De même que divers changements saisonniers se produisent au cours de l'année, divers âges, ou époques (yougas), se succèdent pendant la durée de la manifestation cosmique. Chacun de ces âges est marqué par l'une ou l'autre des trois influences matérielles : l'époque gouvernée par la Vertu porte le nom de Satya-youga ; celle que domine la Passion constitue le Treta-youga ; celle qui baigne dans un mélange de Passion et d'Ignorance, le Dvapara-youga ; et la dernière, qu'enveloppent l'Ignorance et les ténèbres, le Kali-youga, ou l'âge de la discorde. Le mot kali signifie " querelle ", ou " conflit ", si bien que l'on compare le Kali-youga à la saison des pluies, à cause des nombreuses difficultés qu'on rencontre au cours de cette saison houmide.

Durant le Kali-youga, la société accuse une sérieuse pénurie de guides qualifiés. La nuit, nous pouvons généralement nous orienter en fonction de la Lune et des étoiles. Mais pendant la saison des pluies, seules les faibles lueurs émanant des vers luisants nous éclairent. Dans la vie, la vraie lumière provient du savoir védique, et la Bhagavad-gita affirme que le but des Vedas est de connaître Dieu, l'Être tout-puissant :

" Le but de tous les Vedas est de Me connaître ; en vérité, c'est Moi qui ai composé le Vedanta, et Je suis Celui qui connaît les Vedas. " (B.g., XV.15)

Dans cet âge de discorde, cependant, la question même de l'existence de Dieu soulève des querelles. D'innombrables sociétés, communautés et sectes religieuses, qui pour la plupart cherchent à bannir Dieu de la religion, pullulent au sein de nos civilisations athées. En l'absence du Soleil et des étoiles, les vers luisants cherchent à se mettre en valeur ; et tous les groupuscules qui adhèrent à diverses conceptions religieuses, s'efforçant à qui mieux mieux de briller aux yeux des masses ignorantes, se comparent aisément à eux. Nombreux sont ceux qui s'affublent maintenant du titre d'incarnation de Dieu, et que les gens suivent aveuglément, sans se référer à l'autorité des Écritures védiques. Il n'est pas étonnant que des rivalités constantes opposent les partisans de ces différentes " incarnations ". Le savoir védique doit être reçu d'un maître spirituel appartenant à une filiation ininterrompue, sans aucun écart. En cette ère de discorde où nous vivons, la succession disciplique s'est rompue à plus d'un endroit, de sorte que le Veda est aujourd'hui interprété par des individus non qualifiés, et privés de toute réalisation. C'est ainsi que les soi-disant adeptes des Vedas nient désormais jusqu'à l'existence de Dieu, tels des vers luisants contestant celle de la Lune et des étoiles dans l'obscurité des nuits ennuagées. Les êtres plus sensés ne doivent pas se laisser égarer par des individus aussi peu scrupuleux.

La Bhagavad-gita contient un résumé de toute la connaissance védique, puisqu'elle fut énoncée par Celui-là même qui, de l'intérieur de son cœur, révéla ce savoir à Brahma, le premier être créé de l'univers. Quant au Shrimad-Bhagavatam, il fut tout spécialement énoncé afin de guider les gens qui vivent en cet âge obscurci par le nuage de l'ignorance.