SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 4 Vidura rencontre Maitreya.
noddhavo nv api man-nyuno
yad gunair narditah prabhuh ato mad-vayunam lokam grahayann iha tisthatu
La qualité particulière requise pour devenir le représentant du Seigneur est de ne pas être affecté par les gunas. Le plus haut titre qu'une personne puisse obtenir dans l'univers matériel est celui de brahmana; mais comme le brahmana se trouve sous l'influence de la vertu, il ne suffit pas d'être tel pour représenter le Seigneur. Il faut aussi transcender la vertu pour s'établir dans la pure vertu, et n'être affecté par aucun des attributs de la nature matérielle. Ce niveau de qualification spirituelle est appelé suddha-sattva, ou vasudeva, et c'est alors qu'on peut réaliser la science de Dieu. A l'exemple du Seigneur, qui n'est aucunement affecté par les gunas, le pur bhakta se trouve également libre de ces influences, et telle est la première qualité requise pour ne faire qu'Un avec le Seigneur. Celui qui parvient ainsi au niveau spirituel est appelé jivan-mukta, ou âme libérée, même s'il semble encore sujet aux conditions matérielles. Cette libération appartient à celui qui s'absorbe dans le service d'amour absolu du Seigneur. Le Bhakti-rasamrta-sindhu (1.2.187) enseigne à cet effet:
evam tri-loka-guruna
sandistah sabda-yonina badaryasramam asadya harim ije samadhina
Sri Krsna est véritablement le maître spirituel des trois mondes, de même que la source originelle de tout savoir. Il s'avère cependant très difficile de saisir la nature personnelle de la Vérité Absolue, même à travers les Vedas. Les instructions personnelles du Seigneur sont requises pour comprendre que la Personne Divine représente la Vérité Suprême et Absolue. Or, la Bhagavad-gita forme, en vérité, l'essence de ce savoir spirituel. Nul ne peut connaître le Seigneur Suprême s'il ne reçoit Sa grâce personnelle . Et Sri Krsna montra cette miséricorde particulière à Arjuna et à Uddhava alors qu'Il Se trouvait dans l'univers matériel. Il ne fait aucun doute que la Bhagavad-gita ait été énoncée par le Seigneur sur le champ de bataille de Kuruksetra afin d'encourager Arjuna au combat; mais pour compléter le savoir spirituel de la Bhagavad-gita, le Seigneur choisit d'instruire Uddhava. C'est qu'Il désirait voir Uddhava remplir Sa mission et répandre une connaissance qu'Il n'avait pas même inclue dans la Bhagavad-gita. Les hommes qui s'attachent au texte des Vedas peuvent également apprendre par ce verset que le Seigneur représente la source de tout le savoir védique. Ceux qui ne peuvent saisir le Seigneur Suprême en parcourant les pages des Vedas devraient chercher refuge auprès d'un dévot du Seigneur, comme le fit Uddhava, pour ainsi parfaire leur connaissance de Sa Personne. La Brahma-samhita enseigne qu'il est effectivement très difficile de percevoir Dieu, la Personne Suprême, dans les pages des Vedas, alors qu'Il peut être aisément connu auprès d'un pur bhakta comme Uddhava. Répandant Sa miséricorde sur les grands sages qui vivaient à Badarikasrama, le Seigneur autorisa Uddhava à s'adresser à eux en Son Nom. Mais sans être ainsi mandaté, nul ne peut comprendre ou prêcher le service de dévotion offert au Seigneur. Lorsqu'Il était présent sur terre, le Seigneur accomplit nombre d'exploits hors du commun, jusqu'à voyager dans l'espace pour ramener du royaume édénique un jeune arbre parijata, ou arracher au pays des morts le fils de Son précepteur (Sandipani Muni). Uddhava n'était pas sans être informé des conditions de vie qui règnent sur les autres planètes, et tous les sages se montrèrent grandement désireux de l'entendre sur ce sujet, tout comme nous cherchons à connaître les planètes de l'univers. Uddhava avait pour mission particulière de porter un message à Badarikasrama, et non seulement aux sages qui habitent ce pèlerinage, mais également à Nara et Narayana. Or, ce message devait être plus profond encore que le savoir énoncé dans les pages des Vedas. Le Seigneur est sans nul doute la source de toute connaissance, et le message envoyé à Nara-Narayana et aux autres sages à travers Uddhava faisait également partie du savoir védique, mais il revêtait un caractère plus intime et ne pouvait être acheminé ou compris que par un pur bhakta du niveau d'Uddhava. Et comme ce savoir "confidentiel" n'était connu que du Seigneur et d'Uddhava, on dit de ce dernier qu'il jouit des mêmes vertus que le Seigneur en personne. Tout être peut, à l'exemple d'Uddhava, devenir un messager intime du Seigneur, sur le même plan que Lui, pourvu qu'il entre dans l'intimité du Seigneur par la pratique du service d'amour et de dévotion. Ce savoir secret n'est confié, ainsi que le confirme la Bhagavad-gita, qu'aux purs bhaktas tels Uddhava et Arjuna, et c'est à travers eux, et par aucun autre moyen, que l'on peut en percer le mystère. Nul ne peut comprendre la Bhagavad-gita ou le Srimad-Bhagavatam sans l'aide d'aussi intimes dévots du Seigneur. Selon Visvanatha Cakravarti Thakura, le message confidentiel transmis par Uddhava devait concerner le mystère de la disparition du Seigneur et l'annihilation de Sa dynastie après que Se furent écoulées les cent années de Son séjour dans notre univers. Tous devaient être profondément désireux de connaître le mystère de la destruction de la dynastie Yadu, si bien que le Seigneur dut l'expliquer à Uddhava afin que celui-ci en porte le message à Nara-Narayana et aux autres purs bhaktas vivant à Badarikasrama.
viduro py uddhavac chrutva
krsnasya paramatmanah kridayopatta-dehasya karmani slaghitani ca
Le message de l'apparition et de la disparition de l'Ame Suprême, Sri Krsna, reste un mystère même pour les grands sages. Le mot paramatmanah doit à ce propos retenir notre attention. On désigne généralement un être ordinaire par le mot atma, mais Sri Krsna n'est jamais un être ordinaire, puisqu'Il est l'Ame Suprême ou Paramatmâ. Cependant, Son apparition en tant qu'humain et Sa disparition du monde des mortels forment matière à étude pour les plus fervents chercheurs. Un tel sujet présente certes un intérêt croissant, car le chercheur doit découvrir le royaume spirituel et absolu du Seigneur, où Il retourne après avoir mis un terme à Ses Divertissements dans le monde des mortels. Mais même les grands sages ignorent qu'au-delà de l'univers matériel se trouve le monde spirituel, où Sri Krsna réside éternellement avec Ses compagnons, tout en manifestant Ses Divertissements à l'intérieur du monde des mortels, dans tous les univers, les uns après les autres. La Brahma-samhita (5.37) corrobore cette vérité: goloka eva nivasaty akhilatma-hutah. "Le Seigneur, par Sa puissance inconcevable, réside en Sa demeure éternelle, Goloka, mais en tant qu'Ame Suprême, Il Se trouve simultanément partout présent -dans l'univers matériel aussi bien que dans le monde spirituel- à travers Ses multiples manifestations." Son apparition et Sa disparition se déroulent donc simultanément, et nul ne peut affirmer de façon définitive où commence l'une et où se termine l'autre. Ces Divertissements éternels n'ont ni commencement ni fin, et plutôt que de perdre notre temps précieux en vaines recherches, nous nous devons d'en apprendre la teneur auprès d'un pur bhakta, et de lui seul.
deha-nyasam ca tasyaivam
dhiranam dhairya-vardhanam anyesam duskarataram pasunam viklavatmanam
Les Formes et Divertissements spirituels et absolus du Seigneur constituent, ainsi que l'enseigne la Bhagavad-gita, un sujet des plus difficiles à comprendre pour les abhaktas. Le Seigneur ne Se révèle jamais aux personnes comme les jnanis et les yogis. D'autres, parce qu'ils sont envieux du Seigneur au plus profond de leur coeur, se rangent parmi les espèces animales; et pour eux, la question de l'apparition et de la disparition du Seigneur n'engendre que le trouble dans leur esprit. La Bhagavad-gita (VII.15) confirme d'ailleurs que les mécréants qui ne sont concernés que par les plaisirs matériels, et qui peinent comme des bêtes de somme, ne peuvent véritablement rien connaître du Seigneur Suprême à cause de leur asurika-bhava, de leur esprit de révolte contre Lui. Les émanations corporelles spirituelles manifestées par le Seigneur pour Ses Divertissements dans le monde des mortels, ainsi que leur apparition et leur disparition, constituent des sujets difficiles; aussi n'est-il pas conseillé aux abhaktas d'en débattre, sous peine de commettre davantage d'offenses aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Plus ils discutent de ces questions avec leurs mentalités asuriques, et plus ils s'enfoncent dans les plus obscures ténèbres de l'enfer, comme l'explique la Bhagavad-gita (XVI.20). Quiconque s'oppose au service d'amour absolu du Seigneur n'est en fait qu'un animal; c'est ce qu'affirme ce verset du Srimad-Bhagavatam.
atmanam ca kuru-srestha
krsnena manaseksitam dhyayan gate bhagavate ruroda prema-vihvalah
Vidura fut emporté par l'extase de l'amour lorsqu'il comprit que Sri Krsna, le Seigneur Suprême en personne, avait pensé à lui au dernier moment de Son séjour sur terre. Bien que lui-même se considérât insignifiant, le Seigneur, dans Son infinie miséricorde, S'était souvenu de lui. Vidura voyait là une grande faveur, et c'est pourquoi il se mit à pleurer. De tels pleurs représentent le summum du progrès sur la voie du service de dévotion. Et celui qui peut pleurer pour le Seigneur sous l'empire de l'amour connaît certes la réussite dans sa pratique du service dévotionnel.
kalindyah katibhih siddha
ahobhir bharatarsabha prapadyata svah-saritam yatra mitra-suto munih
Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le quatrième chapitre du troisième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Vidura rencontre Maitreya".
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |