SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 26 Les principes
fondamentaux de la nature matérielle.
prabhavam paurusam prahuh
kalam eke yato bhayam ahankara-vimudhasya kartuh prakrtim iyusah
La crainte qu'éprouvent les êtres devant la mort s'explique par leur faux ego, ou leur identification au corps. Et tous les êtres ont peur de la mort. En réalité, il n'y a pas de mort pour l'âme spirituelle, mais du fait de notre identification profonde avec le corps, il se développe en nous une crainte de la mort. Le Srimad-Bhagavatam (11.2.37) enseigne également: bhayam dvitiyabhinivesatah syat; le mot dvitiya désigne la matière, qui est la manifestation secondaire de l'élément spirituel, car la matière procède de l'esprit. Tout comme les éléments matériels décrits dans ces versets puisent leur origine en le Seigneur Souverain, en l'Etre spirituel suprême, le corps est lui-même un produit de l'âme spirituelle. Aussi le corps matériel est-il appelé dvitiya, ou "le second". Celui qui s'absorbe dans cet élément second, dans cette manifestation ultérieure de l'esprit, redoute la mort. A l'opposé, celui qui possède la ferme conviction d'être distinct de son corps, ne conçoit pas la moindre crainte à l'égard de la mort, car l'âme spirituelle ne meurt pas. Si l'âme s'emploie aux activités spirituelles du service de dévotion, elle s'affranchit complètement du règne de la naissance et de la mort. Vient ensuite pour elle la liberté spirituelle, ou l'affranchissement définitif de tout corps matériel. La peur de la mort survient par l'action du kala, ou du facteur temps, qui représente l'influence de Dieu, la Personne Suprême. En d'autres mots, le temps est destructeur. Tout ce qui est créé est également sujet à la destruction et à l'anéantissement, ce qui représente l'action du temps. Le temps est une manifestation du Seigneur, destinée à nous rappeler que nous devons nous abandonner à Lui. Le Seigneur S'adresse à chaque âme conditionnée sous la forme du temps. Dans la Bhagavad-gita, Il déclare que quiconque s'abandonne à Lui ne connaîtra plus jamais les problèmes liés à la naissance et à la mort. Nous devons donc voir le temps comme le Seigneur Souverain présent devant nous. C'est d'ailleurs ce qu'explique le verset suivant.
prakrter guna-samyasya
nirvisesasya manavi cesta yatah sa bhagavan kala ity upalaksitah
L'état non manifesté de la nature matérielle, le pradhana, se trouve ici davantage expliqué. Le Seigneur dit que lorsque la nature matérielle non manifestée se met en mouvement sous l'effet du regard de Dieu, elle commence à se manifester de différentes façons. Avant cette mise en mouvement, elle reste à l'état neutre, sans qu'il y ait interaction des trois gunas. En d'autres mots, la nature matérielle ne peut produire aucune sorte de manifestation sans le contact du Seigneur Suprême. La Bhagavad-gita explique fort bien tout ceci. Dieu, la Personne Souveraine, Se trouve à l'origine des créations de la nature matérielle. Sans Son intervention, elle ne peut rien produire. Le Caitanya-caritamrta donne également un exemple tout à fait approprié. Bien que les excroissances charnues pendant au cou de la chèvre semblent être des mamelles, elles ne donnent pas de lait pour autant. De même, les actions et réactions de la nature matérielle peuvent sembler merveilleuses aux yeux des hommes de science, mais en réalité, celle-ci ne peut rien sans le temps qui la met en mouvement et qui représente Dieu, la Personne Souveraine. C'est lorsque le temps anime la nature matérielle en son état de neutralité qu'elle commence à produire différentes variétés de manifestations. En dernière analyse, on dira donc que c'est Dieu, la Personne Suprême, qui Se trouve à l'origine de la création. Tout comme une femme ne peut avoir d'enfant à moins d'être fécondée par un homme, la nature matérielle ne peut produire ou manifester quoi que ce soit à moins d'être "fécondée" par Dieu sous la forme du temps.
antah purusa-rupena
kala-rupena yo bahih samanvety esa sattvanam bhagavan atma-mayaya
Ce verset enseigne que Dieu, en tant que l'Ame Suprême, réside dans le coeur. L'idée est reprise dans la Bhagavad-gita, selon laquelle l'Ame Suprême Se trouve aux côtés de l'âme distincte et agit comme témoin. Ce que corroborent également d'autres Textes védiques: deux oiseaux sont posés sur un même arbre, le corps; l'un d'eux mange les fruits de l'arbre, tandis que l'autre l'observe. Ce purusa, le Paramatma dans le corps de l'être individuel, est décrit par la Bhagavad-gita (XIII.23) comme l'upadrasta, le témoin, et l'anumanta, l'autorité qui sanctionne. L'âme conditionnée connaît les joies et les peines propres au corps qui lui a été donné par les soins de l'énergie externe du Seigneur Suprême. Mais l'Etre Suprême, ou le Paramatma, diffère de l'être conditionné. La Bhagavad-gita Le qualifie en effet de mahesvara, ou de Seigneur Souverain. Il est Paramatma, et non pas jivatma. Le nom Paramatma désigne l'Ame Suprême qui accompagne l'âme conditionnée en tant que témoin consentant de ses actes. L'âme conditionnée vient en ce monde en vue de dominer la nature matérielle. Mais comme il est impossible de faire quoi que ce soit sans la sanction du Seigneur Suprême, Celui-ci accepte d'accompagner le jiva, l'âme distincte, comme témoin et consentant. Il est en outre bhokta, car Il soutient et maintient l'âme conditionnée. Parce que l'être distinct fait partie intégrante de Dieu, la Personne Suprême, Celui-ci Se montre très affectueux envers lui. Malheureusement, lorsque l'être distinct est égaré ou illusionné par l'énergie externe, il oublie sa relation éternelle avec le Seigneur; toutefois, aussitôt qu'il reprend conscience de sa nature originelle, il devient libéré. L'indépendance infime de l'être conditionné se manifeste par sa position marginale; s'il le désire, il peut oublier Dieu et tomber dans l'existence matérielle avec un faux ego lui permettant de régner en maître sur la nature matérielle, mais il peut tout aussi bien, s'il le veut, se tourner vers le service du Seigneur. Cette indépendance lui est offerte. Son existence conditionnée se termine et sa vie devient fructueuse dès qu'il tourne son regard vers le Seigneur, mais s'il mésuse de son indépendance, il s'engloutit dans l'existence matérielle. Néanmoins, le Seigneur est si bon qu'Il demeure toujours auprès de l'âme conditionnée en tant que l'Ame Suprême, non pas pour jouir ou souffrir du corps matériel, mais simplement comme témoin et consentant de façon à ce que l'être distinct puisse recueillir les fruits de ses activités, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. A l'extérieur du corps de l'âme conditionnée, le Seigneur Suprême reste présent sous la forme du temps. Selon la philosophie du sankhya, il existe vingt-cinq éléments: les vingt-quatre éléments déjà décrits auxquels vient s'ajouter le facteur temps. Et selon certains philosophes érudits, l'Ame Suprême Se trouve inclue au nombre des composants de l'univers, pour former un total de vingt-six éléments.
daivat ksubhita-dharminyam
svasyam yonau parah puman adhatta viryam sasuta mahat-tattvam hiranmayam
La fécondation de la nature matérielle se trouve également décrite au troisième verset du chapitre-quatorze de la Bhagavad-gita. L'élément fondamental de la nature matérielle est le mahat-tattva, ou l'origine de la multiplicité des espèces. C'est cette partie de la nature matérielle qu'on nomme aussi bien pradhana que brahman, qui est fécondée par le Seigneur Suprême et qui donne naissance aux diverses variétés d'êtres. Si l'on désigne ici la nature matérielle du nom de Brahman, c'est parce qu'elle constitue un reflet dénaturé de la nature spirituelle. Le Visnu Purana explique que les êtres distincts, appartiennent à la nature spirituelle. La puissance du Seigneur Suprême est spirituelle, et les êtres distincts, bien qu'ils appartiennent à Sa puissance marginale, sont également spirituels. Sinon, cette description de la fécondation de l'énergie matérielle par le Seigneur ne conviendrait pas. En effet, le Seigneur ne déposerait pas Sa semence dans ce qui n'est pas spirituel; et pourtant, notre verset indique qu'Il l'a introduite dans la nature matérielle, ce qui signifie que les êtres distincts sont de nature spirituelle. Après sa fécondation, la nature matérielle donne naissance à toutes sortes d'êtres, avec mille formes diverses, depuis le plus grand d'entre tous, Brahma, jusqu'à la minuscule fourmi. La Bhagavad-gita (XIV.4) qualifie clairement la nature matérielle de sarva yonisu, ce qui signifie que toutes les variétés d'êtres, qu'il s'agisse des devas, des êtres humains, des quadrupèdes, des oiseaux ou de toute autre espèce manifestée, ont pour mère la nature matérielle, alors que le Seigneur Souverain, Lui, est le père qui donne la semence. On peut voir de façon générale que le père donne la vie à l'enfant, alors que la mère lui donne son corps; bien que la semence de vie soit donnée par le père, le corps se développe en effet à l'intérieur du ventre de la mère. Suivant une idée analogue, l'être spirituel se trouve introduit dans le sein de la nature matérielle, mais parce qu'il reçoit son corps de celle-ci, il revêtira diverses formes parmi les espèces les plus variées. La théorie selon laquelle les signes de la vie apparaissent grâce à l'interaction des vingt-quatre éléments matériels se trouve ici réfutée. La force vivante provient directement de Dieu, la Personne Suprême, et elle est tout à fait spirituelle. Par suite, aucune somme de connaissance scientifique ne permettra jamais de produire la vie. La force vivante vient du monde spirituelle, et elle n'a rien à voir avec l'interaction des éléments matériels.
visvam atma-gatam vyanjan
kuta-stho jagad-ankurah sva-tejasapibat tivram atma-prasvapanam tamah
Puisque le Seigneur Souverain existe éternellement dans la connaissance et la félicité parfaites, Ses différentes énergies existent, elles aussi, éternellement à l'état latent. Ainsi, lorsque est créé le mahat-tattva, il manifeste l'ego matériel et dévore les ténèbres qui ont enveloppé la manifestation cosmique au moment de la dissolution. Nous pouvons ici développer cette idée. La nuit, l'homme demeure inactif, enveloppé par les ténèbres, mais lorsqu'il s'éveille le matin, le voile de la nuit, ou l'oubli dû au sommeil, se dissipe. De même, lorsque le mahat-tattva fait son apparition après la nuit de la dissolution, il manifeste sa radiance en vue de déployer la variété au sein de l'univers matériel.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |