SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 28 Les enseignements de Kapila
sur le service de dévotion.
sancintayed bhagavatas caranaravindam
vajrankusa-dhvaja-saroruha-lanchanadhyam uttunga-rakta-vilasan-nakha-cakravala- jyotsnabhir ahata-mahad-dhrdayandhakaram
Les mayavadis prétendent que puisque nous sommes incapables de fixer notre mental sur l'existence impersonnelle de la Vérité Absolue, nous pouvons imaginer toute forme de notre choix pour y fixer notre mental; mais telle n'est pas la méthode que recommande notre verset. L'imagination reste toujours de l'imagination, et les fruits d'une telle pratique n'en seront qu'encore plus imaginaires. Une description tangible de la Forme éternelle du Seigneur nous est ici donnée. La plante de Ses pieds est dite marquée de lignes distinctives rappelant un éclair, un drapeau, une fleur de lotus et un bâton de cornac. L'éclat resplendissant de Ses ongles de pieds s'apparente à celui de la lune. Or, il suffit qu'un yogi contemple les signes marquant la plante des pieds du Seigneur et l'éclatante radiance de Ses ongles de pieds pour s'affranchir de l'ignorance ténébreuse liée à l'existence matérielle. Une telle libération ne peut être obtenue à travers la spéculation intellectuelle, mais en voyant la lumière qui émane des ongles rayonnants des pieds du Seigneur. En d'autres mots, il faut d'abord fixer son mental sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur si l'on désire sortir des ténèbres de l'ignorance propres à l'existence matérielle.
yac-chauca-nihsrta-sarit-pravarodakena
tirthena murdhny adhikrtena sivah sivo bhut dhyatur manah-samala-saila-nisrsta-vajram dhyayec ciram bhagavatas caranaravindam
Ce verset définit plus particulièrement la position de Siva. Les impersonnalistes avancent que la Vérité Absolue n'a pas de forme et qu'on peut dès lors tout aussi bien imaginer la Forme de Visnu, ou celle de Siva, de la déesse Durga, ou encore celle de leur fils, Ganesa. Mais en vérité, le Seigneur Souverain est le maître suprême de tous les êtres. Le Caitanya-caritamrta (Adi 5.142) enseigne à ce propos, ekale isvara krsna ara saba bhrtya: le Seigneur Suprême est Krsna, et tous les autres êtres, y compris Siva et Brahma -pour ne rien dire des autres devas-, sont Ses serviteurs. Or, le même principe se trouve ici décrit. Siva est un personnage important, car il porte sur sa tête les eaux sacrées du Gange, qui proviennent de l'eau ayant servi à laver les pieds de Visnu. Dans son Hari-bhakti-vilasa, Sanatana Gosvami enseigne toutefois que quiconque met le Seigneur Suprême et les devas, y compris Siva et Brahma, sur un pied d'égalité; devient alors un pasandi, ou un athée. Nous ne devons jamais considérer les devas au même niveau que Visnu, le Seigneur Suprême. Un autre point révélateur de ce verset est que le mental de l'âme conditionnée, du fait de son contact avec l'énergie matérielle depuis des temps immémoriaux, renferme un amas d'impuretés sous forme de désirs de dominer la nature matérielle. Ces impuretés forment comme une montagne, mais même une montagne peut être fracassée sous l'impact de la foudre. C'est ainsi qu'agit la méditation sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur contre la montage d'impuretés accumulées dans le mental du yogi. Si le yogi désire réduire à néant ces d'impuretés il doit donc se concentrer sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur et non pas chercher à imaginer quelque chose de vide ou d'impersonnel. Et parce que cette souillure forme une masse compacte, il faut méditer sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur pendant une longue période de temps. Cependant, pour celui qui a l'habitude de porter ses pensées vers les pieds pareils-au-lotus du Seigneur de façon constante, il en va tout autrement. Le bhakta se trouve en effet à tel point fixé sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur qu'il ne pense à rien d'autre. Mais ceux qui pratiquent le yoga doivent quant à eux méditer sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur pendant longtemps après avoir observé les principes régulateurs et ainsi maîtrisé leurs sens. Le message de ce verset est parfaitement clair, bhagavatas caranaravindam: il faut méditer sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Les mayavadis s'imaginent qu'on peut diriger ses pensées vers les pieds pareils-au-lotus de Siva, de Brahma ou de Durga pour atteindre la libération, mais tel n'est pas le cas. Le mot bhagavatah désigne spécifiquement Dieu, la Personne Suprême, Sri Visnu, et personne d'autre. Penchons-nous également ici sur les mots sivah sivo bhut. Par nature, Siva est toujours prestigieux et source d'heureuse fortune, mais ces deux qualités se sont encore accentuées depuis qu'il a accepté de porter sur sa tête les eaux du Gange, lesquelles proviennent des pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Ici, l'accent est mis sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, car d'avoir un rapport quelconque avec eux peut même rehausser l'importance d'un personnage du niveau de Siva, et que dire des êtres ordinaires.
janu-dvayam jalaja-locanaya jananya
laksmyakhilasya sura-vanditaya vidhatuh urvor nidhaya kara-pallava-rocisa yat samlalitam hrdi vibhor abhavasya kuryat
Brahma est le régent attitré de l'univers. Et puisque son père est Garbhodakasayi Visnu, Laksmi, la déesse de la fortune, est naturellement sa mère. Or, tous les devas ainsi que les habitants d'autres planètes offrent leur adoration à Laksmiji; même les êtres humains se montrent ardemment désireux de recevoir les bénédictions de la déesse de la fortune. Laksmi, quant à elle, s'emploie constamment à masser les jambes et les cuisses du Seigneur Souverain, Narayana, qui est allongé sur l'océan Garbha à l'intérieur de l'univers. Ce verset désigne Brahma comme le fils de la déesse de la fortune, mais à dire vrai, il n'est pas issu de son sein. Brahma naît de l'abdomen du Seigneur Lui-même. En effet, un lotus pousse à partir de l'abdomen de Garbhodakasayi Visnu, et Brahma naît au sommet de cette fleur. Par conséquent, le fait que Laksmiji masse les cuisses du Seigneur ne doit pas être vu comme le comportement d'une épouse ordinaire. Le Seigneur transcende le comportement des hommes et femmes ordinaires. Le mot abhavasya est d'ailleurs particulièrement révélateur à cet égard, car il indique que le Seigneur put engendrer Brahma sans l'assistance de la déesse de la fortune. Du moment que le comportement spirituel diffère des actes matériels, il ne faut pas croire que le Seigneur reçoit le service de Son épouse au même titre qu'un deva ou qu'un être humain. Il est ici recommandé au yogi de toujours conserver cette image dans son coeur. Le bhakta songe constamment à la relation unissant Laksmi et Narayana; il ne médite pas sur le plan du mental comme le font les impersonnalistes et les nihilistes. Le mot bhava désigne celui qui revêt un corps matériel, et abhava celui qui n'a pas à revêtir un tel corps, mais qui descend dans son corps spirituel, originel. Narayana, le Seigneur, n'est pas né de quoi que ce soit de matériel. La matière ne peut produire que de la matière mais Lui ne vient pas de la matière. Brahma, lui, est né après la création de l'univers, mais puisque le Seigneur existait avant cette création, Il n'a pas de corps matériel.
uru suparna-bhujayor adhi sobhamanav
ojo-nidhi atasika-kusumavabhasau vyalambi-pita-vara-vasasi vartamana- kanci-kalapa-parirambhi nitamba-bimbam
La Personne Divine est la source de toute force, et Sa force repose sur les cuisses de Son Corps spirituel et absolu. Son Corps entier possède toutes les perfections manifestées dans leur plénitude: la richesse, la puissance, la renommée, la beauté, le savoir et le renoncement. Le yogi se voit conseillé de méditer sur la Forme transcendante du Seigneur, en commençant par la plante de Ses pieds et en s'élevant graduellement jusqu'aux genoux. puis aux cuisses, et enfin au visage. Ainsi la méditation sur Dieu, la Personne Souveraine, commence-t-elle par Ses pieds. La description de la Forme divine du Seigneur se trouve exactement reproduite dans l'arca-vigraha, la statue que l'on trouve dans les temples. En général, la partie inférieure du corps de la murti est habillée d'une étoffe de soie jaune. Telle est la robe de Vaikuntha, ou le vêtement qu'Il porte dans le monde spirituel, et qui descend jusqu'à Ses chevilles. Ainsi, puisque le yogi a tant d'objets de méditation spirituels à sa disposition, il n'a aucune raison de contempler quelque forme imaginaire, ainsi que le font les prétendus yogis dont l'objet de méditation est impersonnel.
nabhi-hradam bhuvana-kosa-guhodara-stham
yatratma-yoni-dhisanakhila-loka-padmam vyudham harin-mani-vrsa-stanayor amusya dhyayed dvayam visada-hara-mayukha-gauram
Il est ensuite recommandé aux yogis de méditer sur le nombril du Seigneur qui sert de fondement à la création matérielle tout entière. De même qu'un enfant se trouve lié à sa mère par le cordon ombilical, le premier être créé, Brahma, se trouve, par la volonté suprême du Seigneur, lié à ce dernier par la tige d'un lotus. Un des versets qui précèdent nous informait que la déesse de la fortune, Laksmi, qui s'emploie à masser les jambes, les chevilles et les cuisses du Seigneur, est aussi appelée la mère de Brahma; mais en fait, Brahma naît de l'abdomen du Seigneur, et non pas du ventre de sa mère. Telles sont les conceptions inconcevables du Seigneur, et l'on ne devrait pas raisonner matériellement en pensant: "Comment un père peut-il mettre au monde un enfant?" La Brahma-samhita explique que chaque partie du Corps du Seigneur jouit du pouvoir de toutes les autres parties; parce que tout est spirituel en Lui, les différentes parties de Son Corps ne sont pas conditionnées. Ainsi le Seigneur peut-Il voir avec Ses oreilles. L'oreille matérielle peut certes entendre, mais non pas voir; or, comprenons à la lumière de la Brahma-samhita que le Seigneur peut également voir avec Ses oreilles et entendre avec Ses yeux. Chaque organe de Son Corps spirituel peut remplir les fonctions de tous les autres organes. Son abdomen est également décrit ici comme l'origine de tous les systèmes planétaires. Brahma joue le rôle de créateur des différents systèmes planétaires, mais son énergie créatrice provient de l'abdomen du Seigneur. Chaque fonction créatrice dans l'univers a nécessairement un lien direct avec Dieu. Quant aux colliers de perles qui décorent la partie supérieure du Corps du Seigneur, ils sont également spirituels et c'est pourquoi le yogi se voit prescrit de contempler l'éclat lactescent des perles ornant Sa poitrine.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |