BHAGAVAD-GITA  CHAPITRE 5 - VERSET 2

TRADUCTION

Le Seigneur bienheureux dit:
Le renoncement aux actes et l'acte dévotieux mènent chacun à la libération, mais plus haut est l'acte dévotieux.

TENEUR ET PORTEE

L'action intéressée, accomplie en vue du plaisir des sens, enchaîne son auteur à la matière. Aussi longtemps qu'on agit pour simplement améliorer ses conditions de vie matérielle, on devra transmigrer de corps en corps, perpétuellement captif du monde de la matière. Ce que confirme le Srimad Bhagavatam:

    "L'homme est avide de plaisirs matériels, ignorant que son corps est précisément le fruit des actions intéressées qu'il a pu accomplir dans le passé, que cette enveloppe charnelle, temporaire, ne peut qu'apporter des souffrances constantes. A quoi bon, dès lors, agir en vue du seul plaisir? De plus, la vie de quiconque ne s'enquiert pas de la voie à suivre pour dépasser l'action intéressée demeure vaine, car tant qu'il restera absorbé dans la seule conscience du plaisir, il restera également prisonnier du cycle des morts et des renaissances. Même avec un mental enlisé dans l'ignorance et pénétré de désir pour les fruits de l'acte, il faut apprendre à aimer servir Vasudeva, le Seigneur, avec dévotion. Alors seulement pourra-t-on trancher les liens de l'existence matérielle. "

Il ne suffit donc pas, pour atteindre la libération, d'être un jnani, de connaître son identité spirituelle, de savoir l'âme distincte du corps: il faut agir en conséquence, seul moyen de briser les chaînes qui nous gardent prisonniers de la matière. Car, l'action accomplie dans la conscience de Krsna ne ressemble pas à l'action matérielle, intéressée; elle permet d'avancer vers la connaissance pure. Le simple fait de renoncer aux actes matériels, sans toutefois s'engager dans la conscience de Krsna, ne suffit pas vraiment à débarrasser le cœur de toutes ses taches; et tant qu'il garde quelque impureté, il est impossible de ne pas s'adonner à l'action intéressée. Seule l'action faite dans la conscience de Krsna libère aussitôt l'âme des chaînes du karma et l'empêche d'être à nouveau prise en des activités matérielles. D'où la supériorité de l'action accomplie dans la conscience de Krsna sur le simple renoncement, lequel comporte toujours un risque de chute et, par conséquent, demeure incomplet. Ce que confirme Srila Rupa Gosvami dans son Bhaktirasamrta-sindhu:

    "Imparfait est le renoncement de qui désire se libérer de choses qui, même matérielles, sont reliées à Dieu, la Personne Suprême".

On ne goûte le parfait renoncement qu'avec la conscience que tout appartient à Dieu et que nul ne peut donc se dire propriétaire de quoi que ce soit. Aussi, comment pourrait-on renoncer à ce qui ne nous appartient pas? Celui qui reconnaît Krsna comme le possesseur suprême, celui-là, fait preuve d'un renoncement total. Tout appartenant à Krsna, tout doit être utilisé à Son service. Ce genre d'action, accomplie dans la conscience de Krsna, est parfaite, de loin supérieure au faux renoncement de tous les sannyasis mayavadis.