SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 1

Les questions de Vidura.

VERSET 6

sri-suka uvaca
yada tu raja sva-sutan asadhun
pusnan na dharmena vinasta-drstih
bhratur yavisthasya sutan vibandhun
pravesya laksa-bhavane dadaha

TRADUCTION

Sri Sukadeva Gosvami dit:
Le roi Dhrtarastra, rendu aveugle par l'influence de désirs impies l'incitant à soutenir ses fils malhonnêtes, incendia la maison de laque où se trouvaient ses neveux orphelins, les Pandavas, dans l'intention de les faire périr.

TENEUR ET PORTEE

Dhrtarastra était aveugle de naissance, mais la cécité dont il hérita en se rendant coupable d'actes impies destinés à favoriser ses fils malhonnêtes représentait un mal plus grand encore que son infirmité physique. En effet, la cécité du corps n'entrave aucunement le progrès spirituel, mais l'homme privé de vision spirituelle, fût-il physiquement bien portant, souffre d'un mal qui risque de nuire dangereusement à son élévation.

VERSET 7

yada sabhayam kuru-deva-devyah
kesabhimarsam suta-karma garhyam
na varayam asa nrpah snusayah
svasrair harantyah kuca-kunkumani

TRADUCTION

Le roi n'empêcha pas son fils, Duhsasana, d'empoigner la chevelure de Draupadi, action ô combien abominable, et ce, malgré les larmes de l'épouse du vertueux roi Yudhisthira, ces larmes qui délavaient la poudre rouge ornant sa poitrine.

VERSET 8

dyute tv adharmena jitasya sadhoh
satyavalambasya vanam gatasya
na yacato dat samayena dayam
tamo-jusano yad ajata-satroh

TRADUCTION

Yudhisthira, qui était né sans ennemi, avait connu au jeu une défaite injuste et, de par son voeu d'intégrité, dut gagner la forêt. Mais lorsque le temps venu il pria qu'on lui rende la part du royaume qui lui était dévolue, Dhrtarastra, égaré par l'illusion, la lui refusa.

TENEUR ET PORTEE

Maharaja Yudhisthira était l'héritier légitime du royaume de son père. Cependant, à seule fin de favoriser ses propres fils, avec à leur tête Duryodhana, son oncle, Dhrtarastra, eut recours à divers moyens déloyaux pour l'empêcher, lui et ses frères, de jouir de la part du royaume qui leur revenait de droit. En dernier recours, les Pandavas ne demandèrent à régner que sur cinq villages -un pour chacun d'entre eux-, mais cette requête fut également rejetée par les usurpateurs. Cet incident fut à l'origine de la Bataille de Kuruksetra, une guerre qui fut donc causée par les Kurus, et non par les Pandavas.

En tant que ksatriyas, les Pandavas ne pouvaient convenablement subvenir à leurs besoins qu'en occupant un poste de dirigeant. En effet, ils ne pouvaient accepter aucune autre fonction car un brahmana, un ksatriya ou un vaisya ne doit jamais accepter un rôle d'employé pour assurer sa subsistance.

VERSET 9

yada ca partha-prahitah sabhayam
jagad-gurur yani jagada krsnah
na tani pumsam amrtayanani
rajoru mene ksata-punya-lesah

TRADUCTION

Arjuna envoya Sri Krsna à l'assemblée des Kurus pour y tenir le rôle de maître spirituel du monde entier, et bien que pour certains [comme Bhisma] Ses paroles fussent un pur nectar, il n'en fut pas de même pour d'autres, totalement dénués de la plus infime trace d'actes vertueux. Quant au roi [Dhrtarastra ou Duryodhana], il n'accorda guère d'importance aux propos de Sri Krsna.

TENEUR ET PORTEE

Dépêché par Arjuna, Sri Krsna, le maître spirituel de l'univers entier, accepta, tel un messager, de Se rendre à la cour du roi Dhrtarastra pour lui soumettre une proposition de paix. Krsna est le Seigneur de tous les êtres, et pourtant, parce qu'un lien d'amitié spirituelle L'unissait à Arjuna, c'est avec joie qu'Il accepta ce rôle de messager, comme l'aurait fait un ami ordinaire. Tel est le comportement merveilleux du Seigneur à l'égard de Ses purs dévots. Il Se rendit donc à la cour de Dhrtarastra avec des paroles de paix; message qui fut particulièrement goûté par Bhisma et certains autres parmi les chefs illustres, précisément parce qu'il avait été énoncé par le Seigneur en personne. Cependant, ni Duryodhana, ni son père, Dhrtarastra, ne lui accordèrent grand intérêt, car l'un comme l'autre avaient déjà épuisé les mérites de leurs actes de vertu passés. Voilà ce qui attend ceux qui n'ont pas d'actes pieux à leur actif. En récompense d'actes de vertu passés, on pourra même devenir roi, mais en ce qui concerne Duryodhana et les siens, leurs mérites s'épuisaient et il devenait évident, d'après leurs actes, qu'ils allaient maintenant devoir rendre le trône aux Pandavas. Pour les bhaktas, le message de Dieu a la saveur du nectar, mais ce même message produira l'effet contraire chez les abhaktas, tout comme le sucre candi est doux au palais de l'homme en bonne santé, mais semble si amer pour qui souffre de la jaunisse.

VERSET 10

yadopahuto bhavanam pravisto
mantraya prstah kila purvajena
athaha tan mantra-drsam variyan
yan mantrino vaidurikam vadanti

TRADUCTION

Invité par son frère aîné [Dhrtarastra], qui désirait le consulter, Vidura vint en sa demeure et lui prodigua des conseils tout à fait indiqués. Vidura était réputé pour ses bons conseils, lesquels recevaient l'approbation des habiles ministres de l'Etat.

TENEUR ET PORTEE

Les recommandations politiques de Vidura revêtaient un caractère d'autorité semblable à celui que l'on attribue aujourd'hui à celles de Pandita Canakya, tenu pour un expert des questions politiques et morales.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare