de l'intérieur de son corps et ses glandes se chargent de mucus. Il respire à grand mal, et avec chaque respiration, un râlement s'échappe de sa gorge: "ghura-ghura".

VERSET 17

sayanah parisocadbhih
parivitah sva-bandhubhih
vacyamano pi na brute
kala-pasa-vasam gatah

TRADUCTION

Il tombe ainsi sous les griffes de la mort et gît entouré de ses proches et amis qui se répandent en lamentations; et bien qu'il désire leur adresser la parole, il en est incapable, car le temps s'est emparé de lui.

TENEUR ET PORTEE

Par formalité, lorsqu'un homme est allongé sur son lit de mort, ses proches vont à lui, et parfois se mettent à pleurer bruyamment en lui disant: "Oh, mon père!", "Oh, mon ami!" "Oh, mon époux!". Dans cette condition pitoyable, le mourant voudrait leur adresser la parole et les instruire quant à ses derniers désirs, mais parce qu'il se trouve totalement sous la direction du temps, de la mort, il n'arrive plus à parler et cela lui cause une douleur inimaginable. La maladie le fait déjà souffrir terriblement, ses glandes et sa gorge sont obstruées de mucosités; il se trouve déjà en grande difficulté, et lorsque ses proches viennent lui parler ainsi, sa douleur ne fait qu'augmenter.

VERSET 18

evam kutumba-bharane
vyaprtatmajitendriyah
mriyate rudatam svanam
uru-vedanayasta-dhih

TRADUCTION

Cet homme, qui s'est employé à entretenir sa famille sans aucune maîtrise de ses sens, meurt enfin en grande douleur et en voyant ses proches pleurer autour de lui. Il meurt de la façon la plus pathétique, accablé de souffrances et privé de conscience.

TENEUR ET PORTEE

La Bhagavad-gita enseigne qu'à l'instant de la mort, nous serons absorbés dans les pensées que nous aurons cultivées tout au long de notre existence. Ainsi, celui qui n'a nourri d'autre idée que celle d'assurer un bien-être suffisant à sa famille verra nécessairement ses dernières pensées encombrées d'intérêts familiaux. Pour un homme ordinaire, ceci correspond à l'ordre naturel des choses. L'homme du commun ne connaît pas sa destinée; il s'affaire simplement à entretenir sa famille durant toute sa vie, qui ne dure que le temps d'un éclair. Au dernier moment, nul n'est satisfait de la façon dont il a développé la situation économique de sa famille; chacun croit qu'il n'en a pas fait assez. Et du fait de son attachement profond pour les siens, l'homme oublie son premier devoir: maîtriser ses sens et développer sa conscience spirituelle. Un mourant confie parfois les affaires de la famille à son fils ou à quelque autre proche, en disant: "Je m'en vais. Veille bien sur la famille". Il ne sait où il va, mais même à cet instant critique de la mort, il continue de se préoccuper de la façon dont sa famille sera protégée. Il arrive même parfois qu'un mourant prie son médecin de prolonger sa vie d'au moins quelques années de manière à ce qu'il ait la possibilité de compléter les projets qu'il avait formés en vue d'assurer le bien-être de sa famille. Tels sont les maux matériels dont souffre l'être conditionné. Il oublie tout à fait ce que doit être sa préoccupation véritable, c'est-à-dire devenir conscient de Krsna; par contre, il s'applique toujours avec sérieux à planifier l'avenir de sa famille, et cela, même s'il change constamment de famille.

VERSET 19

yama-dutau tada praptau
bhimau sarabhaseksanau
sa drstva trasta-hrdayah
sakrn-mutram vimuncati

TRADUCTION

Sa dernière heure venue, il aperçoit les envoyés du seigneur de la mort venant vers lui, leurs yeux injectés de colère. Envahi par la peur, il urine et défèque.

TENEUR ET PORTEE

L'âme peut connaître deux formes de transmigration après avoir quitté son corps actuel. Une sorte de transmigration consiste à se rendre auprès de celui qui juge les actes pécheurs, et qui s'appelle Yamaraja; l'autre consiste à se rendre sur les planètes supérieures, ou jusqu'à Vaikuntha. Sri Kapila explique ici comment les envoyés de Yamaraja, les Yamadutas, traitent les personnes qui, pour entretenir une famille, s'absorbent dans des activités visant les plaisirs des sens. A l'instant de la mort, ceux qui se sont acharnés à assouvir leurs désirs matériels sont placés sous la garde des Yamadutas. Ceux-ci s'emparent du mourant et l'emmènent sur la planète où réside Yamaraja. Les conditions auxquelles il se trouve alors soumis sont décrites dans les versets qui suivent.

VERSET 20

yatana-deha avrtya
pasair baddhva gale balat
nayato dirgham adhvanam
dandyam raja-bhata yatha

TRADUCTION

Tout comme un criminel est arrêté par la force publique pour subir sa peine, l'homme qui s'est livré de façon criminelle au plaisir des sens est saisi par les Yamadutas qui l'attachent par le cou avec des cordes solides et recouvrent son corps subtil pour lui faire subir un châtiment sévère.

TENEUR ET PORTEE

Chaque être vivant se trouve recouvert d'un corps subtil et d'un corps grossier. Le corps subtil se compose du mental, de l'intelligence, du faux ego et de la conscience. Or, les Ecritures rapportent que les agents de Yamaraja recouvrent le corps subtil du criminel et l'emmènent devant Yamaraja pour que lui soit infligé un châtiment qu'il puisse tolérer. Il ne doit pas mourir de son supplice, car s'il mourrait, qui souffrirait pour ses fautes? Il n'est pas du ressort des agents de Yamaraja de mettre à mort qui que ce soit. De toute façon, il est impossible de tuer l'âme, de nature éternelle; l'être distinct doit simplement subir les conséquences des fautes qu'il a commises en voulant satisfaire ses sens.

La mise en oeuvre du châtiment se trouve détaillée dans le Caitanya-carimrta. On y apprend que jadis, lorsque les hommes du roi s'emparaient d'un criminel, ils l'emmenaient en barque au milieu d'une rivière. Là, ils le plongeaient de force dans l'eau en l'attrapant par les cheveux et en l'immergeant complètement, et lorsqu'il était sur le point de suffoquer, les hommes du roi le retiraient alors de l'eau pour lui permettre de respirer quelque peu, après quoi ils lui replongeaient la tête sous l'eau. Comme nous le verrons dans les versets suivants, c'est ainsi que procèdent les agents de Yamaraja avec les âmes oublieuses.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare