SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 5 Propos échangés entre
Maitreya et Vidura.
jyotisambho nusamsrstam
vikurvad brahma-viksitam mahim gandha-gunam adhat kala-mayamsa-yogatah
Il ressort clairement de ces descriptions des éléments physiques qu'à chaque nouvelle étape, le regard de l'Etre Suprême doit accompagner les diverses additions et modifications qui entraînent leur manifestation. A chaque nouvelle transformation, la touche finale est apportée par le regard du Seigneur, lequel agit tel un artiste peintre qui mélange différentes teintes en vue d'obtenir une nuance particulière. Quand un élément se combine à un autre, le nombre de ses attributs s'accroît. Par exemple, l'éther est à l'origine de l'air et ne possède qu'un seul attribut, c'est-à-dire le son; mais dès qu'il entre au contact du regard du Seigneur et qu'il se mélange au temps éternel et à l'énergie externe, il fait apparaître l'air, lequel possède, lui, deux attributs, soit le son et l'objet du toucher. De même, après la création de l'air, l'interaction de l'air et de l'éther, touchés par le temps et l'énergie externe du Seigneur, engendre l'électricité. Et de l'interaction de la force électrique avec l'air et l'éther, mêlés au temps, à l'énergie externe et au regard du Seigneur, apparaît l'eau. Au stade ultime de l'éther, il n'existe qu'un seul attribut: le son; dan l'air toutefois, on remarque la présence de deux attributs: le son et l'objet du toucher; dans la force électrique, trois attributs: le son, l'objet du toucher et la forme; dans l'eau, quatre attributs: le son, l'objet du toucher, la forme et le goût; et au dernier degré de développement physique apparaît la terre, qui possède ensemble les cinq attributs: le son, l'objet du toucher, la forme, le goût et l'odeur. Bien qu'il s'agisse de combinaisons variées de divers composants matériels, celles-ci ne surviennent pas d'elles-mêmes, pas plus qu'un agencement de couleurs n'est susceptible d'apparaître de lui-même, sans le geste de l'artiste peintre. L'automatisme de ces transformations est, en fait, l'oeuvre du Seigneur, dont le regard représente la touche personnelle. La conscience vivante constitue ainsi le fin mot de toutes les transformations physiques. Ce que corrobore d'ailleurs la Bhagavad-gita (IX.10):
(1) ''La nature matérielle agit sous Ma direction, ô fils de Kunti, sous Ma direction elle engendre tous les êtres, mobiles et immobiles. Par Mon ordre encore, elle est créée puis anéantie, dans un cycle sans fin."
bhutanam nabha-adinam
yad yad bhavyavaravaram tesam paranusamsargad yatha sankhyam gunan viduh
ete devah kala visnoh
kala-mayamsa-linginah nanatvat sva-kriyanisah procuh pranjalayo vibhum
L'idée de l'existence de divers êtres surhumains habitant les systèmes planétaires supérieurs et ayant charge de régir l'ordre universel ne relève pas de l'imagination, comme l'affirment certains ignares. Les devas sont des émanations fragmentaires du Seigneur Suprême, Sri Visnu. Ils se manifestent sous l'action du temps, de l'énergie externe et d'une partie de la conscience de l'Etre Suprême. Les humains, les animaux, les oiseaux et les autres êtres sont également des parties infimes du Seigneur, revêtues de divers corps matériels, mais eux n'ont pas le pouvoir de régir l'ordre de l'univers. Ils sont, bien au contraire, sous le contrôle des devas. Et ce gouvernement de l'univers n'est pas superflu; il importe tout autant que celui d'un Etat moderne, avec tous ses ministères. Aussi les devas ne doivent-ils pas être dénigrés par leurs subordonnés; ils sont tous de grands dévots du Seigneur, chargés par Lui de remplir certaines fonctions au sein de l'univers. On pourrait, par exemple, en vouloir à Yamaraja, qui a pour tâche ingrate de punir les pécheurs, mais Yamaraja compte parmi les dévots de confiance du Seigneur, comme d'ailleurs tous les autres devas. Un bhakta ne se trouve jamais sous la domination de ces devas chargés de pouvoirs et agissant en tant qu'assistants du Seigneur, mais il ne leur en montre pas moins tout son respect en raison des lourdes responsabilités qui leur ont été confiées. Toutefois, il ne commet pas l'erreur grossière de les prendre pour le Seigneur Suprême. Seuls les insensés placent les devas au même niveau que Visnu, car en vérité, ils sont tous employés à Son service. Quiconque place Dieu et les devas sur un pied d'égalité mérite le nom de pasandi, ou d'athée. Seuls vénèrent les devas les personnes qui adhèrent plus ou moins aux voies du jnana, du yoga et du karma, c'est-à-dire les impersonnalistes, les fervents de la méditation et ceux qui se livrent à l'action intéressée. Les bhaktas, cependant, n'adorent que le Seigneur Suprême, Sri Visnu. Et leur adoration ne vise l'acquisition d'aucun bienfait matériel comme ceux que convoitent tous les matérialistes, qu'ils soient attachés aux fruits de leurs actes, qu'ils poursuivent les perfections yogiques ou qu'ils recherchent le salut. Les bhaktas adorent le Seigneur Suprême à seule fin de développer une dévotion sans partage pour Sa Personne. Les autres, qui ne projettent nullement de développer leur amour pour Dieu -ce qui représente pourtant le but fondamental de l'existence-, ne Lui vouent pas leur adoration. Et tous ceux qui s'opposent à une relation d'amour avec Dieu se condamnent, de par leurs propres actes, à un bien noir destin. Comme le Gange dans son cours, le Seigneur Se montre égal envers tous les êtres. Les eaux du Gange sont destinées à la purification de tous, et pourtant, les arbres qui poussent sur ses rives n'ont pas tous la même valeur. Le manguier se nourrira de son eau, et de même le nimba; mais leurs fruits différeront considérablement: l'un sera d'une douceur céleste, l'autre d'une amertume infernale. Or, l'amertume du nimba est tout simplement le fait de ses actes passés, tout comme la douceur de la mangue lui vient de son propre karma. Le Seigneur affirme Lui-même dans la Bhagavad-gita (XVI.19):
deva ucuh
namama te deva padaravindam prapanna-tapopasamatapatram yan-mula-keta yatayo njasoru- samsara-duhkham bahir utksipanti
O Seigneur, Tes pieds pareils-au-lotus sont pour les âmes soumises comme une ombrelle les protégeant des souffrances de l'existence matérielle. De fait, tous les sages qui les acceptent comme refuge se débarrassent de toute souffrance. Nous offrons donc notre hommage respectueux à Tes pieds pareils-au-lotus.
Il existe de nombreux sages et saints qui cherchent à triompher des renaissances successives et autres souffrances matérielles. Mais d'entre tous, ceux qui se réfugient sous les pieds pareils-au-lotus du Seigneur peuvent sans mal se débarrasser entièrement de tous ces maux. Les autres spiritualistes, engagés sur diverses voies, ne peuvent y parvenir. La tâche leur est fort ardue. Ils croient arbitrairement qu'ils seront libérés sans avoir accepté comme refuge les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, ce qui est impossible. Cette fausse libération les conduira à coup sûr vers une nouvelle chute dans l'existence matérielle, et ce, en dépit de leurs dures austérités. C'est là l'opinion des devas, qui sont non seulement versés dans le savoir védique, mais voient également le passé, le présent et le futur. Leur jugement doit être pris en considération du fait qu'ils sont autorisés à occuper divers postes dans l'organisation de l'univers; ils sont désignés par le Seigneur en personne pour être Ses serviteurs intimes.
dhatar yad asmin bhava isa jivas
tapa-trayenabhihata na sarma atman labhante bhagavams tavanghri- cchayam sa-vidyam ata asrayema
La voie du service de dévotion n'a rien de sentimental ou de matériel. C'est la voie de la réalité, par quoi l'être distinct peut trouver le bonheur spirituel qui existe au-delà des trois formes de souffrances matérielles -celles qui proviennent du corps et du mental, celles qui proviennent des autres êtres et celles qui proviennent des catastrophes naturelles. Tout être conditionné par l'existence matérielle, qu'il s'agisse d'un homme, d'un animal, d'un oiseau ou d'un deva, doit connaître ces trois formes de souffrance, dites adhyatmika (celles issues du corps et du mental), adhibautika (celles provoquées par les autres êtres) adhidaivika (celles qu'entraînent des forces surnaturelles). Son bonheur n'est en fait qu'un dur combat pour échapper aux souffrances de l'existence conditionnée. Mais il n'y a qu'une planche de salut qui s'offre à l'être, et c'est d'accepter le refuge des pieds pareils-au-lotus du Seigneur Suprême. On ne saurait nier qu'à moins d'avoir une connaissance suffisante, nul ne peut s'affranchir des souffrances matérielles. Mais parce que les pieds pareils-au-lotus du Seigneur sont tout empreints de savoir spirituel, celui qui y trouve refuge remplit aussitôt cette condition. Cette vérité a d'ailleurs déjà été présentée au premier Chant de l'ouvrage:
(1) "Qui sert le Seigneur Suprême, Sri Krsna, avec amour et dévotion, acquiert aussitôt, par grâce, le savoir et le détachement."
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |