SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 21

Entretien de
Manu avec Kardama.

VERSET 41

matta-dvija-ganair ghustam
matta-bhramara-vibhramam
matta-barhi-natatopam
ahvayan-matta-kokilam

TRADUCTION

Partout résonnait le chant des oiseaux au comble de la joie. Des abeilles bourdonnaient, enivrées. Des paons grisés dansaient fièrement, et de joyeux coucous s'interpellaient.

TENEUR ET PORTEE

La douceur des sons plaisants entendus sur les berges du lac Bindu-sarovara se trouve ici décrite. Après s'être gavées de miel, les abeilles noires, enivrées, se mettaient à bourdonner follement. Des paons grisés dansaient comme de véritables acteurs, et de joyeux coucous appelaient gaiement leur partenaire.

VERSET 42-43

kadamba-campakasoka-
karanja-bakulasanaih
kunda-mandara-kutajais
cuta-potair alankrtam

karandavaih plavair hamsaih
kurarair jala-kukkutaih
sarasais cakravakais ca
cakorair valgu kujitam

TRADUCTION

De nombreux arbres fleuris -des kadambas, des campakas, des asokas, des karanjas, des bakulas, des asanas, des kundas, des mandaras, des kutajas et de jeunes manguiers- agrémentaient les rives du lac Bindu-sarovara. L'air était chargé des doux chants des karandavas, des plavas, des cygnes, des orfraies, des poules d'eau, des grues, des cakravakas et des cakoras.

TENEUR ET PORTEE

Il est impossible de traduire la plupart des noms d'arbres, de fleurs, de fruits et d'oiseaux qui embellissaient le lac Bindu-sarovara. Tous les arbres mentionnés sont très vertueux en raison des magnifiques fleurs odorantes qu'ils produisent, comme la campaka, la kadamba et la bakula. Les doux chants des oiseaux aquatiques et des grues rendaient l'endroit aussi agréable qu'il se peut concevoir, et créaient une atmosphère tout à fait appropriée à la vie spirituelle.

VERSET 44

tathaiva harinaih krodaih
svavid-gavaya-kunjaraih
gopucchair haribhir markair
nakulair nabhibhir vrtam

TRADUCTION

Ses rives abondaient en cerfs, sangliers, porcs-épics, gavayas, éléphants, babouins, lions, singes, mangoustes et chevrotains porte-musc.

TENEUR ET PORTEE

On ne trouve pas de chevrotains porte-musc dans toutes les forêts, mais seulement en des endroits comme le Bindu-sarovara; et ils sont toujours enivrés par le parfum que sécrète leur ombilic. Quant aux gavayas, il s'agit d'une variété de vaches dont la queue se termine par une imposante touffe de poils que l'on utilise dans les temples pour éventer les murtis. On désigne également parfois les gavayas par le nom de camaris, et on les tient pour très sacrés. En Inde, il existe encore des bohémiens et des marchands de produits de la forêt qui prospèrent grâce au commerce du kasturi (musc) et des touffes de poils provenant des camaris. Ces produits sont toujours très demandés par les classes supérieures de la population hindoue, et leur commerce est toujours florissant dans les grandes villes et villages indiens.

VERSET 45-47

pravisya tat tirtha-varam
adi-rajah sahatmajah
dadarsa munim asinam
tasmin huta-hutasanam

vidyotamanam vapusa
tapasy ugra-yuja ciram
natiksamam bhagavatah
snigdhapangavalokanat
tad-vyahrtamrta-kala-
piyusa-sravanena ca

pramsum padma-palasaksam
jatilam cira-vasasam
upasamsritya malinam
yatharhanam asamskrtam

TRADUCTION

Pénétrant en ce lieu infiniment saint avec sa fille, le premier monarque, Svayambhuva Manu, s'approcha du sage et le trouva assis dans son ermitage, venant tout juste de se rendre propice le feu sacré en y versant des oblations. Son corps brillait d'un éclat exceptionnel, et bien qu'il eût mené une vie d'ascèse sévère pendant longtemps, il n'était pas émacié car le Seigneur avait tourné vers lui Son regard affectueux et l'avait nourri du nectar coulant en abondance de Ses paroles semblables à la lune. Le sage était de haute stature, ses yeux grands comme les pétales du lotus, ses cheveux déferlaient en longues mèches compactes, et il était vêtu de simples haillons. Svayambhuva Manu s'approcha et vit qu'il n'était pas tout à fait propre, tel un joyau non poli.

TENEUR ET PORTEE

Voici dépeints quelques traits d'un brahmacari-yogi. Le matin, le premier devoir du brahmacari recherchant l'élévation spirituelle consiste à s'acquitter du huta-hutasana, qui consiste à offrir des oblations sacrificielles au Seigneur Suprême. Les adeptes du brahmacarya ne peuvent dormir jusqu'à sept ou neuf heures du matin; ils doivent se lever tôt, au moins une heure et demie avant le lever du soleil, et offrir des oblations dans le feu, ou bien, dans l'âge ou nous vivons, chanter le Saint Nom du Seigneur, Hare Krsna. Comme l'a souligné Sri Caitanya, kalau nasty eva nasty eva nasty eva gatir anyatha: il n'y a pas d'autre voie, pas d'autre voie, pas d'autre voie, dans cet âge, que celle du chant des Saint Noms du Seigneur. Un brahmacari doit donc se lever de bon matin et, après s'être préparé, chanter le Saint Nom. Selon la description des traits physiques du sage, il apparaît qu'il s'était soumis à une sévère ascèse; telle est la marque de celui qui observe le brahmacarya, le voeu de continence. Si l'on ne se conforme pas à ce mode de vie, cela se verra à la concupiscence marquant le visage et le reste du corps. Le mot vidyotamanam indique qu'il avait physiquement l'allure du brahmacari. Voilà comment déterminer si quelqu'un s'est livré ou non à de grandes austérités en pratiquant le yoga. Un ivrogne, un fumeur ou un homme avide de plaisir sexuel ne saurait en aucun cas être apte à pratiquer le yoga. En général, les yogis ont l'air plutôt maigre car ils ne vivent pas dans le confort, mais Kardama Muni, lui, n'était pas émacié, car il avait pu contempler le Seigneur Suprême en personne. Le mot snigdhapangavalokanat signifie précisément qu'il eut la fortune de pouvoir contempler le Seigneur de ses yeux. Il semblait également jouir d'une bonne santé, et ce, parce qu'il avait pu directement entendre les sons divins et sublimes émanant des lèvres pareilles-au-lotus du Seigneur Souverain. Pareillement, quiconque entend le son spirituel des Saints Noms du Seigneur, Hare Krsna, acquiert une meilleure santé. Nous avons pu constater de nous-mêmes que de nombreux brahmacaris et grhasthas liés à l'Association Internationale pour la Conscience de Krsna ont acquis une meilleure santé, et que leurs visages se sont mis à briller d'un nouvel éclat. Un brahmacari engagé sur la voie du progrès spirituel doit absolument paraître sain et radieux. La comparaison du sage avec un joyau non poli convient tout à fait, car même si un joyau à peine sorti de la mine n'a pas encore été poli, son éclat ne peut être voilé. Pareillement, même si Kardama n'était pas convenablement vêtu ni son corps tout à fait propre, son apparence générale était comparable à celle d'un joyau.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare