Le corps matériel, éphémère, nous est certes étranger. La Bhagavad-gita établit clairement que l'être survit à la destruction du corps matériel et qu'il ne perd jamais son identité propre, ce qu'appuie le dix-septième mantra de la Sri Isopanisad.

A l'instant de la mort, l'âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu'elle est passée, dans le précédent, de l'enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Ce changement ne trouble pas qui a conscience de sa nature spirituelle.
(Gita 2.13)

L'âme est indestructible, éternelle et sans mesure; seuls les corps matériels qu'elle emprunte sont sujets à la destruction.
(Gita 2.18)

Celui qui siège dans le corps, ô descendant de Bharata, est éternel, il ne peut jamais être tué.
(Gita 2.30)

Que ce corps éphémère soit réduit en cendres et que son souffle vital se fonde dans la totalité de l'air.
Isopanisad: XVII

Il faut comprendre que l'âme n'est jamais impersonnelle ou dépourvue de forme, comme le prétendent parfois certains ignorants; c'est au contraire, le corps matériel qui n'a pas de forme en soi. Le corps éphémère est tout entier sous la dépendance de l'âme immortelle qui l'habite, et il doit prendre la forme que celle-ci lui impose par ses désirs.

La nature matérielle façonne les corps selon les désirs de chaque être vivant avec un art et un raffinement sans égal. En ce monde, la nature nous force à transmigrer d'un corps à l'autre selon nos désirs matériels. Chaque être, du microbe au parfait deva, possède un corps en conformité avec ses désirs. Les divers corps traduisent les actes coupables ou vertueux de l'être.

Le désir de dominer est le mal dont souffre l'être conditionné; fasciné par les plaisirs de ce monde, il est contraint d'accepter différents corps matériels. La Bhagavad-gita précise que le mental emporte avec lui les tendances de l'être qui va mourir, si bien que l'état d'esprit au moment même de la mort détermine les conditions dans lesquelles on renaîtra.

L'homme sur le point de mourir se souvient, comme dans un rêve, de tout ce qu'il a fait durant sa vie; ces souvenirs éveillent en lui d'innombrables désirs matériels qui l'empêchent de retrouver sa forme spirituelle originelle et d'ainsi retourner dans sa première demeure, le monde spirituel.

Si nous fabriquons une statuette, il nous faudra utiliser de la terre, la mélanger à de l'eau et utiliser le feu afin qu'elle garde sa forme. Le corps humain est composé des même ingrédients. Il est vivant parce que l'âme l'habite. Le jour où celle-ci le quittera, le corps retournera à ces éléments. Le corps est composé d'éléments inertes, il est mort en lui-même. Ce qui le fait bouger est l'âme qui l'habite.

La conscience de Krsna affirme non seulement que l'âme existe, mais encore qu'elle a une forme. En ce monde, la forme originelle de l'âme se manifeste de façon imparfaite dans différents corps matériels. Il est expliqué que le corps est fait de matière inerte, et que seule la présence de l'âme l'anime et provoque son développement. L'âme anime le corps et est pourvue d'une forme et aussi de sens. Pour aider à mieux comprendre, le corps matériel est parfois comparé à un vêtement qui épouse la forme du corps. Parce que le corps a des bras et des jambes, le vêtement a lui aussi des manches et des jambes. De la même façon, parce que l'âme a des sens, le corps matériel possède lui aussi des sens. Lorsque l'âme quitte le corps, le corps matériel perd ses pouvoirs de perception, et sa forme se désagrège. C'est donc l'âme qui a des sens et par conséquent une forme. Le corps composé de terre, eau, feu, perd sa forme et ses sens au moment de la mort. Il finira en cendres, en poussières ou en excréments, pendant que l'âme ira habiter un autre corps avec sa forme et ses sens.

En fait, ce corps est une motte de terre modelé par vos désirs qui a pris une forme et des sens en la présence de l'âme. Comme une motte de terre qui deviendra une statuette dans les mains habiles du modeleur, le corps matériel prendra la forme selon les désirs de l'être que façonnera la nature matérielle.

Cessons de nous préoccuper de ce corps car il retournera à la terre, mais prenons soin de la personne vivant à l'intérieur, car elle est éternelle.

Écrit et compilé par Aprakrita dasa.