SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 29 Le service de dévotion
expliqué par Sri Kapila.
atmanas ca parasyapi
yah karoty antarodaram tasya bhinna-drso mrtyur vidadhe bhayam ulbanam
Il existe des différences corporelles entre les diverses variétés d'êtres, mais le bhakta ne doit pas faire de distinction entre les êtres sur cette base; il doit acquérir la vision de ce que l'âme et l'Ame Suprême se trouvent toutes deux également présentes en chaque corps et dans toutes les espèces.
atha mam sarva-bhutesu
bhutatmanam krtalayam arhayed dana-manabhyam maitryabhinnena caksusa
Ce n'est pas parce que l'Ame Suprême habite dans le coeur d'un être que l'âme individuelle est devenue l'égale du Seigneur. Une telle méprise, quant à l'égalité de l'Ame Suprême et de l'âme distincte, est le propre des impersonnalistes. Ce verset stipule clairement que l'âme distincte doit être perçue en relation avec Dieu, la Personne Souveraine. Et il est ici expliqué que l'on peut vénérer l'âme individuelle en lui offrant en charité divers présents ou en se comportant avec elle de façon amicale, sans aucun esprit de séparatisme. Les impersonnalistes qualifient parfois une âme infortunée de daridra-narayana, cette expression signifiant que Narayana, le Seigneur Suprême, est devenu pauvre. Il y a là une véritable contradiction. Dieu possède dans leur plénitude toutes les perfections, et Il peut accepter de vivre auprès d'une âme infortunée ou même d'un animal, sans S'en trouver pour autant appauvri. Deux mots sanskrits sont ici utilisés: mana et dana. Mana est destiné à un supérieur, et dana indique celui qui fait offrande de dons charitables ou qui manifeste de la compassion envers un inférieur. Or, nous ne pouvons traiter le Seigneur Souverain comme un inférieur, dépendant de nos présents, de notre charité. Lorsque nous faisons la charité, c'est toujours à une personne matériellement ou économiquement inférieure. On ne fait pas la charité aux riches. Aussi est-il clairement établi ici que le respect, mana, doit être offert à un supérieur, et la charité à un inférieur. Les êtres distincts, selon les suites variées de leurs actes intéressés, peuvent s'enrichir ou s'appauvrir, mais le Seigneur Souverain, Lui, reste immuable; Il possède éternellement, et dans leur plénitude, les six perfections. Se montrer égal envers tous les êtres n'implique nullement qu'on doive les traiter comme s'ils étaient le Seigneur en personne. L'expression de la compassion et de l'amitié n'exige pas que l'on élève faussement qui que ce soit au niveau suprême du Seigneur. Mais nous ne devons pas pour autant penser que l'Ame Suprême située dans le coeur d'un animal comme le porc diffère de l'Ame Suprême dans le coeur d'un brahmana érudit. Où qu'elle se trouve, l'Ame Suprême reste toujours Dieu, le Seigneur Souverain. Par Sa toute-puissance, Il peut vivre en tout lieu, et recréer Sa demeure de Vaikuntha où Il veut. Telle est Sa puissance inconcevable. Ainsi, lorsque Narayana vit dans le coeur d'un porc, Il ne devient pas un Narayana porcin; Il reste toujours Narayana, et n'est pas touché par le corps du porc.
jivah srestha hy ajivanam
tatah prana-bhrtah subhe tatah sa-cittah pravaras tatas cendriya-vrttayah
Le verset précédent expliquait qu'il faut honorer les êtres vivants en leur faisant des dons charitables et en les traitant amicalement; le verset à l'étude et ceux qui suivent décrivent différentes catégories d'êtres de façon à ce que nous sachions distinguer ceux avec qui nous devons fraterniser de ceux qui doivent recevoir notre charité. Le tigre, par exemple, est un être vivant, une infime partie du Seigneur Souverain, lequel d'ailleurs vit en son coeur en tant que l'Ame Suprême; mais cela veut-il dire que nous devrions nous montrer amicaux envers les tigres? Certes non. Nous devons agir différemment avec eux, et être charitables en leur offrant du prasada. Les saints hommes qui vivent en grand nombre dans les jungles ne fraternisent pas avec les tigres, mais ils leur donnent du prasada, de la nourriture sanctifiée. Le tigre vient, prend la nourriture puis s'en va, comme le ferait un chien. Suivant la norme des Vedas, les chiens ne doivent pas être admis à l'intérieur de la maison du fait de leur malpropreté; un gentleman ne permettra pas à un chien ou à un chat de pénétrer dans sa demeure, il les dressera plutôt à rester dehors. Le chef de famille compatissant nourrira de prasada les chiens et les chats qui viennent à lui, mais ceux-ci resteront à l'extérieur puis s'en iront. Nous devons traiter les êtres inférieurs avec compassion, mais cela ne signifie pas que nous devons faire preuve envers eux des mêmes égards que nous aurions pour des êtres humains. Le sens de l'égalité doit être présent, mais le traitement réservé à chacun sera différent. Et la façon dont nous devons exercer notre discrimination nous est enseignée dans les six versets qui suivent, en rapport avec les différentes conditions d'existence où se trouvent les êtres. Une première distinction est établie entre la matière inerte, comme la pierre, et les organismes vivants. Notons cependant que même la pierre se trouve parfois animée de vie; l'expérience ne nous montre-t-elle pas que certaines collines et montagnes grandissent parfois? Ceci est dû à la présence de l'âme à l'intérieur de la pierre. La manifestation suivante de la vie correspond au développement de la conscience; puis vient le développement de la perception sensorielle. La section dite moksa-dharma du Mahabharata nous apprend que les arbres ont des sens développés, et qu'il peuvent voir et sentir. Nous savons d'ailleurs par expérience que les arbres peuvent voir, car il arrive parfois qu'ils modifient le cours de leur croissance pour éviter un obstacle quelconque. Ils ont donc une certaine vision, et selon le Mahabharata, ils peuvent également sentir, ce qui indique en eux le développement de la perception sensorielle.
tatrapi sparsa-vedibhyah
pravara rasa-vedinah tebhyo gandha-vidah sresthas tatah sabda-vido varah
Bien que les occidentaux reconnaissent en Darwin l'initiateur de la théorie de l'évolution, il faut savoir que la science de l'anthropologie n'à rien de nouveau. Le processus d'évolution fut révélé bien avant par le Bhagavatam, qui fut écrit il y a cinq mille ans et où l'on trouve consignés les enseignements de Kapila Muni, lequel était présent en ce monde au début de la création. Ce savoir remonte aux temps védiques, et ces différentes phases de l'évolution sont dévoilées dans les Textes védiques. Ainsi la théorie de l'évolution, ou l'anthropologie, n'a rien de neuf pour les Vedas. Nous voyons ici que même parmi les arbres il y a évolution; les différentes sortes d'arbres possèdent le sens du toucher. Il est dit que les poissons sont supérieurs aux arbres, car ils ont développé le sens du goût. Mais les abeilles sont supérieures aux poissons car elles peuvent sentir, et au-delà encore les serpents, car ils peuvent entendre. Même au coeur de la nuit, un serpent peut trouver sa nourriture simplement en suivant les coassements attrayants de la grenouille. Rien qu'en entendant son cri, il décèle sa présence, et c'est ainsi qu'il la capture. On applique d'ailleurs parfois cet exemple aux hommes qui émettent des sons permettant à la mort de se rapprocher d'eux. On peut avoir la langue bien pendue et coasser comme une grenouille, mais cette sorte de vibration sonore ne fait qu'appeler la mort. Le meilleur usage de la langue et du son réside dans le chant ou la récitation du mantra:
rupa-bheda-vidas tatra
tatas cobhayato-datah tesam bahu-padah sresthas catus-padas tato dvi-pat
On dit de certains oiseaux, comme les corbeaux, qu'ils savent distinguer une forme d'une autre. Quant aux êtres dotés de plusieurs pattes, comme la guêpe, ils valent mieux que l'herbe et les diverses plantes, lesquelles n'en ont aucune. Mais supérieurs aux êtres dotés de plusieurs pattes sont les quadrupèdes, et au-dessus d'eux encore se trouve l'être humain, qui n'a que deux jambes.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |