SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 1 Les questions de Vidura.
svayam dhanur dvari nidhaya mayam
bhratuh puro marmasu tadito pi sa ittham atyulbana-karna-banair gata-vyatho yad uru manayanah
Un pur dévot du Seigneur n'est jamais perturbé devant les fâcheux concours de circonstances créés par l'énergie externe du Seigneur. La Bhagavad-gita (III.27) enseigne:
sa nirgatah kaurava-punya-labdho
gajahvayat tirtha-padah padani anvakramat punya-cikirsayorvyam adhisthito yani sahasra-murtih
Vidura était sans nul doute une âme vertueuse et des plus avancées, sans quoi il n'aurait pu naître au sein de la dynastie Kaurava. Le fait d'appartenir à un haut lignage, de posséder de grandes richesses, de jouir d'une vaste érudition et d'avoir un physique agréable représentent autant de fruits d'actes vertueux accomplis dans le passé. Mais de tels atouts ne suffisent pas pour recevoir la grâce du Seigneur et obtenir de Le servir d'un amour absolu. Vidura, quant à lui, ne se considérait pas comme quelqu'un de très pieux, et il décida de se rendre dans tous les saints lieux de pèlerinage de cette planète dans l'espoir d'accroître son niveau de piété et de s'approcher davantage du Seigneur. A cette époque, Sri Krsna Se trouvait Lui-même présent sur terre, et Vidura aurait certes pu Le rencontrer directement, mais il s'en abstint, ne se jugeant pas suffisamment affranchi du péché. En effet, nul ne peut vouer tout son être au Seigneur s'il n'est déjà complètement libéré des suites de tous ses péchés. Vidura sentait qu'au contact de politiciens tels Dhrtarastra et Duryodhana il avait perdu sa vertu, si bien que dans l'immédiat il ne se trouvait pas apte à rencontrer le Seigneur. On trouve ce principe énoncé dans la Bhagavad-gita (VII.28):
Les hommes qui se rendent dans les saints lieux de pèlerinage y sont absous de leurs fautes; et de tels lieux se trouvent disséminés à travers l'univers entier à seule fin de faciliter la tâche de tous ceux qui ont à coeur de mener une vie de pureté et de parfaire la réalisation de Dieu. Néanmoins, le pèlerin ne devrait pas se contenter de visiter les lieux saints et d'accomplir ses devoirs prescrits; il devrait cultiver l'ardent désir de rencontrer les âmes magnanimes qui bénissent ces lieux de leur présence et s'absorbent dans le service du Seigneur. Dans tous les pèlerinages, on peut voir les diverses Formes spirituelles du Seigneur. Ces Formes qui peuvent être facilement appréciées par l'homme du commun sont appelées arca-murtis. Dieu, la Personne Suprême, Se situe au-delà de la perception de nos sens matériels; nos yeux matériels ne peuvent Le voir, ni nos oreilles matérielles L'entendre. Nous ne pouvons percevoir le Seigneur que dans la mesure où nous nous vouons à Son service, ou selon la proportion dans laquelle nos vies sont exemptes d'activités coupables. Cependant, même si nous ne sommes pas affranchis du péché, le Seigneur, dans Son immense bonté, nous permet de Le contempler dans Ses arca-murtis installées dans les temples. Comme Il est tout-puissant, Krsna peut accepter le service que nous Lui offrons dans Sa Forme arca. Nul ne devrait donc avoir la sottise de penser que l'arca dans le temple n'est qu'une idole. Au contraire, il s'agit bien du Seigneur en personne, et c'est dans la mesure où l'on s'est affranchi du péché que l'on pourra saisir la nature spirituelle de l'arca-murti. D'où la nécessité d'être toujours guidé par un pur dévot du Seigneur. En la terre de Bharata-varsa, on trouve des centaines et des milliers de pèlerinages constellant le pays tout entier, et par tradition, en toute saison les gens se rendent dans ces lieux saints. Mentionnons ici certaines des représentations arca du Seigneur telles qu'elles apparaissent en différents pèlerinages. A Mathura (le lieu d'avènement de Sri Krsna), le Seigneur est présent en tant qu'Adi-kesava; à Puri (dans l'Orissa), Il est connu sous le nom de Jagannatha, ou de Purusottama; à Allahabad (Prayaga), Il est Bindu-madhava, et sur la colline Mandara, Il devient Madhusudana. A Anandaranya, Il est connu sous les noms de Vasudeva, Padmanabha et Janardana; à Visnukanci, Il est Visnu, et à Mayapura, Hari. Il existe de par l'univers des millions, voire des milliards, de telles Formes arca du Seigneur. Le Caitanya-caritamrta (Madhya 20.219) rapporte à ce propos:
puresu punyopavanadri-kunjesv
apanka-toyesu sarit-sarahsu ananta-lingaih samalankrtesu cacara tirthayatanesv ananyah
Les Formes arca du Seigneur sont parfois tenues pour des idoles par les athées, mais cela importe bien peu à des êtres tel Vidura ou aux nombreux autres serviteurs du Seigneur. Ces Formes transcendantes se trouvent ici désignées par les mots ananta-linga, car leur puissance est infinie, identique à celle dont jouit le Seigneur en personne. A vrai dire, il n'existe nulle différence entre les puissances de l'arca et celles des Formes personnelles du Seigneur. Prenons un exemple: les petites boîtes postales parsemant la ville jouent le même rôle que le bureau de poste. Le devoir de la poste est de transporter le courrier d'un lieu à un autre, et si l'on dépose ses lettres dans l'une de ces boîtes autorisées par le bureau de poste, l'acheminement se fera en toute certitude. De même, l'arca-murti possède une puissance égale à celle du Seigneur en personne. Voilà pourquoi Vidura voyait simplement Krsna, lorsqu'il contemplait les différentes Formes arca, en sorte que Krsna, et rien d'autre que Krsna, lui fut finalement révélé.
gam paryatan medhya-vivikta-vrttih
sadapluto dhah sayano vadhutah alaksitah svair avadhuta-veso vratani cere hari-tosanani
Le premier et le plus important des devoirs du pèlerin est de satisfaire le Seigneur Suprême, Sri Hari. Celui qui voyage en pèlerin ne doit guère se soucier d'être agréable à la société; il n'est pas nécessaire pour lui de se conformer aux usages, d'adopter une occupation particulière ou de se vêtir de telle ou telle manière. Un seul devoir doit l'absorber constamment: satisfaire le Seigneur. Sanctifié par la pensée comme par l'action, c'est ainsi que l'on peut réaliser le Seigneur Suprême à travers un pèlerinage.
ittham vrajan bharatam eva varsam
kalena yavad gatavan prabhasam tavac chasasa ksitim eka cakram ekatapatram ajitena parthah
Il y a plus de cinq mille ans, à l'époque où le saint Vidura parcourait la terre en pèlerin, l'Inde s'appelait Bharata-varsa, nom qu'elle conserve encore aujourd'hui. Les faits antérieurs à trois mille ans d'histoire du monde se font des plus vagues et imprécis, mais sachons que même avant cette époque, voilà cinq mille ans, la terre entière se trouvait sous le drapeau et la puissance militaire de Maharaja Yudhisthira, alors empereur du monde. De nos jours, des centaines de pavillons se dressent aux Nations Unies, mais au temps de Vidura, il n'y avait, par la grâce d'Ajita, Sri Krsna, qu'un seul drapeau. Les nations de la terre sont très désireuses de retrouver un seul Etat sous un seul étendard, mais pour ce faire elles doivent rechercher la faveur de Krsna, qui seul peut aider à la réalisation d'un projet de gouvernement international.
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