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Dans le contexte de la connaissance védique, le mot "libération" sous-entend quelque chose de plus que d'être libéré des contraintes personnelles, sociales ou politiques. Cela signifie qu'on est libéré - définitivement et totalement - du cycle des morts et des renaissances. En Sanskrit, cet état est appelé moksha ou mukti.

D'après les enseignements védiques, le vrai but de la vie consiste à atteindre cette libération. En effet, nous errons dans ce monde matériel, vie après vie, prenant naissance dans des corps et des espèces différentes, subissant à chaque fois les souffrances inhérentes à la naissance, à la mort, à la maladie et à la vieillesse. Quand nous nous incarnons dans les espèces inférieures, comme les animaux terrestres, aquatiques ou les plantes, nous nous trouvons recouverts d'un voile d'ignorance trop épais pour nous permettre de nous demander pourquoi cela nous arrive-t-il ou pour essayer de nous en libérer. Mais la vie humaine nous offre une intelligence plus élevée et la possibilité de nous interroger pour ainsi nous engager sur le chemin de l'illumination spirituelle et atteindre le but final, la libération. Les maîtres védiques nous enjoignent de nous y engager rapidement, avant que cette vie arrive à son terme pour ne pas gaspiller cette chance.

Certains sages conçoivent la libération comme un dépouillement de l'ego, de son sentiment d'individualité. Selon eux, la souffrance provient du désir; du désir provient l'ego qui à son tour est engendré par l'illusion. C'est ainsi que quand l'illusion disparaît, l'individualité disparaît aussi, en même temps que le désir et la souffrance qui l'accompagnent.

Selon l'enseignement de ces philosophes, après la libération il n'existe plus rien, il n'y a que le vide. Comme une flamme qui s'éteint, le Soi cesse d'exister. Certains autres affirment qu'au moment de la libération le Soi s'unit au Suprême, à Dieu, l'Unique, comme une goutte d'eau qui se fond dans l'océan. Dans les deux cas, le Soi ne conservant plus aucune individualité, les souffrances et le cycle des transmigrations cessent aussi.

Cependant, il existe d'autres sages qui affirment qu'au moment de la libération le Soi continue d'exister mais dans un état de pureté et de liberté. Ces sages nous apprennent que, dans le monde matériel, nous créons un faux Moi qui nous pousse à nous identifier à notre corps matériel. C'est ainsi que nous en venons à nous considérer Américains, Indiens ou Chinois, blancs ou noirs, jeunes ou vieux, etc. Sous l'influence de la matière, nous nous identifions également aux pensées et aux agitations du mental, toutes éphémères. Mais, ces sages nous disent que, en réalité, le Soi possède une identité éternelle qui lui est propre ainsi qu'une forme spirituelle, au-delà du royaume de la matière. Au moment de la libération, on abandonne ce sentiment de faux-ego -situé au-delà du mental et du corps matériel- pour réaliser notre vraie nature spirituelle.

Selon ces sages, c'est le Soi libéré qui peut goûter aux joies du nectar de l'immortalité. La libération sans le Soi individuel est comme un suicide spirituel, nous apprennent-ils: vous avez mis un terme à votre souffrance en effaçant votre vie individuelle.

La littérature védique décrit les deux formes de libération mais prône plus particulièrement celle dans laquelle le Soi individuel continue d'exister, pour goûter à une vie de liberté, d'éternité, de connaissance et de béatitude.

Par Jayadvaita Swami et traduit par Alberto (Suisse)