SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 1
CHAPITRE 4

Apparition de Sri Narada.

VERSET 16

paravara-jnah sa rsih
kalenavyakta-ramhasa
yuga-dharma-vyatikaram
praptam bhuvi yuge yuge

TRADUCTION

Le grand sage Vyasadeva, connaissant le passé et le futur, entrevit les dérèglements qui allaient marquer l'âge à venir. Des forces invisibles agissent dans le cours du temps, et le perturbent; de tels troubles apparaissent sur Terre, à différents âges.

TENEUR ET PORTEE

Parce que libérés, de grands sages comme Vyasadeva peuvent clairement voir le passé et le futur. Ainsi pouvait-il connaître les bouleversements à venir dans l'âge de Kali et prendre les mesures nécessaires pour que la masse des hommes puissent graduellement atteindre, même dans cet âge de ténèbres, la perfection de l'existence. Les gens y portent un trop grand intérêt à la matière, qui ne dure pas, et dans leur ignorance, s'avèrent incapables et de juger des vraies valeurs de la vie et de recevoir la lumière du savoir spirituel.

VERSET 17-18

bhautikanam ca bhavanam
sakti-hrasam ca tat-krtam
asraddadhanan nihsattvan
durmedhan hrasitayusah

durbhagams ca janan viksya
munir divyena caksusa
sarva-varnasramanam yad
dadhyau hitam amogha-drk

TRADUCTION

Le grand sage, maître du parfait savoir, put, grâce à sa vision divine, observer les effets dévastateurs de cet âge sur toutes choses matérielles. Il put également comprendre que les hommes dans leur masse, incroyants, infortunés, d'intelligence faible, y verraient se réduire la durée de leur vie et, par défaut de vertu, l'impatience les ronger. Il médita donc sur le moyen de servir l'intérêt de tous les hommes, quels que soient leurs varnas et asramas.

TENEUR ET PORTEE

Les forces invisibles du temps agissent avec tant de puissance qu'elles font tôt ou tard sombrer dans l'oubli toutes choses matérielles. Cependant, au cours du kali-yuga, dernier d'un cycle de quatre âges, la qualité des objets matériels subit davantage encore les détériorations du temps. La durée d'existence du corps de matière, de même que la mémoire, y décroissent considérablement pour la masse des hommes. La matière même y restreint ses dons. La terre ne produit pas autant de céréales qu'aux âges passés. La vache ne donne plus autant de lait. Moindre également la production des fruits et des légumes. Si bien que tous les êtres, hommes et bêtes, s'y nourrissent de façon insuffisante, tant par la qualité que par la quantité. Et par manque de toutes ces nécessités vitales, la longévité se trouve naturellement réduite, la mémoire raccourcie, l'intelligence appauvrie, les rapports entre les êtres chargés d'hypocrisie, et ainsi de suite.

Tout cela, le grand sage Vyasadeva pouvait, de sa vision divine, le prévoir. De même que l'astrologue peut prophétiser l'avenir d'un être, ou l'astronome prédire le moment des éclipses du soleil et de la lune, ceux qui voient à travers les Ecritures, et qu'on nomme âmes libérées, savent prédire le futur de l'humanité, et ce, en raison de la vision perçante que leur confère leur élévation spirituelle. De plus, tous ces spiritualistes, qui sont naturellement des dévots du Seigneur, brûlent toujours d'agir pour le bien de l'humanité, dont ils sont les véritables amis, au contraire des pseudo-leaders, incapables de prévoir ce qui arrivera dans cinq minutes. L'âge de Kali n'épargne pas plus les chefs que le reste des hommes; eux aussi sont infortunés et n'ont plus de foi en la vérité spirituelle. Nul besoin d'ajouter qu'ils s'y trouvent constamment assaillis par diverses maladies, qui n'existaient pas dans les âges passés; les conditions n'y étaient pas si défavorables. D'autre part, les hommes de cet âge accroissent leur infortune en se refusant à accueillir, à entendre, les spiritualistes qui représentent Srila Vyasadeva et qui, marchant sur ses traces, ne nourrissent aucun motif personnel, s'emploient tout entier à découvrir quelque moyen d'aider tous les êtres, dans tous les varnas et asramas. Les plus grands philanthropes sont d'ailleurs ceux-là même qui représentent Vyasa, Narada, Madhva, Caitanya, Rupa, Sarasvati..., et répandent leur mission. Tous sont de valeur égale. Les personnalités diffèrent sans doute, mais la mission et son but sont uniques: délivrer les âmes déchues pour les ramener à Dieu, en leur demeure originelle.

VERSET 19

catur-hotram karma suddham
prajanam viksya vaidikam
vyadadhad yajna-santatyai
vedam ekam catur-vidham

TRADUCTION

Il considéra que les sacrifices védiques représentent le moyen par quoi les hommes peuvent sanctifier leurs occupations, et pour en simplifier l'exécution, il divisa le Veda originel en quatre parties, pour être disséminées parmi les hommes.

TENEUR ET PORTEE

A l'origine, il n'existait qu'un seul Veda, le Yajus, qui décrivait les quatre formes de sacrifices. Mais pour rendre plus facile ces sacrifices et permettre aux membres des quatre varnas de purifier les actes qui les caractérisent, Vyasadeva divisa le Veda originel en quatre parties, correspondant aux quatre formes de sacrifices. Outre les quatre Vedas -le Rk, le Yajus, le Sama et l'Atharva -on compte également les Puranas, le Mahabharata, les Samhitas, etc., qui constituent ce qu'on appelle le cinquième Veda.

Sri Vyasadeva et ses nombreux disciples furent tous de grands personnages, et tous montrèrent une immense bonté, une immense sympathie, pour les âmes déchues du kali-yuga. Pour ces âmes, les Puranas et le Mahabharata furent constitués, à partir de faits historiques faisant lumière sur les enseignements des quatre Vedas. Or, ne doutons pas un instant de la valeur authentique de ces Ecrits, de leur appartenance aux Vedas. La Chandogya Upanisad (7.1.4) affirme d'ailleurs que les Puranas et le Mahabharata, généralement connus comme des récits historiques, constituent ce qu'on appelle le cinquième Veda. Et selon Srila Jiva Gosvami, c'est ainsi, par référence aux textes faisant autorité en la matière, qu'on juge de la valeur des diverses Ecritures.

VERSET 20

rg-yajuh-samatharvakhya
vedas catvara uddhrtah
itihasa-puranam ca
pancamo veda ucyate

TRADUCTION

Le Veda originel, source du savoir, fut divisé en quatre parties. On dit cependant de l'Itihasa et des Puranas, formés de récits historiques avérés, qu'ils constituent le cinquième Veda.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare