Nombre d'hommes d'affaires.
Nous voyons sur notre planète nombre d'hommes d'affaires, de politiciens et autres dont l'unique intérêt s'attache au bonheur matériel. Ils cherchent à gagner de l'argent par tous les moyens, sans prendre en considération la nature vertueuse ou impie des voies qu'ils adoptent pour arriver à leurs fins. Tels sont les karmīs, les bas matérialistes. Parmi eux se trouvent des vikarmīs, qui agissent sans l'appui du savoir védique. Quant à ceux qui basent leurs actes sur le savoir védique, s'ils accomplissent des sacrifices pour la satisfaction de Śrī Viṣṇu, c'est qu'ils espèrent ainsi obtenir de Lui divers bienfaits. Ainsi gagnent-ils de s'élever jusqu'aux planètes supérieures. Ils dépassent les vikarmīs en ce qu'ils ont foi en les enseignements des Vedas, et pour cela deviennent chers à Kṛṣṇa. Kṛṣṇa proclame dans la Bhagavad-gītā (4.11): ye yathā māṁ prapadyante tāṁs tathaiva bhajāmy aham, «Selon qu'ils s'abandonnent à Moi, en proportion Je les récompense.» (B.g., IV.11) Kṛṣṇa est si bon qu'Il Se rend aux désirs de tous, karmīs ou jñānīs, pour ne rien dire des bhaktas. Mais les karmīs promus aux planètes supérieures devront, après la mort, revêtir de nouveaux corps matériels, et ce, aussi long- temps qu'ils demeureront attachés aux actes intéressés. Si les agissements d'un être sont empreints de piété, il pourra obtenir un corps de deva sur les planètes supérieures, ou atteindre une position lui permettant de jouir d'un plus grand bonheur matériel. A l'opposé, ceux qui s'adonnent à des actes impies se dégradent au point de renaître en des corps de bêtes, d'arbres ou de plantes. Négligeant les directives des Vedas, ces vikarmīs n'attirent évidemment pas sur eux l'estime des sages. Le Śrīmad-Bhāgavatam (5.5.4) enseigne:
yad indriya-prītaya āpṛṇoti
na sādhu manye yata ātmano 'yam
asann api kleśada āsa dehaḥ
«Les matérialistes, peinant sans cesse comme les chiens et les porcs en vue de jouir de leurs sens, souffrent à vrai dire d'une totale insanité; pour ces plaisirs, ils passent toute leur vie à accomplir toutes sortes d'actes abominables. Or, les actes matériels ne sont pas dignes d'un homme intelligent, car ils conduisent l'être à revêtir un nouveau corps de matière, source intarissable de souffrances.» (S.B., 5.5.4)
Le but de la vie humaine consiste plutôt à s'affranchir des trois formes de souffrance, propres à l'existence matérielle. Par malheur, les karmīs sont rendus fous par le désir de s'enrichir et de se procurer des commodités matérielles, pourtant temporaires, par tous les moyens; ils courent ainsi le risque de choir parmi les espèces inférieures. Dans leur sottise, ces matérialistes échafaudent d'innombrables projets en vue d'atteindre au bonheur en ce monde. Pas un seul instant ils ne considèrent qu'ils ne vivront qu'un nombre restreint d'années, dont il consacrent la plupart à grossir leur fortune en vue d'accroître le plaisir des sens, s'engageant en un chemin qui les conduira à la mort. Et ils ne réalisent en rien qu'après avoir quitté leur corps, il devront peut-être en reprendre un autre, de bête, d'arbre ou de plante. Ils vont ainsi, par leurs actes, contre le but réel de l'existence. Non seulement ils naissent dans l'ignorance, mais ils agissent dans l'ignorance, croyant retirer de leurs actes divers bienfaits d'ordre matériel —palaces, grosses voitures, postes honorifiques, etc. Il leur échappe que leur prochaine vie les verra déchus, . tombés de leur position, et que tous leurs actes n'auront contribué qu'à leur perte (parābhava). Tel est le verdict du Śrīmad-Bhāgavatam (5.5.5): parābhavas tāvad abodha jātaḥ.
(L'Upadesamrita capitre 10)