SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 1 Les questions de Vidura.
sri-suka uvaca
evam etat pura prsto maitreyo bhagavan kila ksattra vanam pravistena tyaktva sva-grham rddhimat
Après avoir renoncé à son foyer prospère et s'être retiré dans la forêt, Vidura, le prince et grand bhakta, soumit cette question à Sa Grâce Maitreya Rsi.
yad va ayam mantra-krd vo
bhagavan akhilesvarah pauravendra-grham hitva pravivesatmasat krtam
Selon la philosophie gaudiya de l'acintya-bhedabheda-tattva, tout ce qui satisfait les Sens du Seigneur Suprême, Sri Krsna, n'est pas différent de Krsna. Ainsi, Sri Vrndavana-dhama est identique par nature à Sri Krsna (tad-dhama vrndavanam), car le Seigneur y jouit de la félicité spirituelle inhérente à Sa puissance interne. De même, la demeure des Pandavas était pour Lui une source de félicité spirituelle. Ce verset indique même que le Seigneur identifiait cette demeure à Sa propre Personne. De ce fait, la maison des Pandavas se situe au même niveau que Vrndavana; Vidura n'aurait donc pas dû quitter ce lieu de bonheur spirituel. Ainsi nous faut-il comprendre que le motif de son départ ne reposait pas vraiment sur une querelle de famille; à vrai dire, Vidura profita de cette occasion pour se rendre auprès de Rsi Maitreya et s'entretenir avec lui du savoir spirituel. Pour un saint personnage tel Vidura, toute perturbation issue de conflits matériels revêt un caractère des plus insignifiants. Cependant, ces mêmes problèmes peuvent parfois s'avérer favorables à l'élévation spirituelle, et c'est dans ce contexte que Vidura profita d'une querelle familiale pour se rendre auprès de Maitreya Rsi.
rajovaca
kutra ksattur bhagavata maitreyenasa sangamah kada va saha-samvada etad varnaya nah prabho
Où et quand l'entretien du saint Vidura avec Sa Grâce Maitreya Muni s'est-il déroulé? Puisses-tu, ô mon maître, nous éclairer sur ces choses.
Tout comme Saunaka Rsi s'enquit auprès de Suta Gosvami et reçut de lui les réponses à ses questions, Srila Sukadeva Gosvami répondit aux questions du roi Pariksit. Ce dernier se montre ici grandement désireux de comprendre le sens profond des propos qu'échangèrent les deux âmes magnanimes.
na hy alparthodayas tasya
vidurasyamalatmanah tasmin variyasi prasnah sadhu-vadopabrmhitah
Les questions et réponses échangées en divers milieux sociaux présentent des valeurs différentes. Celles qu'échangent des marchands au cours d'une transaction commerciale, par exemple, présentent un bien piètre intérêt spirituel. Ainsi, il est possible de juger de la valeur des questions et des réponses d'après la personnalité des interlocuteurs. Dans la Bhagavad-gita, les propos échangés sont ceux de Sri Krsna et d'Arjuna, soit du Seigneur Suprême et du bhakta suprême. Le Seigneur reconnaît en Arjuna Son dévot et ami,(1) si bien que tout homme sensé peut deviner sans mal que leur discussion porte sur le sujet du bhakti-yoga. Et de fait, l'entière Bhagavad-gita s'appuie sur le principe du bhakti-yoga. Quant au karma-yoga, il se distingue du simple karma. En effet, le karma désigne toute action entreprise selon les règles prescrites et dont les fruits sont destinés au plaisir de son auteur, tandis que le karma-yoga se rapporte aux actes accomplis par le bhakta pour la satisfaction du Seigneur. Le karma-yoga se fonde donc sur la bhakti, ou la satisfaction du Seigneur, alors que le karma vise la satisfaction des sens de celui qui accomplit l'action. A celui qui se sent véritablement porté vers des questions d'un niveau hautement spirituel, le Srimad-Bhagavatam recommande d'entrer en contact avec un maître spirituel authentique. Un homme ordinaire, dénué de tout intérêt pour les valeurs spirituelles, n'a au contraire nul besoin d'entreprendre une telle démarche, même si le courant de la mode l'incite à le faire. En disciple authentique, Maharaja Pariksit faisait preuve de sérieux quant à l'apprentissage de la science de Dieu, et Sukadeva Gosvami, lui, était un maître spirituel autorisé dans cette science spirituelle. Tous deux tenaient pour fort élevés les propos échangés par Vidura et Rsi Maitreya, et Maharaja Pariksit était fort désireux de recevoir l'enseignement d'un maître spirituel authentique.
(1) sa evayam maya te dya yogah proktah puratanah
suta uvaca
sa evam rsi-varyo yam prsto rajna pariksita praty aha tam subahu-vit pritatma sruyatam iti
L'illustre sage, Sukadeva Gosvami, possédait une vaste expérience et se trouva satisfait du roi. Ainsi interrogé par ce dernier, il lui répondit: "Veuille prêter une oreille attentive à ces propos."
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