suta uvaca
atha tam sukham asina
upasinam brhac-chravah
devarsih praha viprarsim
vina-panih smayann iva

Suta Gosvami dit:
Alors, le sage parmi les devas [Narada], confortablement assis, comme souriant s'adresse au rsi d'entre les brahmanas [Vedavyasa].

Narada sourit car il connaît bien le grand sage Vedavyasa, et aussi la cause de sa déception. Comme il l'expliquera au long de ce chapitre, l'insatisfaction de Vyasadeva vient de ce qu'il n'a pas suffisamment explicité la science du service de dévotion. Narada a noté ce manque, et la déception de Vyasa ne fait que le confirmer.

narada uvaca
parasarya maha-bhaga
bhavatah kaccid atmana
paritusyati sarira
atma manasa eva va

Narada dit:
O Vyasadeva, fils de Parasara, te trouves-tu satisfait en identifiant ton moi véritable au corps ou au mental?

Narada donne ici à Vyasadeva un indice quant à la cause de son découragement. Ce dernier, en tant que descendant de Parasara, grand et puissant sage, a le privilège d'appartenir à une lignée très noble, et ne devrait donc pas connaître une telle déception. Digne fils d'un illustre père, il ne devrait pas identifier l'âme au corps ou au mental comme n'importe quel homme du commun, doté d'un pauvre fonds de connaissance. On ne peut vraiment connaître l'allégresse constante que si l'on est fermement établi dans la réalisation du moi spirituel, lequel se situe au-delà du corps et du mental matériels.

jijnasitam susampannam
api te mahah-adbhutam
krtavan bharatam yas tvam
sarvartha-paribrmhitam

Tes questions couvrirent tout, tes études furent complètes, et la preuve en est que tu as compilé ce grand et merveilleux ouvrage, le Mahabharata, où abondent les savantes explications védiques.

Le découragement de Vyasadeva n'était certes pas dû à son manque de savoir, car au cours de ses études, il avait parfaitement approfondi les Ecritures védiques, au point de devenir le compilateur du Mahabharata, si riche en explications sur les Vedas.

jijnasitam adhitam ca
brahma yat tat sanatanam
tathapi socasy atmanam
akrtartha iva prabho

Tu as parfaitement développé la question du Brahman impersonnel, de même que le savoir qui en découle. Pourquoi, malgré tout, devrais-tu te sentir consterné, ô noble personnage, et te juger inaccompli?

Le Vedanta-sutra ou Brahma-sutra, compilé par Sri Vyasadeva, approfondit pleinement l'aspect impersonnel de la Vérité Absolue, et on l'accepte comme le plus haut traité de philosophie au monde. Il traite de l'éternité, et ses explications sont très savantes: aucun doute, donc, quant à l'érudition spirituelle de Vyasadeva. Pourquoi, dès lors, devrait-il se lamenter?

vyasa uvaca
asty eva me sarvam idam tvayoktam
tathapi natma paritusyate me
tan-mulam avyaktam agadha-bodham
prcchamahe tvatma-bhavatma-bhutam

Sri Vyasadeva dit:
Tout ce que tu as dit de moi est exact, et pourtant, je demeure inapaisé. C'est pourquoi je t'interroge sur la cause profonde de mon insatisfaction, toi le fils de celui qui est né de lui-même [Brahma], toi qui ainsi possèdes un savoir illimité.

Dans l'univers matériel, tous les êtres sont profondément ancrés dans l'idée que le corps ou le mental constitue leur moi véritable. Par suite, toute connaissance que l'on diffuse en ce monde se rapporte soit au corps, soit au mental; et telle est la cause première de toutes les formes d'abattement. Cette vérité, cependant, demeure souvent imperceptible, même pour les plus grands érudits dans l'ordre matériel. Il est donc nécessaire d'approcher un maître comme Narada si l'on désire mettre un terme à tout état dépressif. Les versets suivants expliqueront encore davantage l'importance de ce point.

Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare