Un disciple: Certains savants avancent que chaque corps abriterait plusieurs âmes, et ils donnent pour exemple le cas du ver de terre: si on le coupe en deux, les deux parties continuent de vivre. Pour eux, ce phénomène constitue la preuve que le corps du ver abrite deux âmes.

Srila Prabhupada: Non, c'est simplement qu'une nouvelle âme est venue occuper l'autre moitié de son corps.

Dr. Singh: L'âme spirituelle doit-elle nécessairement avoir un corps, fût-il spirituel ou matériel?

Srila Prabhupada: L'âme a déjà un corps spirituel, et le corps matériel vient recouvrir ce dernier. Mon véritable corps est donc spirituel, et tous les corps que je revêts successivement s'opposent à ma nature réelle qui est d'être le serviteur de Krsna. Tant que je n'assume pas ce rôle, je demeure esclave de la matière, et selon les lois rigoureuses de l'énergie matérielle, je dois revêtir, l'un après l'autre, de nombreux corps de matière qui répondent, chaque fois, à mes nouveaux désirs. Bien que les êtres conditionnés s'imaginent être les seuls maîtres de leur destin, ils se trouvent assujettis à chaque instant à la loi du karma:

 

prakrteh kriyamanani
gunaih karmani sarvasah
ahankara-vimudhatma
kartaham iti manyate
 

"Sous l'influence des trois gunas, l'âme égarée croit être l'auteur de ses actes alors qu'en réalité, ils sont accomplis par la nature." (B.g., 3.27) Cet égarement vient de ce que l'être vivant pense être le corps. Or, dans la Bhagavad-gita (18.61), Krsna enseigne également:

 

isvarah sarva-bhutanam
hrd-dese 'rjuna tisthati
bhramayan sarva-bhutani
yantrarudhani mayaya
 

"Le Seigneur Suprême Se tient dans le cœur de tous les êtres, ô Arjuna, et dirige leurs errances à tous, chacun se trouvant comme sur une machine constituée d'énergie matérielle." (B.g., 18.61)

Dans ce verset, le mot yantra, signifiant "machine", indique que les différents corps qui nous sont attribués par la nature matérielle sont tels des machines nous servant de véhicules. Tantôt nous nous élevons vers les espèces supérieures, tantôt nous nous dégradons. Mais l'être qui, par la miséricorde du maître spirituel et de Krsna, reçoit la semence du service de dévotion et la cultive, peut échapper au cycle des morts et des renaissances, et voir ainsi son existence couronnée de succès. Faute de quoi, il devra monter et descendre sans fin l'échelle des diverses formes de vie, revêtant parfois le corps d'un brin d'herbe, parfois celui d'un lion...

Puisé dans le livre: "La vie vient de la vie". (Neuvième entretien)