SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 28 Les enseignements de Kapila
sur le service de dévotion.
so py etaya caramaya manaso nivrttya
tasmin mahimny avasitah sukha-duhkha-bahye hetutvam apy asati kartari duhkhayor yat svatman vidhatta upalabdha-paratma-kasthah
L'oubli de notre relation avec Dieu, la Personne Suprême, est un produit de l'ignorance. Par la pratique du yoga, il est possible de dissiper cette ignorance qui nous fait croire que nous sommes indépendants du Seigneur Souverain. Notre relation véritable avec Lui est celle d'un amour éternel. L'être distinct est en effet destiné à offrir un service d'amour absolu au Seigneur. Et l'oubli de cette relation délicieuse constitue ce qu'on appelle l'ignorance, ou l'on est porté sous l'influence des trois gunas à se croire le bénéficiaire de toute chose. Lorsque le bhakta voit son mental purifié et comprend que ce même mental doit être relié au désir de la Personne Suprême, il atteint l'état de perfection spirituelle, qui se situe au-delà de la perception du bonheur et du malheur matériels. Tant que l'on agit de sa propre initiative, on reste sujet à ces perceptions matérielles de prétendus bonheur et malheur. Mais en fait, il n'y a pas de bonheur en ce monde. Tout aussi vrai que les actes d'un fou ne sauraient lui procurer de bonheur, les activités matérielles ne peuvent engendrer qu'une illusion de joie ou de peine; en fait, tout n'y est que malheur. Lorsqu'on parvient à modeler son mental sur le désir du Seigneur, on atteint le niveau spirituel. Le désir de dominer la nature matérielle se trouve à l'origine de l'ignorance, et lorsque ce désir disparaît complètement, lorsque tous nos désirs sont en accord avec ceux du Seigneur Suprême, l'être distinct a atteint le stade de la perfection (upalabdha paratma-kasthah). Le mot upalabdha signifie "réalisation"; or, la notion de réalisation implique nécessairement l'existence d'un être individuel. Et c'est à l'état libéré, au niveau de la perfection, que survient la véritable réalisation. Le mot nivrttya signifie précisément que l'être distinct conserve son individualité; et son unité parfaite avec l'absolu signifie qu'il réalise son bonheur en celui du Seigneur Suprême. Tout dans le Seigneur n'est que bonheur; anandamayo bhyasat: par nature, Il jouit d'un bonheur spirituel infini. A l'état libéré, l'unité avec le Seigneur Suprême signifie qu'on ne connaît rien d'autre que le bonheur. Mais l'individualité demeure, sans quoi le mot upalabdha, qui indique la réalisation individuelle du bonheur spirituel, n'aurait pas été utilisé dans ce verset.
deham ca tam na caramah sthitam utthitam va
siddho vipasyati yato dhyagamat svarupam daivad upetam atha daiva-vasad apetam vaso yatha parikrtam madira-madandhah
Rupa Gosvami explique ce niveau d'existence dans son Bhakti-rasamrta-sindhu. Une personne dont le mental se trouve en union parfaite avec le désir du Seigneur Souverain et qui s'absorbe totalement dans son service, en vient à oublier complètement les besoins de son corps matériel.
deho pi daiva-vasagah khalu karma yavat
svarambhakam pratisamiksata eva sasuh tam sa-prapancam adhirudha-samadhi-yogah svapnam punar na bhajate pratibuddha-vastuh
On peut ici se poser certaines questions. Tant que l'âme libérée continue de vivre au contact du corps, comment se fait-il que les activités de ce dernier ne l'affectent nullement? Ne devient-elle pas en fait souillée par les actions matérielles et leurs suites? En réponse à ces questions, ce verset explique que le corps matériel d'une âme libérée est pris en charge par le Seigneur Souverain. Alors, ses actes ne sont plus dus à la force vivante de l'être distinct, ils constituent la réaction de ses actes passés. Lorsqu'on débranche un ventilateur, par exemple, il n'en continue pas moins de tourner pendant quelque temps. Mais son mouvement n'est plus dû à l'électricité; il ne s'agit que d'un prolongement de la dernière impulsion. Et de la même façon, bien qu'un être libéré semble agir comme un homme ordinaire, il faut voir ses actes comme le simple prolongement de ses actions passées. On se voit parfois en songe revêtir plusieurs corps différents, mais au moment du réveil, on comprend aussitôt que tous ces corps étaient illusoires. Ainsi, bien que l'âme libérée soit entourée par ce qui est relié à son corps -ses enfants, son épouse, son foyer...-, elle ne s'identifie en rien à ces expansions du corps. Elle sait que tout cela procède du rêve matériel. Le corps grossier se compose des éléments matériels bruts, et le corps subtil comprend le mental, l'intelligence, l'ego et la conscience souillée. Or, si l'on peut voir que les corps subtils créés en rêve ne sont qu'illusions et ne pas s'identifier à ces formes, il est tout aussi évident pour une personne éveillée de ne pas s'identifier à son corps grossier. De même qu'un homme éveillé n'a aucun lien avec les activités du corps qu'il a conçu dans son rêve, l'âme libérée, éveillée, n'a aucun lien avec les activités de son corps matériel. En d'autres mots, parce qu'elle est située dans sa position naturelle et originelle, jamais elle ne souscrit à la conception corporelle de l'existence.
yatha putrac ca vittac ca
prthan martyah pratiyate apy atmatvenabhimatad dehadeh purusas tatha
La nature du véritable savoir se trouve expliquée dans ce verset. Il existe d'innombrables enfants, mais nous en acceptons quelques-uns comme nos fils et filles du fait de notre affection pour eux, bien que nous les sachions tout à fait distincts de nous. Dans le même ordre d'idée, notre attachement profond pour l'argent nous fera croire qu'une certaine somme déposée en banque est nôtre. Et c'est toujours dans le même ordre de pensée que nous prétendons nôtre le corps pour lequel nous avons tant d'affection. Nous disons "mon" corps; puis, étendant cet esprit de possession, "ma" main, "ma" jambe; et encore: "mon" compte en banque, "mon" fils, "ma" fille. Mais à vrai dire, nous savons que ce fils et cet argent sont séparés de nous; et il en est de même pour notre corps, puisqu'il est distinct de nous. C'est là une question de compréhension, et ce juste entendement a nom pratibuddha. Celui qui acquiert le savoir à travers le service de dévotion, ou la Conscience de Krsna, peut devenir une âme libérée.
yatholmukad visphulingad
dhumad vapi sva-sambhavat apy atmatvenabhimatad yathagnih prthag ulmukat
Bien que le bois embrasé, les étincelles, la fumée et les flammes ne puissent être séparés, puisqu'ils font tous partie intégrante du feu, ils n'en restent pas moins distincts les uns des autres. Seule une personne d'intelligence réduite prendra la fumée pour du feu, malgré leurs natures différentes. De même, la chaleur et la lumière du feu sont distinctes, même si l'on ne peut différencier le feu de la chaleur et de la lumière.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |