Selon les informations compilées par le ministère de l'Agriculture des Etats-Unis, plus de 90% de tout le grain produit en Amérique sert à nourrir le bétail -les vaches, les porcs, les agneaux et les poulets- qui se retrouve sur la table de nos salles à manger. Pourtant, le procédé qui consiste à utiliser le grain en vue de produire de la viande est très coûteux. Voici un exemple: le département de recherches économiques du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis a calculé que seize livres de grain nous donnent une seule livre de boeuf.

Lors d'une entrevue télévisée, France Moore Lappé, experte en alimentation et auteur du best-seller Diet for a Small Planet, compare un steak à une Cadillac. "Tout comme la Cadillac est une grande dévoreuse d'essence, commente-t-elle, se nourrir de viande implique une très forte consommation de grains."

Dans son livre intitulé Proteins: Their Chemistry and polities, le docteur Aaron Altshul constate qu'en termes de calories par acre, un régime composé de céréales, de légumes et de fèves ferait vivre vingt fois plus de personnes qu'un régime carné. A l'heure actuelle, la moitié environ des récoltes en Amérique sert à nourrir les animaux. Si les sols cultivables de la Terre étaient principalement utilisés pour la production d'aliments végétaux, notre planète pourrait aisément subvenir aux besoins d'une population de plus de vingt milliards d'êtres humains!

De telles données ont amené les experts en alimentation à souligner que le problème de la faim dans le monde n'est, dans une large mesure, que chimères. A l'heure actuelle, nous produisons assez de nourriture pour subvenir aux besoins de tous les habitants de la planète; hélas, la distribution de ces vivres laisse beaucoup à désirer. Dans un rapport soumis au Congrès mondial des Nations unies sur l'alimentation (Rome, 1974), René Dumont - économiste agronome de l'Institut national de l'Agriculture de France - exprima cet avis. "La surconsommation de viande par les riches engendre la famine chez les pauvres. Cette forme peu rentable d'agriculture doit changer - en supprimant les étables où l'on engraisse les boeufs avec du grain, voire en réduisant massivement le nombre de boeufs de boucherie."

Dans son best-seller the Eco-Spasm Report, le futurologue Alvin Toffler proposait un espoir positif quant à la crise alimentaire qui sévit dans le monde. Il anticipait "l'apparition d'un mouvement spirituel en Occident qui restreindrait la consommation de boeuf, sauvant ainsi des milliards de tonnes de grains et procurant un meilleur régime alimentaire au monde entier".

Tiré du livre: "Le goût supérieur.