La création cosmique, nous l'avons vu, est la propriété du Seigneur Suprême. Cette vérité sert de base à l'enseignement philosophique développé dans l'Isopanisad : tout appartient à l'Être Suprême, et nul ne doit empiéter sur la propriété du Seigneur, mais plutôt se satisfaire de ce qui lui accorde Sa grâce. La terre donc comme toutes les autres planètes, comme tous les univers, est propriété absolue du Seigneur. Quant aux êtres vivants, nul doute qu'ils appartiennent également au Seigneur, puisqu'ils sont paris intégrantes de Lui, et en vérité Ses fils ; or, en tant que tel, chacun a le juste droit de vivre sous la dépendance du Seigneur dans l'exécution de ses devoirs. Nul ne peut violer la sanction du Seigneur. Le roi, ou le chef d'Etat, est le représentant du Seigneur, avec pour charge d'administrer Ses biens, d'exécuter Sa volonté. Il lui faut donc être authentiquement reconnu comme Maharaja Yudhisthira, ou Pariksit. De tels souverains portent l'entière responsabilité de l'administration du monde, tâche pour laquelle ils ont été formés auprès d'autorités en la matière. Il arrive cependant que sous l'influence de l'ignorance, (le tamo-guna, la plus dégradante des influences matérielles), des esprits obscurcis, dépourvus de savoir et de tout sens des responsabilités, prennent le pouvoir.

Bien entendu, ils se comportent comme des animaux, n'ont d'autre souci que leurs intérêts personnels, si bien que l'air s'alourdit vite d'anarchie ou d'autres maladies sociales redoutables. Népotisme, corruption, tromperie, agression, et, par voie de conséquence inéluctable, famines, épidémies, guerres et autre facteurs de trouble se développent alors dans la société. Les dévots du Seigneur, les croyants, se voient particulièrement visés par des persécutions de tous genres. Ces signes multipliés indiquent que le temps est venu pour le Seigneur d'apparaître sur terre, afin, comme l'enseigne la Bhagavad-gita, de détrôner les mauvais dirigeants et de rétablir les principes de la religion. Or, quand le Seigneur descend sur Terre, c'est dans Sa forme spirituelle et absolue, sans nulle trace d'attributs matériels. Et Il apparaît à seule fin de garder Sa création dans un état d'équilibre et d'harmonie. Il a placé en chacune des planètes de l'univers tout ce dont leurs habitants pourraient avoir besoin, de sorte que chacun puisse vivre heureux en accomplissant son devoir, et finalement atteindre au salut par l'adhérence aux principes régulateurs donnés par les Ecritures. A toutes fins pratiques, l'univers matériel est créé pour satisfaire les caprices des nityas-baddhas, des enfants turbulents ; il n'a pas d'autre utilité. Mais quand ceux qui l'habitent sont saisis par l'ivresse du prétendu pouvoir, conféré par la science matérielle, d'exploiter de manière illicite les ressources de la nature, sans l'approbation du Seigneur, et à seule fin de satisfaire les sens, alors il devient nécessaire que le Seigneur descende, pour châtier les rebelles et protéger les croyants.

Lorsqu'Il apparaît, le Seigneur, pour attester Sa suprématie, Se fait l'auteur d'exploits qu'aucun être ne saurait imiter, et inflige à des matérialistes comme Ravana, Hiranyakasipu ou Kamsa, le châtiment qu'ils méritent. Ses Actes sont tels que nul ne saurait les imiter. Par exemple, dans Sa Forme de Rama, Il construisit un pont sur l'océan indien. Et dans Sa Forme de Krsna. Il dévoila, dès Sa plus tendre enfance, Sa puissance surnaturelle en faisant périr des monstres tels Putana, Aghasura, Sakatasura, Ka liya et Son oncle maternel, Kamsa. A Dvaraka, Il épousa 16 108 princesses, qui toutes furent à suffisance bénies d'enfants. Sa famille personnelle comptait environ 10 millions de membre, et constituait la célèbre dynastie Yadu, ou Yaduvamsa, qu'il détruisit d'ailleurs tout entière, plus tard au cours de Son séjour sur Terre. Il est encore célébré sous le nom de Govardhana-dhari Hari pour avoir soulevé, à l'âge de sept ans seulement. La colline Govardhana. Il montra également Sa vaillance de ksatriya à différentes reprises, entre autres lors de Ses différents mariages, et Il détruisit un grand nombre des mauvais rois qui infectait la Terre en Son temps. On Le glorifie en Le qualifiant d'asamaurdha, ou incomparable : nul ne Lui est supérieur, ni même égal.
(S.B. 1.10.25)