SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 1 Les questions de Vidura.
api sva-dorbhyam vijayacyutabhyam
dharmena dharmah paripati setum duryodhano tapyata yat-sabhayam samrajya-laksmya vijayanuvrttya
Maharaja Yudhisthira représente l'emblème de la religion pure. Lorsqu'il gouvernait, assisté de Sri Krsna et d'Arjuna, l'opulence de son royaume surpassait toutes les richesses que l'on peut prêter en imagination au royaume des cieux. En vérité, ses deux bras étaient Sri Krsna et Arjuna, d'où son opulence insurpassable. Mais Duryodhana, qui enviait cette richesse, conçut bon nombre de projets destinés à mettre Yudhisthira en difficulté, jusqu'à ce qu'éclate enfin la Bataille de Kuruksetra. Après cette guerre, Maharaja Yudhisthira put à nouveau gouverner le royaume en toute légitimité. Et il s'employa à rétablir les principes d'honneur et de respect dus à la religion. Telle est la beauté d'un royaume dirigé par un roi vertueux de la qualité de Maharaja Yudhisthira.
kim va krtaghesv agham atyamarsi
bhimo hivad dirghatamam vyamuncat yasyanghri-patam rana-bhur na sehe margam gadayas carato vicitram
Vidura connaissait la force de Bhima. Chaque fois que celui-ci se trouvait sur un champ de bataille, son pas et le merveilleux mouvement de sa masse étaient insupportables pour l'ennemi. Pendant longtemps le puissant Bhima n'avait pris aucune mesure punitive contre les fils de Dhrtarastra. D'où la question de Vidura, désireux de savoir s'il avait déjà donné libre cours à sa colère, comparable à celle d'un cobra blessé. Lorsqu'un cobra lâche son venin après avoir longtemps retenu sa colère, sa victime ne saurait survivre à sa morsure.
kaccid yasodha ratha-yuthapanam
gandiva-dhanvoparatarir aste alaksito yac-chara-kuta-gudho maya-kirato girisas tutosa
Siva voulut un jour mettre à l'épreuve la puissance d'Arjuna en se déguisant en chasseur et en lui disputant un sanglier abattu. S'approchant d'Arjuna, il fut bientôt couvert de flèches; satisfait de sa valeur, il lui offrit l'arme Pasupata et le bénit. Vidura s'enquiert ici du bien-être de l'illustre guerrier.
yamav utasvit tanayau prthayah
parthair vrtau paksmabhir aksiniva remata uddaya mrdhe sva-riktham parat suparnav iva vajri-vaktrat
Indra, le souverain du royaume édénique, tient la foudre dans sa main et jouit donc d'une puissance exceptionnelle; pourtant, Garuda, l'oiseau-porteur de Sri Visnu, put lui arracher le nectar qu'il portait à ses lèvres. Dans le même ordre d'idée, Duryodhana, qui possédait une puissance égale à celle du monarque des cieux, ne put empêcher les fils de Prtha, les Pandavas, de lui reprendre leur royaume. Ensemble, Garuda et les Parthas comptent parmi les bhaktas chers au Seigneur, et c'est pour cette raison qu'ils purent affronter avec succès d'aussi redoutables ennemis. Cette question de Vidura porte sur les deux plus jeunes frères Pandavas, à savoir Nakula et Sahadeva. Ces jumeaux étaient fils de Madri, la seconde mère des autres Pandavas. Mais bien qu'ils fussent seulement les demi-frères de leurs aînés, du fait que Kunti se soit occupée d'eux après le décès de Madri et de son époux (Maharaja Pandu), Nakula et Sahadeva étaient tenus pour aussi dignes que les trois autres Pandavas, soit Yudhisthira, Bhima et Arjuna. A vrai dire, les cinq frères sont célébrés de par le monde entier comme de véritables frères. Les trois aînés des Pandavas veillèrent donc toujours sur leurs deux cadets tout comme la paupière protège l'oeil, et Vidura désirait ardemment savoir si, après la reprise du royaume accaparé par Duryodhana, les jeunes frères étaient toujours heureux sous la protection de leurs aînés.
aho prthapi dhriyate rbhakarthe
rajarsi-varyena vinapi tena yas tv eka-viro dhiratho vijigye dhanur dvitiyah kakubhas catasrah
Une femme fidèle ne peut vivre sans son époux, son seigneur, et c'est pourquoi toutes les veuves rejoignaient de plein gré leur époux décédé, dans le feu de la crémation. Une telle pratique était courante en Inde, puisque toutes les femmes étaient chastes et fidèles à leur époux. Plus tard cependant, avec l'avènement de l'âge de Kali, les femmes devinrent de moins en moins fidèles, et les pratiques d'antan furent peu à peu abandonnées. Récemment, il fallut même abolir cette coutume, car le geste volontaire de l'épouse avait été remplacé par une obligation sociale. A la mort de Maharaja Pandu, ses deux épouses, Kunti et Madri, étaient prêtes à le rejoindre sur le bûcher funéraire, mais Madri pria Kunti de continuer à vivre pour le bien de leurs jeunes fils, les cinq Pandavas. Et Kunti se rendit à sa requête, renforcée par celle de Vyasadeva. Ainsi, en dépit de son profond chagrin, Kunti résolut de poursuivre son existence, non pas pour jouir de la vie en l'absence de son époux, mais seulement pour protéger ses enfants. C'est parce qu'il connaît bien la situation de sa belle-soeur, Kuntidevi, que Vidura fait référence à cet incident. Nous savons que Maharaja Pandu était un valeureux guerrier, et que seul, arc et flèches en main, il avait pu conquérir les quatre directions du monde. En l'absence d'un tel époux, il était pratiquement impossible pour Kunti de poursuivre ses jours, même en tant que veuve, mais elle dut se résoudre à vivre pour veiller sur ses cinq fils.
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