SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 28 Les enseignements de Kapila
sur le service de dévotion.
vakso dhivasam rsabhasya maha-vibhuteh
pumsam mano-nayana-nirvrtim adadhanam kantham ca kaustubha-maner adhibhusanartham kuryan manasy akhila-loka-namaskrtasya
Les Upanisads enseignent que les diverses énergies du Seigneur agissent en vue de la création, du maintien et de la destruction. Or, ces puissances inconcevables reposent toutes dans la poitrine du Seigneur. On dit généralement que Dieu est tout-puissant, et cette puissance est représentée par Maha-Laksmi, le réservoir de toutes les énergies, qui se situe sur la poitrine de la Forme toute spirituelle du Seigneur. Le yogi qui parvient à méditer parfaitement sur cette partie de la Forme transcendante du Seigneur peut obtenir nombre de pouvoirs matériels, parmi lesquels les huit perfections yogiques. Il ressort de ce verset que c'est la beauté du cou du Seigneur qui rehausse celle du joyau Kausthuba, et non l'inverse. Le joyau lui-même gagne en beauté du fait qu'il pend au cou du Seigneur. Aussi est-il recommandé au yogi de méditer également sur le cou du Seigneur. On peut méditer sur la Forme spirituelle du Seigneur telle qu'elle apparaît soit dans le mental, soit dans un temple, sous les traits d'une statue décorée de façon à ce que tous puissent la contempler. L'adoration dans le temple est donc destinée à ceux qui ne sont pas assez évolués spirituellement pour méditer intérieurement sur la Forme du Seigneur. Toutefois, il n'existe aucune différence entre le fait de se rendre régulièrement au temple et celui de contempler en soi directement la Forme spirituelle du Seigneur; ces deux formes d'adoration ont la même valeur. L'avantage du yogi est qu'il peut s'asseoir en tout lieu solitaire pour y méditer sur la Forme du Seigneur, alors qu'une personne moins élevée doit se rendre au temple pour pouvoir contempler cette même Forme, sans quoi elle en est incapable. Mais que ce soit par l'écoute, par la vue ou par la méditation, l'objectif demeure la Forme spirituelle et absolue du Seigneur; il n'est pas question de vide ou d'impersonnalisme. Le Seigneur peut tout aussi bien répandre Ses bénédictions sous forme de félicité spirituelle sur celui qui visite le temple que sur le yogi méditant ou sur celui qui écoute les descriptions de Sa Forme divine telles que nous les livrent des Ecrits comme le Srimad-Bhagavatam ou la Bhagavad-gita. Il existe neuf façons de pratiquer le service de dévotion, parmi lesquelles la méditation, ou smaranam. Les yogis tirent parti de la voie du smaranam, tandis que les bhakti-yogis se tournent particulièrement vers l'écoute et le chant.
bahums ca mandara-gireh parivartanena
nirnikta-bahu-valayan adhiloka-palan sancintayed dasa-sataram asahya-tejah sankham ca tat-kara-saroruha-raja-hamsam
Toutes les forces de l'ordre et de la justice procèdent des bras de Dieu, la Personne Suprême. L'ordre et la justice sont assurés dans l'univers par les différents devas, et notre verset nous dit que ces pouvoirs proviennent des bras du Seigneur. La colline Mandara se trouve également mentionnée ici, car lorsque l'océan de lait fut baratté par les asuras d'une part et les devas de l'autre, elle fut utilisée comme bâton de barattage. Le Seigneur en tant que l'avatara-Tortue devint alors le pivot de cette baratte, en sorte que Ses ornements furent polis par les mouvements de la colline Mandara. Autrement dit, les parures ornant les bras du Seigneur sont aussi brillantes que si elles venaient tout juste d'être polies. Quant à la roue que le Seigneur tient dans Sa main, et qu'on nomme le sudarsana-cakra, elle a mille rayons, et le yogi se voit conseillé de méditer sur chacun d'eux. Il doit ainsi méditer sur chacune des parties qui composent le Corps spirituel du Seigneur.
kaumodakim bhagavato dayitam smareta
digdham arati-bhata-sonita-kardamena malam madhuvrata-varutha-giropaghustam caityasya tattvam amalam manim asya kanthe
Le yogi doit contempler les différentes parties du Corps spirituel du Seigneur. Il ressort de ce verset qu'il faut saisir la position originelle et éternelle des êtres distincts. On parle ici de deux catégories d'êtres, la première se trouvant désignée par le mot arati; ceux qui en font partie refusent d'apprécier les Divertissements du Seigneur Souverain. Pour eux, le Seigneur apparaît brandissant Sa terrible masse, toujours maculée du sang des asuras qu'il fait périr. Or, ces asuras comptent également parmi les fils de Dieu, ce que corrobore la Bhagavad-gita en affirmant que tous les êtres quelle que soit l'espèce à laquelle ils appartiennent sont fils du Seigneur Suprême. Mais il n'en existe pas moins deux catégories d'êtres, dont les comportements s'opposent. Le Seigneur garde à Son cou les êtres purs, à la manière de joyaux et de perles qu'on protège en les portant sur la poitrine et autour du cou. Ainsi les êtres établis dans la pure conscience de Krsna sont-ils symbolisés par les perles qu'Il porte à Son cou. Quant aux asuras qui se montrent hostiles aux Divertissements du Seigneur Souverain, ils sont châtiés par Sa masse, laquelle est toujours maculée du sang de ces êtres déchus. La masse du Seigneur Lui est très chère, car elle Lui sert à écraser les corps des asuras et à mélanger leur sang. Lorsqu'on pétrit de la terre avec de l'eau, il se forme de la boue, et de la même façon, lorsque le Seigneur écrase de Sa masse les corps terrestres des athées, Ses ennemis, celle-ci devient maculée de boue sanglante.
bhrtyanukampita-dhiyeha grhita-murteh
sancintayed bhagavato vadanaravindam yad visphuran-makara-kundala-valgitena vidyotitamala-kapolam udara-nasam
Le Seigneur descend dans l'univers matériel par compassion profonde pour Ses dévots. Il existe à proprement parler deux raisons pour lesquelles le Seigneur apparaît en ce monde ou S'y manifeste en tant qu'avatara. Chaque fois que la pratique de la religion se trouve entravée et que l'irréligion connaît un essor, le Seigneur vient protéger les bhaktas et anéantir les abhaktas. Mais Son but premier consiste à soulager Ses dévots. Il n'a pas à venir Lui-même pour détruire les asuras, car Il a de nombreux agents qui peuvent tout aussi bien faire ce travail pour Lui; l'énergie externe, maya, est elle-même suffisamment puissante pour les faire périr. Mais Il profite de ce qu'Il vient montrer Sa compassion à Ses dévots pour tout naturellement écraser les abhaktas. Le Seigneur apparaît dans la Forme particulière qu'affectionne une certaine catégorie de bhaktas. Le Seigneur possède des millions de Forme, mais toutes représentent le même et unique Absolu. Pour reprendre les termes de la Brahma-samhita: advaitam acyutam anadim ananta-rupam; les différentes Formes du Seigneur ne font qu'un, mais certains bhaktas désirent Le contempler sous les traits de Radha et Krsna, d'autres en tant que Sita et Ramacandra, d'autres en tant que Laksmi-Narayana, et d'autres encore dans Sa Forme à quatre bras de Narayana, ou Vasudeva. Le Seigneur, donc, possède d'innombrables Formes, et Il manifeste une Forme particulière selon la préférence de Son dévot. Or, le yogi se voit recommandé de méditer sur les Formes reconnues par les bhaktas. Il ne s'agit pas pour lui d'imaginer une forme pour sa méditation. Les pratiques auxquelles se livrent les prétendus yogis qui s'inventent un cercle ou une cible ne sont qu'inepties. De fait, le yogi doit méditer sur la Forme du Seigneur Souverain telle qu'elle a été perçue par Ses purs dévots. Yogi est synonyme de "bhakta", et les yogis qui n'ont pas encore atteint le niveau de la pure dévotion doivent marcher sur les traces des dévots du Seigneur. Il est spécifiquement mentionné dans ce verset que le yogi doit méditer sur une Forme du Seigneur ainsi approuvée; il ne peut pas attribuer au Seigneur une forme de son invention.
yac chri-niketam alibhih parisevyamanam
bhutya svaya kutila-kuntala-vrnda-justam mina-dvayasrayam adhiksipad abja-netram dhyayen manomayam atandrita ullasad-bhru
Penchons-nous tout spécialement sur les mots dhyayen manomayam; manomayam n'indique pas l'imagination. Les impersonnalistes croient que le yogi peut imaginer toutes sortes de formes de son choix, mais comme l'enseignent les versets que nous étudions, il lui faut plutôt méditer sur une Forme du Seigneur telle qu'elle est perçue par les bhaktas. Ceux-ci ne prêtent jamais au Seigneur une forme issue de leur imagination; ils ne sauraient se satisfaire de quelque création du mental. Le Seigneur a différentes Formes éternelles et chaque bhakta est attiré par l'une de ces Formes qu'il adore; c'est ainsi qu'il sert le Seigneur. La Forme du Seigneur se trouve dépeinte de diverses manières selon différentes Ecritures. Néanmoins, ainsi que nous l'avons déjà expliqué, la Forme originelle du Seigneur peut être représentée à travers huit matériaux distincts -l'argile, la pierre, le bois, la peinture, le sable...-, selon les ressources du bhakta. Le mot manomayam désigne une Forme du Seigneur gravée dans le mental. Or, il s'agit là d'une des huit façons dont peut être représentée la Forme du Seigneur; il n'est donc pas question d'imagination. La méditation sur la Forme réelle du Seigneur peut se manifester de différentes manières, mais il ne faut pas en conclure que nous devons Lui prêter une forme de notre invention. On trouve dans ce verset deux comparaisons. Le visage du Seigneur est d'abord comparé à un lotus, puis Sa chevelure noire à un essaim d'abeilles bourdonnant autour du lotus, et Ses deux yeux à un couple de poissons nageant dans l'eau. Un lotus posé sur l'eau acquiert une beauté unique lorsqu'il est entouré d'abeilles bourdonnantes et de poissons. Mais le visage du Seigneur se suffit à lui-même et s'avère en tout point complet, de sorte que Sa beauté défie l'élégance naturelle du lotus.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |