SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 9 Les prières de Brahma
en vue de la création.
purtena tapasa yajnair
danair yoga-samadhina raddham nihsreyasam pumsam mat-pritis tattvavin-matam
Il existe, par tradition, de nombreuses oeuvres tenues pour vertueuses chez les hommes, telles que l'altruisme, la philanthropie, le nationalisme, l'internationalisme, la charité, le sacrifice, l'austérité, et même la méditation empreinte d'extase, et leurs auteurs ne peuvent en tirer pleinement bénéfice que lorsqu'elles visent à la satisfaction du Seigneur Suprême. De fait, la perfection de toute activité, que ce soit sur le plan social, politique, religieux ou philanthropique, réside dans la satisfaction de la Personne Souveraine. Et le bhakta détient cette clé de la réussite, comme Arjuna nous en fournit l'exemple sur le champ de bataille de Kuruksetra. En homme de bien, non violent, Arjuna ne désirait pas combattre ses proches, mais lorsqu'il comprit que Krsna voulait la bataille et qu'Il avait Lui-même fait en sorte qu'elle se déroule à Kuruksetra, il renonça à tout sentiment de satisfaction personnelle et combattit pour le plaisir du Seigneur. Telle est la juste décision que doit prendre tout homme d'intelligence. Notre seul souci doit être de satisfaire le Seigneur par nos actes. Car si le Seigneur Se montre satisfait d'une action, quelle qu'elle soit, c'est alors une réussite. Autrement, elle n'est que perte de temps. Tel doit être le critère de tout sacrifice, austérité, pénitence, extase méditative ou de tout autre acte de piété et de vertu.
aham atmatmanam dhatah
presthah san preyasam api ato mayi ratim kuryad dehadir yat-krte priyah
Le Seigneur Suprême, la Personne Souveraine, est le plus cher de tous les êtres, qu'ils soient conditionnés ou libérés. Lorsqu'une personne ignore que le Seigneur incarne le véritable et unique objet de son affection, on la compte parmi les êtres conditionnés, et lorsqu'elle a parfaitement conscience de cette vérité, on la tient alors pour libérée. Il existe, en outre, divers degrés de perception de la relation qui nous unit au Seigneur, selon que nous réalisons pourquoi le Seigneur Suprême représente l'objet de la plus profonde affection pour tous les êtres. La raison exacte nous en est donnée dans la Bhagavad-gita (XV.7), mamaivamso jiva-loke jiva-bhutah sanatanah: les êtres distincts font éternellement partie intégrante du Seigneur Suprême. L'âme distincte est appelée atma, tandis qu'on désigne le Seigneur du nom de Paramatma. L'âme infinitésimale est aussi qualifiée de brahman quand le Seigneur est appelé Parabrahman ou Paramesvara (isvarah paramah krsnah). Les âmes conditionnées, qui n'entendent rien à la réalisation spirituelle, considèrent le corps de matière comme étant l'objet le plus cher. Et de là, ce concept s'étend à tout le corps, de manière intravertie aussi bien qu'extravertie. Mais l'attachement pour le corps et pour ses expansions -les enfants, les proches, etc.- se développe à partir de l'être véritable, de l'âme. Même le corps du fils le plus cher perd tout attrait lorsque l'âme le quitte. Ainsi, l'étincelle de vie, ce fragment éternel de l'Etre Suprême, représente le fondement réel de toute affection, et non pas le corps. L'Etre total représente le fondement réel de l'affection pour tous les êtres distincts, car ces derniers font partie intégrante de Sa Personne. Or, celui qui a oublié le principe fondamental de son amour pour tout ce qui existe ne connaît qu'un amour indécis, car il vit sous l'emprise de maya. Plus il se laisse affecter par le principe de maya, plus il se détache du principe fondamental de l'amour. A vrai dire, nul ne peut véritablement aimer qui ou quoi que ce soit à moins d'être parvenu à maturité dans le service d'amour du Seigneur. Le verset que nous étudions met l'accent sur le fait de diriger notre amour sur la Personne Suprême. Et le mot kuryat, signifiant "il faut avoir (cet attachement)", revêt à ce propos une grande importance, puisqu'il implique que nous devons développer un attachement de plus en plus profond pour le principe de l'amour. L'influence de maya agit sur les fragments spirituels que sont les êtres distincts, mais elle ne saurait souiller l'Ame Suprême, le Paramatma. Les philosophes mayavadis, qui reconnaissent l'influence de maya sur l'être distinct, désirent se fondre dans l'existence du Paramatma; mais parce qu'ils n'éprouvent pas d'amour véritable pour Celui-ci, ils demeurent à jamais prisonniers de l'influence de maya, et incapables ne serait-ce que de s'approcher du Paramatma. Leur inaptitude provient uniquement de leur manque d'affection pour le Paramatma. Un riche avare ignore comment faire usage de ses richesses, si bien qu'en dépit de sa fortune, son comportement avaricieux l'enferme à jamais dans la pauvreté. Par ailleurs, une personne sachant utiliser la richesse peut rapidement devenir fortunée, même si elle ne possède que de maigres économies. Les yeux et le soleil se trouvent intimement liés, car sans la lumière du soleil, les yeux restent incapables de voir. Mais les autres parties du corps, qui, elles, dépendent du soleil pour la chaleur qu'il leur fournit, tirent davantage parti du soleil que les yeux. Et à moins d'affectionner le soleil, les yeux ne peuvent supporter ses rayons; en d'autres mots, ils ne peuvent saisir l'utilité des rayons solaires. Pareillement, les philosophes empiristes, malgré leur connaissance théorique du Brahman, ne savent pas faire usage de la miséricorde du Brahman Suprême du fait de leur manque d'affection pour Lui. Tant de philosophes impersonnalistes demeurent indéfiniment sous l'influence de maya pour la simple raison que, malgré leur intérêt pour la connaissance théorique du Brahman, ils ne développent aucune affection pour Lui, et qu'ils ne peuvent pas davantage évoluer dans ce sens, la méthode qu'ils emploient étant défectueuse. Un adorateur du Soleil, même privé de la vue, peut contempler le deva-maître de l'astre du jour, fût-ce à partir de la terre, alors que celui qui ne porte aucune dévotion au Soleil ne peut supporter l'éclat de ses rayons. De même, celui qui pratique le service de dévotion, même s'il n'est pas un jnani, peut voir en lui-même le Seigneur Suprême, du fait de l'amour pur qu'il Lui porte. En toutes circonstances, on doit s'efforcer de cultiver son amour pour Dieu, car ceci aura pour effet de vaincre toute adversité.
sarva-veda-mayenedam
atmanatmatma-yonina prajah srja yatha-purvam yas ca mayy anuserate
maitreya uvaca
tasma evam jagat-srastre pradhana-purusesvarah vyajyedam svena rupena kanja-nabhas tirodadhe
Après avoir instruit Brahma, le créateur de l'univers, dans l'art de déployer la création, le Seigneur originel, la Personne Souveraine dans Sa Forme personnelle de Narayana, disparut.
Avant de créer l'univers, Brahma vit le Seigneur: là réside l'explication du catuh-sloki Bhagavatam. Au moment, donc, où l'oeuvre de création attendait l'intervention de Brahma, celui-ci vit le Seigneur, ce qui implique qu'Il existait dans Sa Forme personnelle avant la création. Sa Forme éternelle n'est pas créée par Brahma, comme l'imaginent des hommes à l'intelligence réduite. Le Seigneur Suprême apparut devant Brahma tel qu'Il est, puis Il disparut, toujours dans la même Forme, laquelle n'est en rien souillée par la matière. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le neuvième chapitre du troisième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Les prières de Brahma en vue de la création".
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |