Tout naturellement, nous imaginons le monde spirituel en fonction de l'univers que nous connaissons, avec son soleil, sa lune, ses étoiles... Or, dans ce verset, Krsna précise que le monde spirituel n'a besoin, pour l'éclairer, ni du soleil, ni de la lune, ni du feu, ni de quelque autre énergie lumineuse; c'est qu'il est lumineux par lui-même, baignant déjà dans le brahmajyoti, l'éclatante lumière irradiée par le Corps du Seigneur. Ce royaume, cette demeure du Seigneur, au contraire des planètes matérielles, est facile d'accès. On l'appelle Goloka, et la Brahma-samhita le décrit superbement. Le Seigneur ne quitte jamais Goloka, Son (4) royaume et cependant, d'où nous sommes, nous pouvons L'approcher, car, précisément à cette fin, II choisit de manifester en ce monde Sa Forme réelle, sac-cid-ananda-vigraha. Pour éviter de nous perdre en conjectures sur Sa Forme, II Se montre à nous tel qu'Il est, comme Syamasundara. Par malheur, quand Il vient parmi nous, pareil à un être humain, et qu'Il Se divertit en notre présence, les sots Le dénigrent, ils Le prennent pour un homme ordinaire, alors qu'en réalité, c'est grâce à Sa toute-puissance qu'Il nous révèle Sa Forme véritable et nous montre Ses divertissements, images de ceux auxquels Il Se livre dans Son royaume.

De Krsnaloka, ou Goloka Vrndavana, lieu suprême et originel, planète du Seigneur Suprême, émane le brahmajyoti, l'éblouissante lumière du monde spirituel. Dans cette radiance baignent les planètes ananda-cinmayas, dont le Seigneur enseigne que quiconque les atteint ne revient jamais plus dans l'univers matériel. (5) Là, point de souffrance, point de naissance, de maladie, de vieillesse et de mort, propres à toutes les planètes matérielles, de Brahmaloka à la plus insignifiante, et auxquelles nul ne peut échapper. Notre univers se divise en trois systèmes planétaires: supérieur, intermédiaire et inférieur. Le soleil, la lune, d'autres planètes du même ordre, appartiennent au premier, la Terre au second. Il nous est certes possible d'atteindre les planètes supérieures (Svargaloka, ou Devaloka): il suffit de rendre un culte au deva-maître d'une planète, le soleil, la lune ou toute autre, pour atteindre cette planète. Comme l'indique la Bhagavad-gita, (6) tel est le moyen pour atteindre les sphères supérieures de l'univers. Mais Krsna dit également à Arjuna qu'approcher d'autres planètes matérielles, même supérieures, n'est absolument d'aucune utilité. Car, quand bien même on atteindrait la plus haute, Brahmaloka, voyage qui, par des moyens mécaniques, demanderait peut-être 40 000 ans (et qui vivrait assez vieux!), on y trouvera toujours, comme sur toutes les planètes de cet univers, la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. (7) Par contre, nous l'avons vu, qui atteint Krsnaloka, ou toute autre planète du monde spirituel, ne connaîtra plus jamais ces souffrances. La Bhagavad-gita entend donc surtout nous apprendre à quitter le monde de la matière, pour entamer une vie purement spirituelle, totalement heureuse.

Krsna, dans le quinzième chapitre, nous livre la vraie image de l'univers matériel:

 

Le Seigneur Suprême dit:
"II existe un arbre banian, un arbre dont les racines pointent vers le haut, et vers le bas pointent les branches; ses feuilles sont les hymnes védiques. Qui le connaît, connaît les Vedas."(8)

L'univers matériel est ici comparé à un arbre renversé, semblable aux images qu'on voit dans l'eau d'une rivière ou d'une mare: les objets s'y reflètent à l'envers. Reflet du monde spirituel, l'univers matériel n'est que l'ombre de la réalité. Une ombre n'a ni substance ni réalité, mais elle est un signe, elle constitue la trace d'un objet substantiel, concret, qui existe ailleurs. Si, par mirage, on voit de l'eau dans un désert, c'est que l'eau existe bien, mais ailleurs. Ainsi du bonheur dont nous avons soif: on ne le trouve pas plus dans le monde matériel que l'eau dans le désert, mais il existe, pur et limpide, dans le monde spirituel.

Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare

Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare