SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 14

La grossesse
inopportune de Diti.

VERSET 16

iti tam vira maricah
krpanam bahu-bhasinim
pratyahanunayan vaca
pravrddhananga-kasmalam

TRADUCTION

O héros [Vidura], alors que Diti se trouvait ainsi sous l'emprise de la concupiscence qui l'avait en outre rendue misérable et bavarde, le fils de Marici l'apaisa de ses dignes paroles.

TENEUR ET PORTEE

Lorsqu'un homme ou une femme est envahi par la concupiscence de la chair, il faut bien comprendre qu'il s'agit là d'un désir impur et coupable. Kasyapa était absorbé dans ses activités spirituelles, mais il n'eut pas suffisamment de force pour écarter la requête de son épouse qui paraissait tout affligée. Il aurait pu la repousser par de dures paroles signifiant qu'il lui était impossible d'accéder à ses désirs, mais il n'avait pas la puissance spirituelle de Vidura. Ce dernier est d'ailleurs ici qualifié de héros, car nul ne jouit d'une meilleure maîtrise de soi qu'un dévot du Seigneur. Il apparaît que Kasyapa était déjà lui-même enclin à jouir des plaisirs charnels avec son épouse, et parce qu'il n'était pas très ferme, il ne chercha à la dissuader que par des mots d'apaisement.

VERSET 17

esa te ham vidhasyami
priyam bhiru yad icchasi
tasyah kamam na kah kuryat
siddhis traivargiki yatah

TRADUCTION

O toi si affligée, je satisferai sans délai tout désir cher à ton coeur, car de toi seule procèdent les trois perfections de la libération.

TENEUR ET PORTEE

Les trois perfections de la libération sont la piété, l'acquisition de biens et la satisfaction des sens. L'épouse est considérée comme la source de la libération pour un être conditionné car elle le sert afin que celui-ci parvienne finalement à cette libération. L'existence matérielle, conditionnée, se fonde sur la satisfaction des sens, et si quelqu'un a l'heureuse fortune d'obtenir une bonne épouse, il sera assisté par elle à tous égards. Celui qui est perturbé dans le cours de son existence conditionnée s'enlisera de plus en plus dans la vie matérielle. Une épouse fidèle est censée aider son époux à satisfaire tous ses désirs matériels pour assurer son bien-être et lui permettre de se consacrer librement à des activités spirituelles menant à la perfection de l'existence. Et si l'homme progresse sur la voie spirituelle, son épouse participe indubitablement à ses activités, en sorte que mari et femme s'élèveront ensemble vers la perfection spirituelle. Il s'avère essentiel que garçons et filles soient instruits dans l'art de s'acquitter des devoirs spirituels, de manière à ce que le moment venu d'unir leurs efforts dans le mariage, tous deux en retirent le plein bénéfice. La formation du garçon s'appelle le brahmacarya, et celle de la fille repose sur la chasteté. Ensemble, une épouse fidèle et un brahmacari rompu à la spitualité forment une heureuse combinaison pour le développement de la mission humaine.

VERSET 18

sarvasraman upadaya
svasramena kalatravan
vyasanarnavam atyeti
jala-yanair yatharnavam

TRADUCTION

De même qu'on peut franchir l'océan sur une grande nef, il est possible de traverser la situation périlleuse que représente l'océan de l'existence matérielle en vivant auprès d'une épouse.

TENEUR ET PORTEE

La société compte quatre divisions liées aux étapes de la vie, et leurs membres doivent coopérer dans leur effort pour se libérer de l'existence matérielle. On distingue le brahmacari, ou l'étudiant vertueux, l'homme marié, le retraité et le renonçant; tous dépendent, pour le succès de leur évolution, du chef de famille qui vit auprès de son épouse. Cette coopération s'avère essentielle pour le fonctionnement harmonieux des quatre divisions sociales aussi bien que des quatre étapes de la vie spirituelle. C'est cette institution védique, celle du varnasrama, qu'on connaît généralement sous le nom de "système des castes". Il incombe à l'homme vivant auprès d'une épouse l'importante responsabilité de maintenir les membres des autres varnas -les brahmacaris, les vanaprasthas et les sannyasis. Hormis les grhasthas, ou les chefs de famille, tous les membres de la société sont censés suivre la voie du progrès spirituel, si bien que brahmacaris, vanaprasthas et sannyasis n'ont guère le temps de gagner leur vie. Aussi recueillent-ils l'aumône des grhasthas, et subviennent-ils ainsi à leurs besoins vitaux tout en cultivant la science spirituelle. Et en aidant les membres des trois autres varnas à développer les valeurs spirituelles, les hommes mariés progressent eux aussi dans la voie spirituelle. Grâce à cette institution, tous les membres de la société finissent naturellement par se développer spirituellement, jusqu'à traverser sans peine l'océan de l'ignorance.

VERSET 19

yam ahur atmano hy ardham
sreyas-kamasya manini
yasyam sva-dhuram adhyasya
pumams carati vijvarah

TRADUCTION

O toi si respectueuse, l'épouse est d'un tel secours qu'on la dit représenter la meilleure moitié du corps de l'homme, car elle participe à toutes ses activités propices. L'homme peut se mouvoir librement, sans anxiété aucune, s'il confie à son épouse le soin de ses responsabilités.

TENEUR ET PORTEE

Selon la science védique, l'épouse représente la meilleure moitié du corps de l'homme, car elle est censée s'acquitter de façon responsable de la moitié des devoirs de son mari. Par exemple, l'homme marié a la responsabilité d'accomplir cinq sortes de sacrifices, groupés sous le nom de panca-yajna, de manière à s'affranchir de toutes les formes de réactions relatives aux fautes inévitables qu'il commet dans le cours de ses activités quotidiennes. Lorsqu'un homme se dégrade au niveau des chiens et des chats, il oublie les devoirs qui lui incombent dans le développement des valeurs spirituelles, et il voit alors en son épouse un objet de satisfaction sensorielle. Or, dans cette optique, la beauté corporelle devient le premier facteur d'union, et sitôt que survient un obstacle à la satisfaction sensorielle, il y a rupture, ou divorce. A l'opposé, lorsque mari et femme recherchent le progrès spirituel dans une coopération mutuelle, il n'est plus question de charme physique ou d'interruption des rapports dits affectueux, car l'amour véritable n'existe pas dans l'univers matériel. Le mariage, ainsi que le définissent les Ecritures authentiques, doit en fait être accepté comme un devoir destiné à être accompli dans un esprit de coopération en vue du progrès spirituel. Le mariage s'avère donc essentiel afin d'empêcher l'être de se dégrader au niveau des chiens et des chats, lesquels ne sont nullement destinés à l'illumination spirituelle.

VERSET 20

yam asrityendriyaratin
durjayan itarasramaih
vayam jayema helabhir
dasyun durga-patir yatha

TRADUCTION

De même que le commandant d'un fort repousse sans le moindre mal tout envahisseur, celui qui a trouvé refuge auprès d'une épouse peut vaincre les sens, quand ceux qui appartiennent aux autres divisions de la société ne peuvent les dompter.

TENEUR ET PORTEE

Parmi les représentants des quatre asramas -les étudiants (brahmacaris), les chefs de famille (grhasthas), les retraités (vanaprasthas), et les renonçants (sannyasis)-, les chefs de famille sont les mieux protégés. Les sens sont en effet considérés comme les envahisseurs de la forteresse que représente le corps. Or, l'épouse agit en tant que commandant du fort, et chaque fois que les sens attaquent le corps, c'est elle qui le protège du massacre. Nul ne saurait échapper aux impulsions sexuelles, mais celui qui a une épouse fixe est sauvé des assauts de l'ennemi que représentent ses sens. L'homme qui a une bonne épouse ne trouble pas l'ordre social en corrompant des jeunes filles. Mais l'homme privé de ce refuge stable, au contraire, devient facilement un débauché de la pire espèce et un élément nuisible pour la société, à moins qu'il ne soit un brahmacari, un vanaprastha ou un sannyasi solidement formé. S'il n'a reçu une formation stricte et rigoureuse auprès d'un maître spirituel qualifié, ou s'il manque d'obéir aux instructions de son maître, un prétendu brahmacari ne tardera pas à succomber aux attaques des sens, Il existe déjà tant d'exemples de chutes, même chez d'aussi grands yogis que Visvamitra! Par contre, le grhastha, lui, est sauf grâce à sa fidèle épouse. La vie sexuelle est à l'origine de l'esclavage matériel, de sorte qu'elle est proscrite dans trois asramas, et permise seulement dans le grhastha-asrama. Et c'est le grhastha qui a la responsabilité de former des brahmacaris, des vanaprasthas et des sannyasis de premier ordre.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare