Agence France-Presse
Washington, Samedi 09 mars 2002

Les Américains regardent l'éventualité.


La Maison blanche a demandé aux militaires américains de préparer des plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes nucléaires contre la Chine, la Russie, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, la Libye et la Syrie, affirme samedi le Los Angeles Times.

D'après un rapport secret du ministère américain de la Défense (Pentagone) présenté aux membres du Congrès (parlement) le 8 janvier et dont le quotidien dit avoir eu connaissance, il y a trois cas dans lesquels il pourrait être recouru à de telles armes: contre des cibles capables de résister à une attaque non-nucléaire; en représailles à une attaque à l'arme nucléaire, biologique ou chimique; ou «dans le cas d'événements militaires surprenants».

Le rapport souligne que le Pentagone devrait être prêt à faire usage d'armes nucléaires dans le cadre d'un conflit arabo-israélien, notamment d'une attaque irakienne contre Israël, d'une guerre entre la Chine et Taiwan, d'une attaque de la Corée du Nord contre la Corée du Sud.

Les responsables américains ont depuis longtemps reconnu qu'ils avaient des plans détaillés d'attaque nucléaire contre la Russie. Mais ce serait apparemment la première fois qu'une liste officielle de pays-cibles potentiels serait ainsi établie par les États-Unis, selon les analystes.

Des experts ont dit au Los Angeles Times qu'ils s'attendaient à de fortes réactions des gouvernements de ces États après les informations sur ce rapport.

«C'est de la dynamite», a par exemple commenté Joseph Cirincione, un spécialiste en armes nucléaires au Fonds Carnegie pour la paix internationale à Washington. «Je peux m'imaginer ce que ces pays vont dire à l'ONU», «cela fait clairement des armes nucléaires un outil pour faire une guerre, plutôt que pour dissuader d'en faire», a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain «essaie désespérément de trouver de nouveaux usages pour les armes nucléaires, alors que leur usage devrait se limiter à la dissuasion», a, de son côté, averti John Isaacs, président du Conseil pour un monde viable. «Ce sont des propos très, très dangereux (...) Le docteur Folamour est manifestement toujours vivant au Pentagone», a-t-il conclu.

Au contraire, pour les analystes conservateurs, comme Jack Spencer, de la Fondation Heritage à Washington: «nous avons besoin d'une dissuasion crédible contre les régimes impliqués dans le terrorisme international et la mise au point d'armes de destruction massive».