SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 26

Les principes
fondamentaux de
la nature matérielle.

VERSET 66

gudam mrtyur apanena
nodatisthat tada virat
hastav indro balenaiva
nodatisthat tada virat

TRADUCTION

Le deva de la mort pénétra dans Son anus avec le pouvoir d'évacuer, mais ceci ne parvint pas non plus à stimuler le virat-purusa. Le deva Indra pénétra alors dans Ses mains avec le pouvoir de prendre et de lâcher les objets, mais Il ne Se levait toujours pas.

VERSET 67

visnur gatyaiva caranau
nodatisthat tada virat
nadir nadyo lohitena
nodatisthat tada virat

TRADUCTION

Sri Visnu entra dans Ses pieds avec la faculté de Se mouvoir, mais en vain. Les rivières s'introduisirent dans Ses vaisseaux sanguins avec le sang et sa faculté de circuler, mais l'Etre cosmique ne bougeait toujours pas.

VERSET 68

ksut-trdbhyam udaram sindhur
nodatisthat tada virat
hrdayam manasa candro
nodatisthat tada virat

TRADUCTION

L'océan pénétra dans Son ventre avec la faim et la soif, mais l'Etre cosmique refusa même alors de Se lever. Puis le deva de la Lune pénétra dans Son coeur avec le mental, mais toujours en vain.

VERSET 69

buddhya brahmapi hrdayam
nodatisthat tada virat
rudro bhimatya hrdayam
nodatisthat tada virat

TRADUCTION

Brahma pénétra également dans Son coeur avec l'intelligence mais sans réussir davantage à convaincre l'Etre cosmique de Se lever. Et Rudra lui-même vint en Son coeur avec le faux ego, mais sans plus de succès.

VERSET 70

cittena hrdayam caityah
ksetra-jnah pravisad yada
virat tadaiva purusah
salilad udatisthata

TRADUCTION

Cependant, lorsque le maître intérieur, le deva gouvernant la conscience, pénétra dans le coeur avec la raison, à ce moment même l'Etre cosmique Se leva des eaux causales.

VERSET 71

yatha prasuptam purusam
pranendriya-mano-dhiyah
prabhavanti vina yena
notthapayitum ojasa

TRADUCTION

Lorsqu'un homme dort, tous ses pouvoirs matériels -l'énergie vitale, les sens de perception, les sens d'action, le mental et l'intelligence- ne peuvent le réveiller. Seule peut l'y aider l'Ame Suprême.

TENEUR ET PORTEE

Ces versets décrivent en détail la philosophie du sankhya en ce sens que le virat-purusa, ou la forme universelle du Seigneur Suprême, représente la source originelle des divers organes sensoriels et des devas les gouvernant. La relation existant entre le virat-purusa et les devas ou les êtres distincts est si complexe que le virat-purusa ne peut être réveillé par la simple action des organes sensoriels, lesquels se trouvent liés aux devas qui les gouvernent. Ainsi il n'est pas possible de réveiller le virat-purusa ou de raviver notre lien avec Dieu, la Personne Souveraine, à travers des activités matérielles. Seul le service de dévotion et le détachement peuvent nous permettre de nous lier à l'Absolu.

VERSET 72

tam asmin pratyag-atmanam
dhiya yoga-pravrttaya
bhaktya viraktya jnanena
vivicyatmani cintayet

TRADUCTION

Par suite, à travers la dévotion, le détachement et le développement du savoir spirituel acquis en ce concentrant sur le service de dévotion, il faut méditer sur cette Ame Suprême présente en ce même corps bien que simultanément séparée de lui.

TENEUR ET PORTEE

Nous pouvons réaliser la présence en nous de l'Ame Suprême. Celle-ci Se trouve en effet à l'intérieur de notre corps, mais elle demeure indépendante de lui, car elle le transcende. Bien qu'habitant le même corps que l'âme distincte, l'Ame Suprême n'a aucun attachement pour celui-ci, au contraire de l'âme distincte. Il s'agira donc de se détacher de l'enveloppe charnelle par la pratique du service de dévotion. Ce verset stipule clairement qu'il faut servir l'Etre Suprême avec dévotion (bhaktya). Ainsi que l'enseignait le second chapitre du premier Chant du Srimad-Bhagavatam (1.2.7), vasudeve bhagavati bhakti-yogah prayojitah: lorsqu'avec une dévotion parfaitement pure, l'être sert Vasudeva, l'omniprésent Visnu, le Seigneur Souverain, il commence aussitôt à se détacher de l'univers matériel. Or, le but du sankhya consiste précisément à se débarrasser de la souillure matérielle, et ceci n'est possible que par le service de dévotion offert au Seigneur Suprême avec dévotion.

Lorsque l'être est détaché de l'attrait pour la prospérité matérielle, il peut alors véritablement concentrer son mental sur l'Ame Suprême. Tant que le mental se trouve distrait pas la matière, il n'est possible de concentrer ni le mental ni l'intelligence sur Dieu ou sur Sa manifestation partielle, l'Ame Suprême. En d'autres termes, il est impossible de concentrer son mental et son énergie sur l'Etre Suprême à moins d'être détaché de l'univers matériel. Ce n'est qu'après s'être ainsi détaché que l'on peut véritablement acquérir la connaissance spirituelle de la Vérité Absolue. Aussi longtemps que l'on demeure empêtré dans le plaisir des sens, ou la jouissance matérielle, il s'avère impossible de saisir la Vérité Absolue. Ce que confirme la Bhagavad-gita (XVIII.54): l'être affranchi de la souillure matérielle devient heureux et peut alors adopter la pratique du service de dévotion, lequel lui permet d'atteindre à la libération.

Le premier Chant du Srimad-Bhagavatam établit que l'être devient joyeux en pratiquant le service de dévotion. Dans cet état de bonheur, il devient possible de saisir la science de Dieu, ou la Conscience de Krsna; sinon, la chose est impossible. L'étude analytique des éléments de la nature matérielle et la concentration du mental sur l'Ame Suprême représentent l'essence de la philosophie du sankhya. Et la perfection de ce sankhya-yoga culmine dans le service de dévotion offert à la Vérité Absolue.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le vingt-sixième chapitre du troisième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Les principes fondamentaux de la nature matérielle".


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare