SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 2 Uddhava se souvient de
Sri Krsna.
tato nanda-vrajam itah
pitra kamsad vibibhyata ekadasa samas tatra gudharcih sa-balo vasat
Il n'était pas nécessaire de transporter le Seigneur chez Nanda Maharaja de crainte que Kamsa ne mette à exécution sa résolution de Le tuer dès Sa naissance. C'est la fonction même des asuras que de s'efforcer de faire périr le Seigneur Suprême, ou de prouver par tous les moyens qu'il n'y a pas de Dieu, ou encore que Krsna est un homme comme les autres et qu'Il n'a rien de divin. Sri Krsna n'est nullement touché par les projets que fomentent les individus de la nature de Kamsa, mais jouant le rôle d'un enfant, Il accepta néanmoins d'être transporté par Son père vers les pâturages de Nanda Maharaja, car Vasudeva, lui, avait peur de Kamsa. Nanda Maharaja était destiné à Le recevoir comme son fils, et Yasodamayi devait également se réjouir des Divertissements d'enfance du Seigneur. Aussi, pour combler les désirs de chacun, Il Se laissa transporter de Mathura à Vrndavana aussitôt après Son avènement dans la prison de Kamsa. Là, Il vécut pendant onze années et manifesta tous Ses fascinants Divertissements d'enfance, de prime adolescence et de jeunesse, en compagnie de Son frère aîné, Sri Baladeva, Sa première émanation. Le désir de Vasudeva de protéger Krsna contre la colère de Kamsa relève du lien spirituel qui l'unit au Seigneur. Celui-ci trouve plus de plaisir à voir Son dévot Le traiter comme son fils subordonné et dépendant de la protection de son père, qu'à recevoir l'adoration due à Sa position de Seigneur Suprême. Il est Lui-même le père et le protecteur de tous les êtres, mais lorsque Son dévot est convaincu qu'il se doit de protéger le Seigneur, Ce dernier en éprouve une joie suprême. Ainsi, lorsque Vasudeva Le porta jusqu'à Vrndavana par crainte de Kamsa, Krsna y trouva grand plaisir; mais Il n'avait peur ni de Kamsa ni de qui que ce soit.
parito vatsapair vatsams
carayan vyaharad vibhuh yamunopavane kujad- dvija-sankulitanghripe
Nanda Maharaja avait la charge de terres appartenant au roi Kamsa, mais parce qu'il était un vaisya, c'est-à-dire un membre de la communauté agricole et marchande, il gardait des milliers de vaches. De même que les ksatriyas se doivent de protéger les humains, les vaisyas ont pour devoir de protéger les vaches. Parce que le Seigneur n'était encore qu'un enfant, Lui et Ses amis pâtres s'étaient vus confier la garde des veaux. Ces pâtres étaient en fait de grands rsis et yogis lors de leurs vies précédentes; après un grand nombre d'existences vertueuses, ils obtinrent la compagnie du Seigneur et purent jouer avec Lui comme s'ils étaient Ses égaux. Ces jeunes pâtres ne se soucièrent jamais de savoir qui était véritablement Krsna; ils ne faisaient que jouer avec Lui, leur plus intime et adorable ami. Ils concevaient tant d'amour pour Lui que, le soir venu, ils ne songeaient qu'au matin suivant, quand ils pourraient à nouveau rencontrer le Seigneur et parcourir avec Lui les forêts en gardant les troupeaux. Les forêts qui longeaient la Yamuna s'étendaient en jardins magnifiques remplis d'arbres fruitiers -manguiers, jacquiers, pommiers, guavas, orangers, palmiers, vignes, baies...- et de toutes sortes de plantes et de fleurs odorantes. Comme ces forêts se trouvaient sur le bord de la rivière, les branches des arbres portaient naturellement de nombreux oiseaux aquatiques ainsi que des paons. Tous les arbres, oiseaux et animaux de ces forêts étaient en fait des êtres vertueux qui avaient choisi de naître dans ce royaume spirituel de Vrndavana à seule fin de contribuer au plaisir du Seigneur et des jeunes pâtres, Ses compagnons éternels. Alors qu'Il jouait avec Ses amis comme le ferait un jeune enfant, le Seigneur anéantit nombre d'êtres démoniaques, parmi lesquels Aghasura, Bakasura, Pralambasura et Gardabhasura. Bien qu'Il soit apparu à Vrndavana sous les traits d'un garçonnet, Il était comme un feu couvert. De même qu'un minuscule tison peut déclencher un énorme incendie, le Seigneur tua tous ces grands asuras, dès Sa plus tendre enfance, dans la maison de Nanda Maharaja. La région de Vrndavana, théâtre des jeux d'enfance du Seigneur, existe encore de nos jours, et quiconque visite ces lieux y trouve la même félicité spirituelle qu'autrefois, même si le Seigneur n'y est plus visible à nos yeux imparfaits. Sri Caitanya a enseigné que cette région est identique au Seigneur Lui-même, et donc digne de recevoir l'adoration des bhaktas. Cette assertion est particulièrement chère aux successeurs de Sri Caitanya connus sous le nom de gaudiya-vaisnavas. Et parce que ces lieux sont identiques au Seigneur, des bhaktas tels qu'Uddhava et Vidura les visitèrent il y a cinq mille ans pour jouir d'un contact direct avec le Seigneur, qu'Il y soit visible ou non. Des milliers de bhaktas peuplent encore les lieux saints de Vrndavana, et tous s'y préparent à retourner à Dieu, en leur demeure originelle.
kaumarim darsayams cestam
preksaniyam vrajaukasam rudann iva hasan mugdha- bala-simhavalokanah
Quiconque désire se réjouir des Divertissements d'enfance du Seigneur doit marcher sur les traces des habitants de Vraja, comme Nanda, Upananda et d'autres parmi les membres de Sa famille. Il arrive parfois qu'un enfant insiste pour qu'on lui donne un objet, et il pleure à fendre l'âme jusqu'à ce qu'il l'obtienne, dérangeant tout le voisinage; puis, dès qu'il obtient l'objet désiré, il se met à rire. Ces pleurs et ces rires font la joie des parents et des membres aînés de la famille; aussi le Seigneur riait-Il et pleurait-Il de cette manière, coup sur coup, provoquant des vagues de plaisir spirituel chez les bhaktas qu'étaient Ses parents. Ces incidents particuliers sont à la portée des seuls habitants de Vraja, comme Nanda Maharaja, et certes pas des adorateurs impersonnalistes du Brahman ou du Paramatma. Parfois, lorsque des asuras L'attaquaient dans la forêt, Krsna semblait frappé de stupeur, mais Il jetait Son regard sur eux comme un lionceau et les faisait périr. Ses compagnons d'enfance étaient aussi émerveillés, et lorsqu'ils rentraient à la maison, ils avaient vite fait de tout raconter à leurs parents, et tous appréciaient les qualités de leur Krsna. L'enfant Krsna n'appartenait pas qu'à Ses seuls parents, c'est-à-dire Nanda et Yasoda, mais Il était également considéré comme le fils de tous les habitants aînés de Vrndavana tout comme Il était l'ami de tous les jeunes garçons et filles de Son âge. Tout le monde aimait Krsna; Il était la vie, l'Ame même de tous les êtres, y compris des vaches, des veaux et des animaux de la forêt.
sa eva go-dhanam laksmya
niketam sita-go-vrsam carayann anugan gopan ranad-venur ariramat
Quand Il eut six ou sept ans, on confia au Seigneur la garde des vaches et des boeufs. Il était fils d'un riche propriétaire terrien possédant des centaines de milliers de vaches; or, selon le critère de l'économie védique, la richesse d'un homme se mesure à l'ampleur de ses réserves de céréales et au nombre de ses vaches. En effet, ces deux seuls facteurs -vaches et céréales- peuvent permettre à l'humanité de résoudre tout problème de nourriture. La société n'a besoin que de quantités suffisantes de céréales et d'un nombre suffisant de vaches pour retrouver son équilibre économique. Toute autre valeur doit être rangée parmi les faux besoins créés par l'homme pour ruiner sa précieuse vie humaine et gaspiller son temps en futilités. Sri Krsna, en tant que précepteur de l'humanité, a voulu montrer à travers Ses propres Actes que les vaisyas, ou les marchands et agriculteurs, se doivent de veiller sur les vaches et les boeufs pour assurer ainsi la protection de ces animaux de grande valeur. Selon la smrti, la vache représente la mère de l'homme et le boeuf son père. Si la vache est comparée à la mère, c'est parce qu'elle donne son lait à l'homme, comme une mère à son enfant. Et de même que le père travaille pour ses enfants, le boeuf laboure la terre et participe ainsi à la production des céréales; aussi est-il considéré comme le père de l'homme. L'humanité tuera en elle tout sens de la vie si elle abat son père et sa mère. Il ressort en outre de ce verset que les ravissants boeufs et vaches de Krsna avaient le corps tacheté de teintes variées -rouge, noir, vert, jaune, cendré, etc. Et leurs couleurs, ainsi que leurs traits sains et souriants créaient une atmosphère vivifiante. Mais par-dessus tout, le Seigneur aimait à jouer de Sa flûte célèbre, et Son chant emplissait Ses amis d'un plaisir si sublime qu'ils en oubliaient tous les propos concernant le brahmananda, si hautement loué par les impersonnalistes. Ces gopas, ainsi que l'expliquera plus tard Sukadeva Gosvami, étaient des êtres qui avaient accumulé des montagnes d'actes vertueux pour se voir ainsi accorder de jouir de la compagnie personnelle du Seigneur et d'entendre le chant de Sa flûte sublime. La Brahma-samhita (5.30) fait d'ailleurs référence au Seigneur et à Sa flûte:
prayuktan bhoja-rajena
mayinah kama-rupinah lilaya vyanudat tams tan balah kridanakan iva
Cet athée de Kamsa voulait tuer Krsna dès Sa naissance, mais il n'y réussit point; plus tard cependant, il apprit que Krsna vivait à Vrndavana dans la maison de Nanda Maharaja. Il engagea donc plusieurs sorciers, capables d'accomplir des prodiges et de se métamorphoser à volonté. Tous vinrent devant l'enfant divin sous des formes différentes; il y eut ainsi Agha, Baka, Putana, Sakata, Trnavarta, Dhenuka et Gardabha, qui tous cherchèrent à tuer le Seigneur à la première occasion. Mais l'un après l'autre, le Seigneur les mit à mort avec l'aisance d'un enfant qui joue avec de simples figurines. Les enfants aiment s'amuser avec des jouets représentant un lion, un éléphant, un ours ou autre créature, mais ils finissent par les briser au cours de leurs jeux. Or, devant le Seigneur tout-puissant, tout être, si puissant soit-il, est comme un simple lion mécanique dans les mains d'un enfant. Nul ne saurait se comparer à Dieu en quelque domaine que ce soit; personne ne peut L'égaler ou Le surpasser, ni réussir par aucun moyen à s'élever à un niveau comparable au Sien. Le jnana, le yoga et la bhakti représentent trois voies de réalisation spirituelle reconnues. De telles pratiques menées jusqu'à la perfection peuvent certes conduire au but désiré de l'existence, mais cela ne signifie nullement qu'elles permettent d'atteindre à un niveau de perfection égal à celui du Seigneur. Le Seigneur reste le Seigneur en toute circonstance; que ce soit lorsqu'Il joue comme un enfant dans le giron de Sa mère, Yasodamayi, ou comme un jeune pâtre avec Ses amis sublimes, Il continue d'être Dieu, sans qu'aucune de Ses six excellences n'en soit diminuée. Ainsi reste-t-Il sans rival.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |