Jeudi le 5 mars, 2009.
Lumières d'automne.
Illustration 36

À mesure que progresse l'automne, le sol humide et boueux s'assèche peu à peu, et la végétation verdoyante commence à se flétrir, rappelant ainsi la disparition progressive de l'identification au corps et du faux sentiment d'appartenance à la matière.

Le développement progressif de l'esprit humain entraîne la disparition graduelle de l'ego matériel. Recouverte par l'Ignorance, la Passion et la fausse Vertu, l'âme conditionnée se méprend en effet sur son identité réelle, et se croit dès lors suprême. S'identifiant au corps, les liens physiques qui l'unissent à divers objets retiennent toute son attention. Mais lorsqu'elle parvient à développer son esprit, cette identification trompeuse finit par se dissiper, en même temps que la fascination pour la matière. Car, le progrès spirituel entraîne effectivement la désintégration du faux ego et de l'attachement à la matière.

Le but ultime visé par le développement de l'esprit gît dans la réalisation de Dieu et l'abandon à Sa Personne, en pleine conscience de Sa nature omniprésente. Et lorsque l'âme libérée s'abandonne ainsi aux pieds pareils-au-lotus de l'omniprésent Seigneur Suprême, l'océan de l'ignorance devient aussi insignifiant pour elle que l'eau contenue dans l'empreinte du sabot d'un veau. Elle se rend alors éligible à être promue au Royaume spirituel, et perd aussitôt tout lien avec les misérables parages de l'univers matériel. Le développement de l'esprit humain ne consiste donc pas simplement à rectifier les anomalies inhérentes à l'existence matérielle. Il s'agit plutôt de se préparer à être promu au Royaume spirituel. Personne ne peut écarter les souffrances matérielles ; le développement spirituel peut cependant nous élever au-delà d'une existence aussi misérable. On peut ici prendre l'exemple d'une noix de coco complètement desséchée, dont la pulpe se sépare automatiquement de l'écorce extérieure. Selon le même ordre d'idées, les deux enveloppes matérielles que sont le corps grossier et le corps subtil se séparent alors automatiquement de l'âme, qui peut ainsi continuer à évoluer sur le plan spirituel, bien qu'elle semble encore prisonnière du corps. Cet affranchissement du faux ego constitue ce qu'on appelle la libération de l'âme.