SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 12 La création des Kumaras
et d'autres êtres.
maitreya uvaca
iti te varnitah ksattah kalakhyah paramatmanah mahima veda-garbho tha yathasraksin nibodha me
O docte Vidura, je t'ai jusqu'ici décrit les gloires du Seigneur Suprême dans Son aspect du kala. Puisses-tu maintenant entendre de moi ce qui a trait à la création de Brahma, lui le réservoir de toute la connaissance védique.
sasarjagre ndha-tamisram
atha tamisram adi-krt mahamoham ca moham ca tamas cajnana-vrttayah
Avant de manifester les êtres vivants au sein de différentes espèces, Brahma créa les conditions qui leur permettent de vivre en ce monde. A moins d'oublier son identité réelle, il est impossible pour l'âme d'accepter ces conditions. La première de toutes réside donc dans l'oubli de son identité véritable. Puis, lorsqu'on perd ainsi conscience de son être intime, il est certain qu'on craint la mort, bien qu'en réalité l'âme pure ne soit soumise ni à la mort ni à la naissance. Cette identification trompeuse de soi avec la nature matérielle donne lieu au sentiment de posséder et de régner sur tout ce qui est mis à la disposition d'un individu par le dessein d'une volonté supérieure. En effet, toutes les ressources matérielles sont offertes à l'être distinct pour qu'il puisse vivre paisiblement et s'acquitter des devoirs qui s'attachent à la réalisation spirituelle, au cours de son existence conditionnée. Mais du fait de son identification trompeuse à la matière, l'âme conditionnée se laisse saisir par le sentiment erroné qui la pousse à vouloir régner en maître sur la propriété du Seigneur Suprême. Il ressort de ce verset que Brahma, créateur des cinq formes de nescience qui conditionnent les êtres distincts dans l'existence matérielle, est lui-même une création du Seigneur Suprême. Il est tout à fait grotesque de croire que l'être distinct peut égaler l'Etre Suprême, dès l'instant ou l'on comprend que les âmes conditionnées subissent l'influence de la magie de Brahma. Notons que Patanjali reconnaît également l'existence de cing formes de nescience, tel qu'indiqué dans ce verset.
drstva papiyasim srstim
natmanam bahv amanyata bhagavad-dhyana-putena manasanyam tato srjat
Bien qu'il ait lui-même donné le jour aux différentes influences de la nescience, Brahma n'était guère heureux d'avoir accompli une oeuvre aussi ingrate, mais il se devait néanmoins de la réaliser car la majeure partie des âmes conditionnées le voulait ainsi. Sri Krsna enseigne dans la Bhagavad-gita (XV.15) qu'Il est présent dans le coeur de tous les êtres et qu'Il aide chacun d'entre eux à se rappeler ou à oublier. On peut alors se demander pourquoi le Seigneur, infiniment miséricordieux, aide un être à se rappeler et un autre à oublier. Mais en réalité, Sa miséricorde ne se manifeste pas de façon favorable envers l'un et défavorable envers l'autre. L'être distinct, en tant que fragment du Seigneur, possède une indépendance partielle, car en lui se trouvent, à un degré infime, toutes les qualités du Seigneur. Et quiconque possède une certaine indépendance peut parfois, par ignorance, en faire mauvais usage. Lorsque l'âme distincte choisit de faire mauvais usage de son indépendance en se laissant aller vers la nescience, le Seigneur infiniment miséricordieux tente d'abord de la protéger de ce piège, mais lorsqu'elle persiste à vouloir descendre aux enfers, le Seigneur l'aide alors à oublier sa position véritable. Ainsi, le Seigneur permet à l'âme qui veut s'égarer de glisser jusqu'au point le plus bas, et ce, à seule fin de lui donner l'occasion de juger par elle-même si elle peut ou non être heureuse en faisant ainsi mauvais usage de son indépendance. La plupart des âmes conditionnées qui croupissent dans l'univers matériel mésusent de leur indépendance, si bien que les cinq formes de nescience s'emparent d'elles contre leur gré. En serviteur obéissant du Seigneur, Brahma, poussé par la nécessité, accepte de créer toutes ces manifestations; mais cet acte ne le rend pas heureux, car, par nature, un bhakta n'aime pas voir qui que ce soit choir de sa position véritable. Quoi qu'il en soit, ceux qui ne se soucient nullement d'emprunter la voie de la réalisation spirituelle obtiennent du Seigneur, et autant qu'ils le désirent, toutes les facilités requises pour satisfaire leurs inclinations, et Brahma ne manque pas de les assister dans leurs efforts.
sanakam ca sanandam ca
sanatanam athatmabhuh sanat-kumaram ca munin niskriyan urdhva-retasah
Bien qu'il eût créé par nécessité les principes de la nescience pour les êtres destinés à l'ignorance de par la volonté du Seigneur, Brahma n'était pas heureux d'avoir accompli une tâche aussi ingrate. Il entreprit donc de créer les quatre principes de la connaissance: le sankhya, ou la philosophie empirique destinée à l'étude analytique des conditions matérielles; le yoga, ou l'ensemble des pratiques qui permettent à l'âme pure de se libérer des chaînes de la matière; le vairagya, ou le détachement total de tout plaisir matériel en vue d'une élévation au plus haut niveau de réalisation spirituelle; et le tapas, qui regroupe diverses formes d'austérités volontaires, accomplies en vue d'atteindre la perfection spirituelle. Pour qu'ils protègent ces quatre principes d'évolution spirituelle, Brahma créa les quatre sages illustres que sont Sanaka, Sananda, Sanatana et Sanat, lesquels formèrent leur propre école spirituelle, ou sampradaya, connue sous le nom de Kumara-sampradaya, ou plus tard sous celui de Nimbarka-sampradaya, pour le développement de la bhakti. Tous ces illustres sages devinrent de grands bhaktas, car à moins de servir le Seigneur Suprême avec dévotion, nul ne peut connaître le succès dans quelque activité spirituelle que ce soit.
tan babhase svabhuh putran
prajah srjata putrakah tan naicchan moksa-dharmano vasudeva-parayanah
Les quatre fils de Brahma, les Kumaras, refusèrent de devenir chefs de famille, et ce, malgré la requête de leur illustre père. Ceux qui aspirent sérieusement à s'affranchir des chaînes de la matière ne devraient pas se prendre dans les filets trompeurs des relations familiales. Certains se demanderont comment les Kumaras purent s'opposer aux ordres de Brahma, qui était leur père et de surcroît le créateur de l'univers entier. Nous répondrons que quiconque est vasudeva-parayana, ou sérieusement absorbé dans la pratique du service de dévotion offert au Seigneur Suprême, Vasudeva, n'a pas à se soucier de quelque autre obligation. Le Srimad-Bhagavatam (11.5.41) stipule à cet effet:
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |