Les lois d'un Etat quel qu'il soit ne sont que d'imparfaites imitations des préceptes religieux; séculier, ou séparé de Dieu, l'Etat permet aux citoyens d'enfreindre les lois divines, mais leur enjoint strictement d'obéir aux siennes. Or le peuple souffre davantage s'il néglige les lois de Dieu et n'observe que les lois humaines. Car imparfait par nature, sous quelque forme de conditionnement matériel qu'il se trouve, l'homme, même le plus évolué, ne peut créer qu'une législation imparfaite. Les lois de Dieu, elles, ne comportent nulle imperfection, et s'ils en sont instruits, quel besoin les hommes ont-ils d'une législation relative, créée par des politiciens d'expédient, égarés en tous points. Les lois humaines doivent toujours être modifiées, révisées, mais non celles de Dieu, puisque issues de l'être qui possède la perfection suprême.

Les lois scripturaires sont établies par des âmes libérées, des purs représentants de Dieu, en regard des diverses conditions propres à chaque être; l'adhésion à ces lois, issues du Seigneur, amène peu à peu l'âme conditionnée à s'affranchir des griffes de l'existence matérielle. Néanmoins, chacun est, par sa nature profonde, un serviteur éternel du Seigneur Suprême. Ainsi peut-il, à l'état libéré, servir le Seigneur dans un sentiment d'amour purement spirituel, et jouir ainsi d'une existence de parfaite liberté, parfois même dans une position égale, voire supérieure à celle du Seigneur. A l'état conditionné, au contraire, dans l'univers matériel, sous l'illusion de maya, chacun désire dominer tous les autres êtres -esprit de domination qui prolonge et alourdit son conditionnement, jusqu'au jour où il s'abandonne au Seigneur et retrouve auprès de Lui sa condition première de serviteur éternel. Tel est le mot de la fin de la Bhagavad-gita et de toutes les autres Ecritures révélées du monde.

Tiré du Srimad-Bhagavatam.