Diverses plantes grimpantes et autres, desséchées pendant les mois d'avril et de mai, revêtent à nouveau tous leurs atours, nourries par leurs racines plongées dans le sol houmide. Ces plantes et lierres sans nombre ressemblent à ces êtres que de rudes austérités visant quelque gain matériel dessèchent, mais qui lorsqu'ils atteignent leur but prennent beaucoup d'embonpoint, engraissés par les plaisirs des sens.

La Bhagavad-gita déclare qu'à la fin de chaque jour de Brahma, les manifestations de la Création universelle s'évanouissent, pour à nouveau reparaître au terme de sa nuit. En cela, la manifestation cosmique, à travers ses états manifesté et non manifesté, ressemble aux plantes et aux lierres qui apparaissent au cours de la saison des pluies pour ensuite disparaître lorsqu'elle prend fin.

Mais lorsque les plantes grimpantes et autres cessent d'être visibles, leurs graines demeurent dans le sol, n'attendant que le contact de l'eau pour fructifier à nouveau. Comme ces graines, les étincelles spirituelles dominées par le désir de jouir de la nature matérielle continuent d'exister dans un état latent après l'annihilation de la manifestation cosmique. Or, lorsque celle-ci réapparaît, tous les être assoupis dans le sein de la nature matérielle émergent à nouveau pour s'absorber dans les plaisirs des sens, et ainsi vivre grassement.

Pour atteindre la libération, il faut être entièrement purifié de toute forme de désir dénaturé. L'être ne peut étouffer en lui le désir ; il est même plus dangereux de chercher à supprimer artificiellement les activités nées du désir que de les accomplir. Tous les désirs doivent être réformés, et axés sur des activités spirituelles. Sinon, ces mêmes désirs se manifesteront de façon répétée sous diverses formes de jouissance matérielle, asservissant ainsi l'être vivant à la matière de façon perpétuelle.