SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 22

Le mariage de Kardama
Muni et de Devahuti.

VERSET 21

maitreya uvaca
sa ugra-dhanvann iyad evababhase
asic ca tusnim aravinda-nabham
dhiyopagrhnan smita-sobhitena
mukhena ceto lulubhe devahutyah

TRADUCTION

Sri Maitreya dit:
O Vidura, illustre guerrier, le sage Kardama n'eut que ces mots, après quoi il redevint silencieux, songeant à son Seigneur adoré, Sri Visnu, du nombril duquel pousse un lotus. Comme il souriait sans rien dire, son visage captiva le mental de Devahuti, qui commença à méditer sur le noble sage.

TENEUR ET PORTEE

Il apparaît que Kardama Muni se trouvait pleinement absorbé dans la conscience de Krsna, car dès qu'il se tut, il se mit à penser à Visnu. Telle est la Conscience de Krsna. Les purs bhaktas sont à tel point absorbés dans la pensée de Krsna qu'ils n'ont en fait aucune autre occupation; bien que leurs actes et leurs pensées puissent paraître d'une autre nature, ils méditent toujours sur Krsna. Le sourire d'une personne ainsi consciente de Krsna revêt un tel attrait que ce seul sourire lui vaut de gagner de nombreux admirateurs, disciples et fidèles.

VERSET 22

so nu jnatva vyavasitam
mahisya duhituh sphutam
tasmai guna-ganadhyaya
dadau tulyam praharsitah

TRADUCTION

Après avoir pris connaissance de la décision finale de la reine et de Devahuti, l'empereur, avec la plus grande joie, remit sa fille au sage, qui était lui aussi paré d'innombrables vertus.

VERSET 23

satarupa maha-rajni
paribarhan maha-dhanan
dampatyoh paryadat pritya
bhusa-vasah paricchadan

TRADUCTION

Pour la dot, l'impératrice Satarupa combla affectueusement les futurs mariés de présents d'une grande valeur et appropriés pour l'occasion, tels que joyaux, vêtements et divers autres articles.

TENEUR ET PORTEE

L'usage selon lequel une dot accompagne la jeune épouse prévaut encore en Inde. L'importance des présents varie selon la position du père de la promise. Les mots paribarhan maha-dhanan désignent la dot qui doit être remise au jeune époux au moment du mariage. Ici, les mots maha-dhanan indiquent tout particulièrement des biens de grande valeur, dignes d'une dot impérial. On trouve également dans ce verset les mots bhusa-vasah paricchadan; bhusa signifie "ornements", vasah "vêtements", et paricchadan "divers biens domestiques". Tout ce qui est nécessaire au mariage de la fille d'un empereur fut remis à Kardama Muni, qui avait jusqu'alors observé le voeu de continence en tant que brahmacari. La future mariée, Devahuti, se trouvait donc richement vêtue et parée d'ornements coûteux.

Ainsi, Kardama Muni fut uni dans la plus grande opulence à une digne épouse et reçut tous les biens nécessaires pour fonder un foyer. Selon la coutume védique, une telle dot est encore remise de nos jours au futur époux par le père de la jeune fille; même dans les milieux les plus misérables de l'Inde, on voit encore des mariages où des centaines et des milliers de roupies sont données en guise de dot. Cette tradition n'a rien d'illégal, comme certains ont essayé de le démontrer. La dot est un présent fait à la jeune fille en âge de se marier par son père désireux de lui montrer ses bonnes dispositions, et il faut y voir une obligation. Dans les rares cas où le père se voit dans l'impossibilité absolue de donner une dot à sa fille, les Ecritures prescrivent qu'il doit au moins lui donner, par principe, un fruit et une fleur. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita, même Dieu peut également Se montrer satisfait d'une simple offrande de fruits ou de fleurs. Ainsi, lorsqu'il y a impossibilité financière et aucun autre moyen de constituer une dot, il est possible de satisfaire le futur époux par une offrande de fruits et de fleurs.

VERSET 24

prattam duhitaram samrat
sadrksaya gata-vyathah
upaguhya ca bahubhyam
autkanthyonmathitasayah

TRADUCTION

Ainsi dégagé de sa responsabilité envers sa fille pour l'avoir confiée à un parti convenable, Svayambhuva Manu, l'esprit troublé par l'idée de la séparation, étreignit dans ses bras la princesse si chère à son coeur.

TENEUR ET PORTEE

Un père demeure préoccupé jusqu'à ce qu'il ait remis la main de sa fille devenue mûre à un garçon digne d'elle. La responsabilité d'un père et d'une mère envers leurs enfants se poursuit en effet jusqu'à ce qu'ils les aient dûment mariés; cette tâche accomplie, le père se trouve dégagé de sa responsabilité.

VERSET 25

asaknuvams tad-viraham
muncan baspa-kalam muhuh
asincad amba vatseti
netrodair duhituh sikhah

TRADUCTION

L'empereur, incapable de supporter la séparation, baigna de larmes incessantes la chevelure de sa fille en gémissant: "Ma chère mère! Ma chère fille!"

TENEUR ET PORTEE

Le mot amba revêt ici une signification particulière. Par affection pour elle, un père s'adresse parfois à sa fille par les mots "mère" ou "chérie". Les émotions liées à la séparation s'expliquent par le fait que, jusqu'à son mariage, la promise reste la fille de son père, tandis qu'après son union elle n'est plus considérée comme une fille au foyer; en effet, elle devra dès lors vivre dans la demeure de son époux, car après le mariage elle est placée totalement sous la tutelle de ce dernier. Selon la Manu-samhita, une femme n'est jamais indépendante. Elle reste dépendante de son père jusqu'à son mariage, puis de son époux jusqu'à ce qu'elle parvienne au seuil de la vieillesse et que ses enfants soient parvenus à maturité. Dans sa vieillesse, alors que l'époux a adopté le sannyasa et quitté le foyer, elle demeure sous la protection de ses fils. Ainsi la femme est-elle toujours dépendante, que ce soit de son père, de son époux ou de ses fils adultes. C'est ce que nous verrons dans la vie de Devahuti. Son père la confia à la charge de son époux, Kardama Muni, lequel quitterait par la suite le foyer et la remettrait aux soins de son fils, Kapiladeva. Ce récit décrira ces événements tels qu'ils se succèdent.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare