maya drastum iti prabho
yogeshvara tato me tvam
darsayatmanam avyayam
O Seigneur, ô Maître de tous les pouvoirs surnaturels, si Tu estimes que je peux la contempler, montre-moi, je T'en prie, Ta forme universelle.
Les Ecritures védiques enseignent que nul, à travers ses sens matériels, ne peut voir, entendre, comprendre ou percevoir le Seigneur Suprême, Sri Krsna. Mais à celui qui, dès l'abord, s'engage avec amour et dévotion dans Son service absolu, le Seigneur Se révèle en personne. Comment l'être distinct, minuscule étincelle spirituelle, pourrait-il voir ou comprendre le Seigneur Suprême? Arjuna, comme tout bhakta, plutôt que de dépendre de ses propres capacités mentales, de ses facultés spéculatives, admet ses limites en tant qu'être distinct, infime, et reconnaît inconcevable la position de Krsna. Il comprend que l'être infime ne peut saisir la nature de l'Infini, de l'illimité, sauf si l'Infini, par l'effet de Sa grâce, Se révèle à lui. Le mot yogesvara, dans ce verset, indique précisément le pouvoir inconcevable du Seigneur. Bien qu'Il soit infini, le Seigneur peut, s'Il le désire, Se révéler par Sa grâce.
Aussi Arjuna implore-t-il cette inconcevable miséricorde. Il n'emploiera évidemment pas le ton de l'ordre, car jamais le Seigneur n'est contraint de Se manifester à quiconque, si ce n'est à celui qui s'absorbe dans le service de dévotion et s'abandonne entièrement à Lui, en pleine conscience de Krsna. A moins de cette conscience, comment l'homme qui n'a pour instrument que ses capacités mentales, spéculatives, pourrait-t-il voir le Seigneur, Sri Krsna?