SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 4

Vidura rencontre Maitreya.

VERSET 21

so ham tad-darsanahlada-
viyogarti-yutah prabho
gamisye dayitam tasya
badaryasrama-mandalam

TRADUCTION

Mon cher Vidura, me voilà devenu comme fou depuis que je suis privé du plaisir de Le contempler, et pour adoucir mon malheur, je me dirige maintenant, comme Il me l'a demandé, vers Badarikasrama, dans les Himalayas, pour y trouver bonne compagnie.

TENEUR ET PORTEE

Un pur bhakta du niveau d'Uddhava vit sans cesse au contact du Seigneur dans un double sentiment de rencontre et de séparation simultanées. Pas un instant ne passe où il ne soit absorbé dans le service spirituel du Seigneur. Ce service représente son occupation essentielle. Le sentiment de séparation qu'éprouvait Uddhava en l'absence du Seigneur était intolérable, et suivant Son ordre, il se dirigea vers Badarikasrama, car le Seigneur et Son ordre ne sont pas différents l'un de l'autre. En d'autres mots, tant que l'on s'attache à suivre les instructions du Seigneur, on ne peut être vraiment séparé de Lui.

VERSET 22

yatra narayano devo
naras ca bhagavan rsih
mrdu tivram tapo dirgham
tepate loka-bhavanau

TRADUCTION

Là, à Badarikasrama, le Seigneur Suprême, présent en tant que les sages Nara et Narayana, S'est livré de temps immémoriaux aux plus rudes austérités pour le bien de tous les êtres bons.

TENEUR ET PORTEE

Badarikasrama, ce lieu des Himalayas où résident les sages Nara et Narayana, représente un important pèlerinage pour les fidèles hindous. De nos jours encore, c'est par milliers qu'ils s'y rendent pour offrir leur respect à l'avatara Nara-Narayana. Il ressort des versets à l'étude qu'il y a cinq mille ans déjà ce lieu sacré était visité par des saints hommes de la qualité d'Uddhava, et que, déjà à cette époque, l'endroit avait une réputation qui remontait à la plus haute antiquité. Ce pèlerinage particulier demeure difficile d'accès pour le commun des hommes, car il se trouve dans une région escarpée des Himalayas, couverte de neige et de glace la majeure partie de l'année. Il y a cependant quelques mois, au cours de la saison d'été, où les gens peuvent s'y rendre, mais au prix d'inconvénients considérables. Il existe quatre dhamas, ou lieux de résidence divine, représentant les planètes du monde spirituel, lequel se compose du brahmajyoti et des Vaikunthas. Ces lieux sont Badarikasrama, Ramesvara, Jagannatha Puri et Dvaraka, et les fidèles hindous, à l'exemple de bhaktas comme Uddhava, se rendent en ces lieux saints en vue de parfaire leur réalisation spirituelle.

VERSET 23

sri-suka uvaca
ity uddhavad upakarnya
suhrdam duhsaham vadham
jnanenasamayat ksatta
sokam utpatitam budhah

TRADUCTION

Sri Sukadeva Gosvami dit:
Après qu'Uddhava lui eût tout appris sur la fin de ses amis et de ses proches, le sage Vidura apaisa son accablante douleur grâce à son savoir spirituel.

TENEUR ET PORTEE

Vidura apprit que la Bataille de Kuruksetra avait eu pour conséquence l'anéantissement de ses amis et de ses proches, ainsi que la destruction de la dynastie Yadu et la disparition du Seigneur. Ces nouvelles le plongèrent dans une affliction profonde, mais, étant donné son haut niveau de connaissance spirituelle, il fut à même d'apaiser sa douleur en faisant appel à sa haute réalisation. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita, étant donné que nous avons si longtemps vécu en fonction de liens corporels, il n'y a rien d'étonnant à ce que nous nous affligions de la disparition d'amis ou de proches; mais nous devons apprendre l'art d'apaiser de telles douleurs au moyen d'une connaissance supérieure, spirituelle. Uddhava et Vidura avaient commencé à s'entrenir de Krsna au crépuscule, et Vidura possédait maintenant une connaissance plus développée encore grâce à son contact avec Uddhava.

VERSET 24

sa tam maha-bhagavatam
vrajantam kauravarsabhah
visrambhad abhyadhattedam
mukhyam krsna-parigrahe

TRADUCTION

Tandis qu'Uddhava, le premier d'entre les dévots du Seigneur et aussi le plus proche de Lui, s'apprêtait à partir, Vidura, poussé par l'affection et la confiance, voulut l'interroger.

TENEUR ET PORTEE

Vidura était beaucoup plus âgé qu'Uddhava. Sur le plan familial, Uddhava était comme un frère pour Krsna, alors que Vidura avait l'âge de Son père, Vasudeva. Mais bien qu'il fût plus jeune, Uddhava était fort avancé dans la pratique du service de dévotion offert au Seigneur, et c'est pourquoi notre verset le décrit comme le premier d'entre les dévots du Seigneur. Vidura plaçait une confiance totale en ses qualités; aussi s'adressa-t-il à Uddhava avec le respect dû à son haut niveau de réalisation spirituelle. C'est là l'étiquette que doivent observer les bhaktas lorsqu'ils se rencontrent.

VERSET 25

vidura uvaca
jnanam param svatma-rahah-prakasam
yad aha yogesvara isvaras te
vaktum bhavan no rhati yad dhi visnor
bhrtyah sva-bhrtyartha-krtas caranti

TRADUCTION

Vidura dit:
O Uddhava, c'est pour servir autrui que les serviteurs de Visnu errent à travers le monde; tu es donc parfaitement habilité à décrire le savoir spirituel dont le Seigneur t'a Lui-même éclairé.

TENEUR ET PORTEE

Les serviteurs du Seigneur sont, en fait, les serviteurs de la société tout entière. A vivre parmi les hommes, ils ne poursuivent d'autre but que de les éclairer au moyen du savoir spirituel; leur désir est de transmettre la connaissance de la relation qui unit l'être distinct au Seigneur Suprême, des activités qu'appelle cette relation spirituelle, et du but ultime de la vie humaine. Tel est le vrai savoir qui permettra à la société de servir le bien réel de tous les hommes. Toute connaissance concernant la satisfaction des besoins du corps -manger, dormir, se reproduire et se défendre- n'est que temporaire, même lorsqu'elle se subdivise en diverses branches de savoir axées sur le ''progrès". L'être vivant n'est pas le corps de matière mais une partie infime de l'Etre spirituel suprême; il est donc essentiel de l'aider à raviver en lui ce savoir, sans lequel la vie humaine est un échec. Or, cette responsabilité incombe aux serviteurs du Seigneur, Sri Visnu, qui, pour ce faire, parcourent la terre et toutes les autres planètes de l'univers. Ainsi, le savoir reçu directement du Seigneur par Uddhava se doit d'être diffusé dans la société, et plus spécialement aux hommes comme Vidura, qui sont très avancés dans la pratique du service de dévotion offert au Seigneur.

Le véritable savoir spirituel descend, à travers la succession disciplique, du Seigneur à Uddhava, d'Uddhava à Vidura, et ainsi de suite. Il est impossible d'acquérir ce savoir suprême par la méthode imparfaite de la recherche spéculative, à laquelle recourent les théoriciens profanes prétendument érudits. Vidura désirait ardemment apprendre d'Uddhava ce savoir confidentiel, connu sous le nom de paramam sthitim, qui révèle le Seigneur à travers Ses Divertissements spirituels et absolus. Bien que Vidura fût l'aîné d'Uddhava, il brûlait de devenir son serviteur sur le plan des rapports spirituels. Cette formule est celle de la succession disciplique spirituelle, et elle fut également enseignée par Sri Caitanya, qui recommandait à chacun de recevoir la connaissance de toute personne véritablement versée dans la science de Krsna, qu'il s'agisse d'un brahmana ou d'un sudra, d'un homme marié ou d'un sannyasi. Celui qui connaît la science de Krsna est véritablement un maître spirituel authentique.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare